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  • : Histoires d'un scaphandrier or the Stories of a Commercial Diver
  • : Plongeur-Scaphandrier durant de très très nombreuses années, j'en ai vécu des choses sous eau et ailleurs. POUR VOIR TOUT LES ARTICLES PUBLIES ALLEZ AU BAS DE LA PAGE ET CLIQUER SUR TOP ARTICLES. TO SEE ALL THE STORIES GO AT THE BOTTOM OF THE PAGE AND CLIC ON TOP ARTICLES
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19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 21:07
glomarIII

 A peine une semaine après être rentré de mon premier chantier, ne voila-t-il pas que mon boss Michel me téléphone pour me dire que je dois repartir sur JB4.

-         Comment ça je dois repartir lui dis-je, ce n’est pas ça qui a été convenu entre nous.

Tu m’avais dis un mois de travail égal deux semaines de récup à la maison, et la cela fait à peine une petite semaine que je suis rentré.

Je ne suis pas d’accord et ma femme encore moins, je ne bouge pas avant une semaine.

Michel n’avait pas l’air trop content car il me dit simplement « tant pis » puis raccrocha.

Ca y est cela commence bien pensais-je, j’espère qu’il ne va pas me punir et me laisser quelques semaines à la maison.

Mais il n’y avait pas de crainte à avoir car à cette époque là, l’offshore était en plein boum et la demande pour des plongeurs était telle que les entreprises n’hésitaient pas à y envoyer n’importe qui, pourvu que le gars avait déjà mis la tête sous eau et c’était bon.

Résultat, le 12 février au matin, je reçu à nouveau un coup de fil de Fladas.

-         Salut Francis, c’est Michel.

Ca va t’as passer de bonne récup ?

Puis d’emblée il me demanda si je me débrouillais en Anglais.

J’avais au cours de mon service militaire, dix ans plus tôt beaucoup pratiqué les petites anglaises qui venaient s’amuser à Ostende et à l’époque je n’avais pas trop de difficulté dans cette langue.

Mais depuis, les circonstances avaient fait que je ne l’avais plus utilisé jusqu’au jour ou j’avais été contacté la première fois par Fladas pour partir en offshore.

Depuis, je m’y étais remis intensément et grâce à Assimil, je pus lui répondre :

-         Oui ça va, je me défends, pourquoi ?

-         Dans ce cas, j’ai un chantier pour toi en Espagne, sur un chantier d’assistance forage

où il y a une équipe de plongeurs à bord, mais aucun d’eux ne parle correctement anglais, et le client commence à faire la gueule.

-         Donc si tu veux tu pars demain matin.

Résultat, le jour suivant je me retrouvais à l’aéroport de Barcelone où je fus pris en charge par une charmante jeune fille qui travaillait pour le représentant local du client.

Elle me conduisit jusqu’à un hôtel situé sur la Rambla et en me quittant me donna rendez-vous pour le lendemain matin.

Le soir, je partis à la recherche d’un bon petit restaurant et très rapidement, découvris que cette ville était très agréable.

barcelone
Le lendemain, à neuf heures tapant, Dolorès vint se garer devant l’hôtel, puis à grand coup de klaxon, m’emmena rapidement jusqu’au port.

Là, le Smit Lloyd, remorqueur hollandais attendait le personnel qui devait relever une partie de l’équipage de la barge.

Le tonton du bateau était hollandais et comme je maîtrisais parfaitement cette langue, le contact fut assez facile et très rapidement j’eus droit à un petit traitement de faveur durant les deux petites heures que dura le voyage.

Vers treize heures, le GLOMAR V était en vue.

4 Le Glomar V article
C’était un navire de forage au centre duquel trônait un grand derrick métallique.

Une fois à bord, je fis connaissance avec l’équipe que je venais renforcer.

Il y avait là, Raphaël B, le chef d’équipe ainsi que trois jeunes plongeurs dont j’ai malheureusement oubliés les noms.

-         Salut, me dit le chef d’équipe, c’est vrai que tu parles anglais ?

-         Euh ouais, je me débrouille.

-         Ouf, on va enfin pouvoir comprendre ce qu’ils nous demandent de faire.

Comme je n’avais pas encore dîné, l’équipe m’invita à la suivre au mess.

Dans la file qui faisait la queue pour se faire servir ainsi qu’autour des tables rien que des Drillers, des Rough-Necks et des Roustabouts  américains qui s’expriment bruyamment.

Une fois servi, je m’installai avec mes nouveaux collègues à une des tables encore libres et commençai à manger.

Beurk, qu’est-ce que c’est ce goût bizarre.

Immédiatement, je saisi mon verre de jus de fruit artificiel et tentai de me rincer la bouche.

Mais, pouah, le goût de ma boisson avait également cette saveur extrêmement désagréable.

-         C’est quoi ça demandais-je ?

-         Ah ça, me répondit Raphaël en souriant, c’est du gasoil.

Il y a quelques jours, lors du ravitaillement ces imbéciles se sont gourés et ils ont commencé à remplir les cuves à eau, avec du mazout.

Une fois, qu’ils se sont rendus compte de leur erreur, ils ont rincés les cuves plusieurs fois mais rien n’y fait, tout ce qu’on avale pue à mort.

Même l’eau des douches sent comme ça.

En plus, t’as pas de chance car ici on ne peut même pas avoir des boissons en bouteille, tout vient des cales.

Charmant pensais-je, et dire que je vais devoir subir cela pendant un mois.

Puis Alain, l’un des plongeurs ajouta :

-         pour les aliments, tu n’as qu’à épicer abondamment, et pour l’eau tu y ajoutes beaucoup de sucre, tu verras cela cache un peu le goût.

Je suivi son conseil mais le résultat n’était pas fort convaincant.

Après ce premier repas de merde, on me montra où l’équipe avait ses quartiers.

Là non plus, je n’étais pas gâté.

Les Américains avait parqué les plongeurs en fond de cale dans un petit réduit situé près des machines qui n’arrêtaient jamais de tourner.

Là, dans ce qu’ils osaient appeler une cabine, ils avaient installer quatre lits qu’ils avaient probablement récupérer dans l’une ou l’autre décharge.

Franchement, à part le chef d’équipe qui était un peu mieux logé que nous, ce n’était pas la joie.

Il est évident que les ricains ne nous avaient pas à la bonne.

De plus, cela n’allait pas s’arranger avec mon arrivée à bord car malheureusement dans mon genre, je n’étais pas le dernier à faire des conneries.

En effet, le lendemain de mon arrivée j’avais remarqué qu’il y avait dans le mess une machine à faire des toasts.

Contrairement aux machines classiques que je connaissais, celle-ci était rotative et permettait de rôtir en continu bon nombre de tranches de pain.

Pour cela, il suffisait de mettre la tranche de pain sur un support vertical où elle était maintenue en place par un petit clip.

La marchandise suivait ensuite le convoi des autres tranches, passait par-dessus la machine puis piquait vers l’arrière où se trouvait le grill électrique, ensuite, quelques dizaines de secondes plus tard repassait sur la face avant où on pouvait la récupérer bien rôtie.

Pendant deux à trois minutes, j’étudiai cette machine et me dis que grâce à elle j’allais pouvoir me faire un délicieux croque-monsieur.

Ni une ni deux, je me prépare le dit sandwich avec une double tranche de fromage et jambon que je beurre copieusement sur les deux faces extérieures et le place délicatement sur la rôtissoire.

Ca y, mon double toast est parti et vient juste de passer sur la face invisible du grille-pain.

Déjà j’ai les babines qui mouillent à l’idée du festin qui m’attend.

J’attends. Bizarre, le toast du gars qui était derrière moi vient d’arriver et pas le mien.

Comme il ne pouvait pas passer devant le mien, je me dis que j’ai certainement mal compté.

Pourtant, je ne me sens pas très à l’aise.

J’ai l’impression que quelque chose a foiré dans la manœuvre car une étrange odeur de brûlé ainsi que de la fumée commence à sortir du toaster.

Merde que faire ? Par réflexe, je tire la fiche de la prise électrique, mais c’est trop tard, le mal est fait.

La machine n’a pas supporté le poids de mon énorme croque-monsieur qui en basculant sur la face arrière c’est détaché de son support et s’est coincé contre le grill chauffé au rouge.

La fumée dans le mess devient de plus en plus importante et les quelques personnes qui y déjeunent commencent à me gueuler dessus.

C’est maintenant au tour du cuistot de venir voir ce qu’il peut faire.

Pas grand-chose si ce n’est de faire tomber les tranches bloquées à l’aide d’un long ustensile de cuisine.

Bang, la porte du mess, s’ouvre avec un grand fracas et un gars super baraqué entre en gueulant.

C’est le Tool Pusher.

Moi j’ai compris que cela va être ma fête et j’essaie de me faire tout petit.

Le gars commence à m’invectiver dans un jargon dont je ne comprenais que dalle à l’exception des derniers mots qui étaient YOU STUPID FROGGIE, NEXT TIME YOU GO ! AND NOW EVERYBODY OUT OF HERE !

Résultat, tout le monde dehors pendant qu’on aérait la salle.

Inutile de dire que cet incident n’améliora pas les relations entre la France et l’Amérique.

En ce qui concerne le boulot, nous étions ici sur un bateau de forage et mon début de séjour à bord, coïncida à quelques jours près, au forage d’un nouveau trou et dès lors je pouvais suivre les diverses phases de travail qui devaient progressivement emmener le trépan de forage jusqu’à une éventuelle poche de brut ou de gaz.

Pour l’heure, on venait d’installer la plaque de base temporaire  et un forage était en cours pour foncer le tubage de 30 pouces.

Sur un navire de forage, tous ces travaux se font sans plongeurs et le rôle de l’équipe se bornait à attendre un éventuel incident sur la tête de puit.

Pourtant, au cours des jours suivants, ou plutôt des nuits suivantes nous fûmes sollicités à maintes reprises par le Tool Pusher qui adorait nous envoyer faire des plongées d’observation avec la tourelle afin de vérifier la bonne mise en place des divers équipements.

En principe, ces plongées n’étaient pas vraiment nécessaires car la tête de puits était équipée d’une caméra sous-marine qui permettait de surveiller en permanence l’installation.

Mais bon, il fallait probablement que le client en ait pour son argent, résultat les plongeurs à l’eau.

Moi, à part le fait de devoir me lever sur le coup des deux heures du matin, cela me plaisait assez ce genre de plongée en pression atmosphérique car au fond de la méditerranée, j’avais l’impression d’être au beau milieu d’un aquarium dans lequel évoluait une multitude de poissons attirés par les projecteurs de notre tourelle.

à suivre

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19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 20:06

 Puis finalement à cause d’un coup de mauvais temps une première série de problèmes apparut sur la tête de puits quelques jours plus tard.

Premièrement, l’un des quatre câbles guides servant à aligner les équipements lors de leur translation verticale s’était rompu.

Deuxièmement, les câbles guides de la caméra sous-marine s’étaient emmêlé autour du stack des blowout preventers.

Troisièmement un joint sur la kill line était fuyant.

Résultat, le Tool Pusher nous fit un briefing sur ce qu’il y avait à faire au fond, puis nous demanda de plonger au plus vite pour remettre tout cela en ordre.

Comme je n’avais encore jamais réalisé ce type d’intervention, j’insistai auprès du chef d’équipe pour faire cette plongée.

-         Ok, me dit Raphaël qui aussitôt ajouta:

-         Et surtout, ne traînes pas car ici on n’est pas en saturation et chaque minute passée au fond  va allonger votre temps de décompression.

-         Pas de problème, j’essayerai de faire au plus vite.

Puis après ce court briefing, mon bellman et moi allions nous équiper en vitesse.

Nos vêtements de plongée étaient de vieux Dunlop en toile caoutchoutée, identique à ceux que j’avais utilisé à l’armée.
 

Papy One (162)-copie-1
Il fallait y rentrer par le cou, puis une fois entièrement enfilée, l’étanchéité était ensuite assurée par une fine feuille anglaise.

Quant à l’équipement de tête, c’était le MK1, un des premiers  masques faciaux fabriqués par la Comex. Tout noir et équipé d’une glace amovible.

Quinze minutes plus tard, nous étions tous deux dans la tourelle, prêts à être descendus.

-         Les gars vous êtes prêts ?

-         Ok surface on est paré, c’est quant vous voulez.

Lentement, le treuil du portique se mit en branle et souleva la tourelle ce qui nous permit de fermer la porte inférieure.

Une fois celle-ci sécurisée, le portique repris lentement son basculement pour nous emmener au-dessus de l’eau.

-         Ok les gars, je commence à vous descendre, vérifiez bien l’étanchéité de la porte !
 

Papy One (109)
Après quelques mètres de descente François annonça :

-         C’est bon pour la porte.

Pendant que mon collègue surveille le manomètre de la pression extérieure, je regarde par un des hublots au travers duquel je peux maintenant parfaitement distinguer les six câbles d’acier qui plongent vers le fond.

Quelques dizaines de secondes plus tard, François fait stopper la descente à la profondeur de 80 mètres.

L’eau est super claire et nous pouvons parfaitement voir la tête de puits qui se trouve à une douzaine de mètres de la tourelle.

En surface, Raphaël me demande si j’ai repéré le câble à changer ?

-         Affirmatif, je le vois bien, l’extrémité du câble est à environ deux mètres au-dessus de

la colonne guide.

-         Bon dans ce cas, tu peux t’équiper, tout est prêt en surface.

Une dernière fois, je teste mes oreilles par une manœuvre de Valsalva afin de m’assurer qu’elles passent bien, puis je me laisse équiper par mon bellman qui dans l’ordre me met le biberon secours, la ceinture de plomb, les palmes, les gants et finalement masque facial sans la vitre.

Une chose m’inquiète un peu, mon vêtement de plongée n’a ni inflateur, ni de soupape de purge. Résultat, j’espère que la ceinture de plomb aura le lestage adéquat.

-         T’inquiète pas, me rassure mon équipier c’est juste ce qu’il faut, ni trop, ni trop peu.

Ca y est, je suis prêt.

Raphaël me rappelle de mettre trois doigts dans une manchette afin d’éviter le plaquage de mon costume, mais aussi de commencer à équilibrer mes oreilles dès le début de la compression.

-         Ok bellman quant tu veux !

-         Ok j’y vais, cinq, quatre, trois, deux, un, c’est parti !

François a ouvert la vanne de pressurisation haute pression à fond.

Immédiatement l’air ambiant commence à être remplacé par un mélange d’héliox 16/84.

Le vacarme dans la tourelle est assourdissant.

Déjà je ressens les effets de la pression sur mes tympans et aussitôt commence à insuffler fortement de l’air dans mes narines.

Très rapidement aussi, sous l’effet de la pressurisation, la température dans la tourelle commence à monter.

Fichtre, jamais je ne suis descendu aussi rapidement.

La vitesse de compression ne doit pas être loin des soixante mètres par minute et je n’arrête pas d’équilibrer.

Subitement, François me frappe sur l’épaule.

Je relève la tête et il m’indique le manomètre de pression intérieure qui vient de dépasser les septante mètres, puis la porte inférieure.

J’ai compris, la porte va bientôt s’ouvrir.

J’ai intérêt à ne pas m’appuyer dessus, sinon,  je risque de tomber à l’eau.

Quatre-vingt mètres, ça y est, la porte bascule tout d’un coup vers l’extérieur sous l’effet de l’équi-pression.

François, referme aussitôt la vanne HP et me demande ensuite avec une voix de Donald Duck si je vais bien.

J’ai l’impression d’être dans un sauna tellement il fait chaud.

On doit allègrement dépasser les 50°, mais à part le fait d’être maintenant entièrement trempé de sueur, je constate que j’ai encore les idées claires et lui fait un signe ok de la main tout en lui disant qu’il peut me mettre la glace sur le facial.

-         Surface, est-ce que tu me reçois ?

-         Fort et clair Francis.

-         Ok, je suis prêt à sortir.

-         C’est bon tu peux y aller.

Lentement, je me laisse glisser dans l’écoutille de la tourelle.

Aussitôt, je suis surpris par la faible température de l’eau qui progressivement entre dans mes gants et ma cagoule.

Précautionneusement, je m’engage sur un des câbles guide de la tourelle et commence à descendre vers le contrepoids.

Une fois dessus, je vérifie ma flottabilité car je n’ai pas envie de faire une remontée accidentelle comme c’est arrivé à un autre plongeur quelques années plus tôt avec malheureusement les conséquences que l’on devine.

C’est bon, je suis légèrement trop lourd donc aucun risque.

En quelques coups de palmes, je suis au niveau des câbles de la caméra.

A cause de la houle, ceux-ci se sont coincés sous les BOP mais leur dégagement ne présente aucune difficulté et en quelques minutes ils sont remis au clair.

Je passe maintenant sur le guide post au-dessus duquel se balance le câble que je dois remettre en place.

Première chose à faire, ouvrir la petite porte conique qui se trouve en partie supérieure de la colonne.

-         Surface !

-         J’écoute plongeur.

-         Tu fais descendre le câble de deux mètres afin que je puisse récupérer le marteau et la clé Allen qui sont fixés dessus.

-         Bien compris, on descend de deux mètres.

Une fois le câble à ma hauteur, je récupère les outils.

Bizarre, cela fait à peine une vingtaine de minutes que je suis dans l’eau, mais déjà le froid commence à se faire sentir.

L’hélium présent dans mon mélange respiratoire n’y est certainement pas étranger car il a une conductibilité thermique élevée qui a tendance à refroidir le plongeur de l’intérieur.

D’autre part, le fait de partir avec une souris trempée par la sueur, n’est pas fait non plus pour arranger les choses.

Tout en me concentrant, je m’attaque au dévissage des deux vis.

Putain ! Pourquoi est-ce que ces cons en surface ont serré ça aussi fortement,

Bang, bang, finalement après quelques bons coups de masse supplémentaires, les boulons commencent à se défaire.

-         Surtout ne perds pas les vis, me rappelle le chef de poste.
 

wellhead3ter
C’est bon, la porte est maintenant ouverte.

Immédiatement, je descends à 86 mètres, au niveau de la plaque de base afin de faire passer le câble muni de sa cosse d’arrêt sous la colonne de guidage, puis remonte aussitôt tout en faisant coulisser le mou dans la rainure de centrage.

-         Ok surface, le câble en position, je referme la porte.

Le froid, rend mes mouvements de plus en plus désordonné et je dois m’y reprendre à plusieurs fois pour bien positionner ma clé à six pans.

Encore quelques coups de marteau pour bien serrer le tout et ça y est, je peux annoncer :

-         Surface, câble en place,  porte fermée et serrée !

-         C’est bon Francis, fait gaffe à toi on va remettre le câble en tension.

A peine, Raphaël avait-il terminé de prononcer ces mots, que tout d’un coup, le câble se raidit brutalement et passa devant moi à la vitesse de l’éclair.

Merde, je l’ai échappé belle.

Si j’avais été une trentaine de centimètres plus vers l’avant, pour sûr, j’aurais été coupé en deux.

-         OH SURFACE, c’est quoi cette manœuvre à la con que vous venez de faire ?

-         Euh ! je crois que ces imbéciles ont laissé tombé le contrepoids un peu trop vite, ça va,

t’as rien ?

-         Non ça va !

-         Ok Francis, est-ce que tu encore passer sur la kill line et regarder si tu aperçois une fuite d’huile au niveau de la connexion ?

-         Ok, j’y vais. Donne moi du mou au narghilé !

Quelques minutes plus tard, ma plongée est terminée et je suis impatient de rentrer à la tourelle pour me réchauffer.

Comme l’heure continue de tourner, il ne faudra pas perdre de temps à me déséquiper.

Pour cela, afin de faciliter mon entrée, le bellman a fait monter l’eau au maximum dans la tourelle.

Une fois rentré, je me fais tout petit dans mon coin afin que mon collègue puisse aussitôt chasser l’eau et refermer la porte intérieure.

Ca y est, c’est fait. Il annonce :

-         Surface, porte fermée je mets un petit coup de pression pour assurer le placage.

Sitôt dis, sitôt fait.

-         Ok surface porte étanche, tu peux remonter.

-         C’est bon les gars on commence la remontée.

Pendant que nous remontons vers la surface, François s’empresse maintenant de me déséquiper.

-         Alors ça a été ?

-         Oui, dis-je en grelottant, mais qu’est-ce que j’ai eu froid, rien de tel que les habits à

eau chaude.

-         Ben ça mon gars, on n’est pas prêt d’en avoir.

Nous ici en assistance forage on n’a droit à presque rien.

On a bien pu tester un vêtement chauffé par des résistances électriques, mais c’était tellement au point que plusieurs plongeurs ont eut les couilles brûlées jusqu’au deuxième degré.

Notre petite conversation fut brusquement interrompue par la surface qui annonça que le bellman pouvait commencer la décompression de la tourelle avec la table des 87 mètres et un bottom time de 80 minutes.

Un rapide coup d’œil sur la table m’indiqua que nous en avions pour 12 heures de décompression.

Apparemment rompu à ce genre de plongée unitaire, le bellman ouvrit lentement la vanne régulée qui allait nous permettre de remonter en plus ou moins trois minutes à la profondeur de notre premier palier qui se situait à 48 mètres.

A partir de là, nous étions bon pour respirer au masque un mélange légèrement suroxygéné de 23/77.

En surface, la tourelle était maintenant prête à être connectée au caisson de décompression.

Cette manœuvre était loin d’être aisée, car l’écoutille du caisson se trouvait sur sa partie supérieure ce qui signifiait que pour positionner le clamp et le serrer, nos collègues en surface devaient travailler à plat ventre.

Ceci bien entendu, n’était pas la meilleure des positions pour donner les vigoureux coups de masse nécessaires à la bonne fermeture du clamp.

En plaisantant, François supplia ses collègues de bien souquer le clamp car disait-il il n’avait pas envie d’être satellisé après l’équilibrage des pressions.

Peut-être, avait-il eut là une vision prémonitoire de ce qui allait malheureusement arriver quelques années plus tard en Norvège sur la barge Byford Dolphin et qui allait instantanément coûter la vie à 5 collègues de l’entreprise.

Ici, heureusement tout se passa bien.

La pression interne de la tourelle était maintenant équivalente à la pression du caisson et une fois l’équilibrage de l’écoutille terminée, nous pouvions tranquillement passer dans le caisson pour terminer notre décompression bien au chaud enfuis sous les couvertures de la bannette.

Malgré le confort rudimentaire du caisson, la décompression n’en n’était pas moins éprouvante à cause des longues séquences de respiration d’oxygène pur qui vers la fin, avait tendance à irriter nos pauvres poumons.

Puis, quelques 12 heures plus tard, la porte du caisson s’ouvrit enfin.

Le Tool Pusher  se trouvait à l’entrée.

Aie pensais-je.

Qu’est-ce qu’il nous veut encore ?

Mais étonnement, les seuls mots qui sortirent de sa grande gueule furent :

-         Good work guys !

Puis il repartit aussitôt vers le plancher de forage.

Du coup, il me devint immédiatement un peu plus sympathique.

Quelques jours plus tard, ce fut au tour de notre bateau de ravitaillement d’avoir un problème et le tonton nous demanda si nous pouvions venir faire une inspection sur l’une de ses hélices.


126-smit lloyd 32
Pas de problème. Résultat une heure plus tard toute l’équipe était à bord du Smit Lloyd.

Sous eau, rien de bien méchant, juste un bout de polypropylène d’une vingtaine de mètres de long qui s’était enroulé et coincé autour de l’hélice tribord ce qui avait tendance à faire chauffer le moteur.

Après quelques coups de scie à métaux bien ajustés, le bout d’amarre était remonté en surface à la grande satisfaction du capitaine qui pour nous remercier nous invita à manger à son bord.

Le repas, n’avait rien d’exceptionnel, mais pour la première fois depuis plusieurs jours, nous pouvions enfin manger et boire sans avoir en bouche, ce relent infecte de gasoil qui à bord du bateau était toujours aussi présent.

Au cours du restant de mon séjour, j’eus encore l’occasion de faire trois autres plongées unitaires toutes aussi glaciales, ponctuée de périodes de stand by durant lesquelles outre l’entretien du matériel, nous en profitions pour refaire à chaque fois des nouveaux gaz de plongée avec l’installation qui se trouvait à l’intérieur de notre containeur atelier.

Enfin, le 13 mars, jour de ma relève arriva et je pris congé de mes collègues.

Arrivé au port, Dolorès était là.

Ah ! Que cela faisait du bien aux yeux de voir une jolie jeune fille après avoir vécu entre mecs durant plusieurs semaines.

Elle m’attendait à nouveau pour me conduire à l’hôtel car mon vol sur Bruxelles n’était programmé que pour le lendemain.

Evidemment, cela me permit le soir d’à nouveau  découvrir la charme de la cité.

flamenco

Quelques temps plus tard, j’appris qu’un grave accident s’était produit sur mon bateau de forage et avait tué trois des collègues avec qui j’avais travaillé.

Ceux-ci avaient comme à l’accoutumer après une plongée, préparé un nouveau cadre de mélange respiratoire composé d’hélium et d’oxygène.

Apparemment, au cours de la nuit une fuite de gaz provenant sans doute d’une vanne défectueuse s’était propagée dans le container et avait fortement fait augmenter le pourcentage d’oxygène.

Le lendemain matin, quant l’équipe est arrivé, ils ont ouvert la porte du containeur, sont entrés, puis … ont allumé la lumière.

 

J’ose espérer qu’ils n’ont pas souffert.

 

Papy One

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28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 23:44
Quelques photos de divers chantiers / A few photos from my various works
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23 octobre 2009 5 23 /10 /octobre /2009 20:16
Pas facile de ne plus mettre le cul à l'eau.
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19 septembre 2009 6 19 /09 /septembre /2009 21:25
Pour être plongeur il ne faut pas être fou.
Mais si on l'est, ça aide.
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Mais si on l'est, ça aide.
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Mais si on l'est, ça aide.
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