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  • : Histoires d'un scaphandrier or the Stories of a Commercial Diver
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6 mai 2015 3 06 /05 /mai /2015 16:28
Mon premier chantier offshore

Décembre 1974, cela faisait maintenant trois ans que je travaillais comme scaphandrier pour la petite entreprise de travaux sous-marins Anversoise (voir : Bougre d’assistant). Nous n’y étions que cinq plongeurs, patron inclus plus deux assistants, ce qui signifiait de nombreuses plongées au cours desquelles j’avais appris pas mal de choses.

A cette époque, il n’y avait que très peu d’entreprises spécialisées dans ce type d’activité et seulement deux ou trois d’entre elles avaient un staff de plongeurs salariés, la compagnie de Bruxelles où j’avais démarré ma carrière civile et celle où je travaillais maintenant.

Ces deux entreprises étaient surtout spécialisées dans les travaux de génie civil et la plupart des scaphandriers belges s’accommodaient très bien de ce type de travaux.

Pourtant, depuis deux à trois ans, la demande de plongeurs offshore ne cessait de croître et de nombreux plongeurs quittaient la boîte bruxelloise pour tenter l’aventure. Cela faisait sourire mon patron, car indirectement, cela nous ramenait les contrats que notre concurrent ne pouvait plus honorer faute de personnel.

Le mardi 25 décembre, jour de Noël, je reçus un coup de fil vers les trois heures de l’après-midi d’un gars qui se présentait comme étant le directeur d’une boite de recrutement qui recherchait des plongeurs - scaphandriers expérimentés pour des chantiers offshore, et qu’à ce titre, il désirait absolument me voir le jour même.

Aimablement, je lui rétorquai qu’aujourd’hui était un jour férié, mais il n’en avait cure et voulait me voir immédiatement. Résultat, une heure plus tard j’étais dans son bureau situé au neuvième étage d’un immeuble de l’avenue Louise.

Là, je tombai nez à nez avec René, un de mes collègues de travail d’Anvers. Quelques minutes plus tard la porte du bureau s’ouvrit et un gars d’une quarantaine d’année nous fit entrer. Il se présenta à nous comme étant Michel G. directeur de la société FLADAS.

Mon premier chantier offshore

Après quelques banalités d’usage, il entra d’emblée dans le vif du sujet, et nous expliqua qu’il avait lui-même été plongeur à la Comex, mais que très rapidement il s’était aperçu que le monde de la plongée offshore européenne manquait cruellement de plongeurs expérimentés sachant travailler sous eau dans des conditions difficiles. Et de ce fait il s’était mis en tête de débaucher un maximum de scaphandriers des entreprises de travaux publics belges et françaises, pour qui ces conditions de travail étaient monnaie courante.

Résultat dans sa quête d’ouvriers spécialisés, il était tombé sur nous par l’intermédiaire d’autres collègues de travail.

Au cours de notre entretien, il nous expliqua en long et en large en quoi consistait ce type d’activité. De mon côté, tout ce qu’il nous racontait sur le métier me passionnait car comme beaucoup de jeune plongeur, la plongée profonde me fascinait.

Par contre, ce qui me dérangeait un peu dans son descriptif, c’était la durée des chantiers qui comme l’avait dit Michel était de un mois en mer du Nord, et de deux mois dans les autres parties du monde.

Or comme j’étais (encore) jeune marié à l’époque, j’étais assez inquiet de laisser ma jeune et jolie petite femme seule aux mains de tous ces mâles à l’affût.

Voyant mon embarras, Michel pour me persuader, embraya immédiatement sur la question pognon et me demanda:

- Combien gagnes-tu pour l’instant ?

- Autant ! Lui répondis-je.

Il me regarda et me dit :

- Bon pour ton premier chantier je te propose autant de FF, puis une augmentation de 50 % répartis sur les trois chantiers suivants.

Oups ! Je ravalai ma salive car même pour un premier chantier cela faisait plus que tripler mon salaire actuel.

- En plus de cela, me dit-il, tu pourras encore y ajouter des primes de saturation plus quelques avantages fiscaux intéressants si tu passes plus de six mois par an à l’étranger.

Evidemment, tout cela est bien tentant lui dis-je, mais je ne peux pas m’engager sans en parler d’abord à la maison.

- Pas de problème, tu me rappelles dans deux heures, j’attends ici.

Une fois chez moi, la discussion fut très animée. Mon épouse savait que j’étais attiré par ce type de plongée, mais elle aussi avait peur que l’on m’envoie en Afrique où ailleurs pour deux mois et craignait de ne pas pouvoir supporter une aussi longue absence.

- Et un mois lui demandais-je ?

- Ca cela devrait pouvoir aller.

Dix minutes plus tard, j’avais à nouveau Michel au bout du fil.

- Bon lui dis-je, je veux bien partir pour toi, mais seulement pour des périodes d’un mois maximum.

- Parfait, je te ferai tourner en mer du Nord, puis aussitôt ajouta :

- Tu sais ce qu’il te reste à faire maintenant.

- Euh non, quoi ?

- Donner ta démission et te tenir prêt à partir dès le 5 janvier.

Hein ! Déjà, cela ne me laissait plus qu’une dizaine de jours pour me préparer psychologiquement et annoncer René et moi notre décision à notre patron.

Or, le lendemain soir nous avions justement notre repas de fin d’année où tout le personnel de l’entreprise se retrouvait avec plaisir comme tous les ans dans notre petit restaurant chinois. Ce soir-là, tout le monde était apparemment heureux de se retrouver pour faire la fête et l’ambiance était chaleureuse.

Seuls René et moi n’étions pas vraiment dans le coup. Evidemment, il y avait de quoi car nous avions décidé d’annoncer la nouvelle au cours de la soirée.

Le repas fut excellent, puis vint l’heure où notre boss commença son petit speech de remerciement pour la qualité des travaux que nous avions presté au cours de l’année. Puis voilà maintenant, qu’il oriente son discours sur l’avenir et se met à philosopher sur le dévouement de ses hommes à être toujours disponibles, et aux grandes choses que l’on pourra accomplir ensemble l’année prochaine.

Furtivement je regarde René. Ca y est, il est temps de lui dire.

Comme René est plus franc que moi, il intervient :

- Patron, j’ai quelque chose de pénible à t’annoncer.

Aïe ! La tête du boss change un peu.

- Oui quoi René ?

- Ben, j’ai une mauvaise nouvelle, je démissionne car je pars en offshore.

Merde, le patron doit s’asseoir. Grosse discussion entre mon collègue et lui pour tenter de le convaincre de rester, mais rien n’y fait, René campe sur sa décision.

Résultat, quelques minutes plus tard, il est résigné à perdre son meilleur plongeur, mais il ajoute aussitôt :

- Bon mon cher René, pas de problème c’est ton choix et je ne peux t’en empêcher, mais heureusement, il me reste Francis qui pourra maintenant prendre ta place. Moi, je ne savais plus où me mettre. Puis timidement je lui dis :

- Patron, moi aussi j’ai une mauvaise nouvelle, je pars avec René et moi aussi je te donne ma démission. C’en était trop, deux démissions coup sur coup, la fête était foutue.

Au cours des quelques jours suivant, j’en profitai pour faire quelques achats vestimentaires car on m’avait annoncé que la mer du nord en hiver ce n’était pas chaud et qu’il fallait se couvrir.

Samedi 5 janvier onze heures du matin, le téléphone sonne. A l’autre bout de la ligne c’est mon nouveau patron Michel.

- Salut Francis, je t’appelle pour t’annoncer que tu pars cet après-midi, je t’ai trouvé un job en mer du nord sur Jet barge 4, donc rendez-vous à quinze heures à l’aéroport.

Merde, cela ne me laisse plus que quatre heures à passer avec ma petite famille. Quatorze heures, comme Michelle mon épouse ne sait pas encore conduire, se sont mes parents qui passent me prendre pour me conduire à l’aéroport.

Le petit hall de celui-ci est bondé, mais très rapidement je repère Michel qui m’attend impatiemment.

- Salut ! Tiens voilà ton billet pour Aberdeen via Londres, vas vite enregistrer ton bagage au comptoir n° 3.

- Euh ! Mais c’est que j’ai deux grandes valises et un sac.

Michel me regarde ahuri :

- Quoi, qu’est-ce que tu as tout là-dedans ?

- Mais on m’avait dit que je devais bien m’équiper contre le froid.

- Allez ! Ouvre ça en vitesse, on va faire une sélection.

Résultat, en plein aéroport et sous les yeux angoissés de ma famille, mon boss s’afféra à bazarder tout ce qu’il jugea superflu de prendre avec moi. Une fois ce petit détail technique réglé, j’enregistrai en vitesse mon bagage et finalement fut prêt à passer le service de contrôle.

Jusqu’à présent, j’avais tellement été afféré par mon départ que je ne m’étais pas rendu compte de ce qui se passait. Mais tout d’un coup, voyant que le moment de la séparation était arrivé, une boule d’angoisse se fit sentir au fond de ma gorge.

Ca y est mes Amours, je dois vous dire au revoir. Pas facile tout cela, surtout pour mon gamin de quatre ans qui ne comprenait pas bien pourquoi son papa le quittait pour si longtemps.

Me voilà dans l’avion pour Londres. J’avais au cours de ma jeunesse déjà fait quelques baptêmes de l’air en petit avion de tourisme, mais n’avait encore jamais pris un gros avion et je dois dire que j’avais apprécié ce premier vol.

Arrivé au terminal de Londres, je suis un peu perdu. Ne connaissant pas du tout ce genre d’installation, je m’arrêtais à pratiquement tous les panneaux signalant des messages, afin de vérifier si l’un d’eux ne concerne pas le vol vers Aberdeen.

Voyant probablement que j’étais un peu paumé, une hôtesse s’approcha de moi et se proposa de m’aider. Ainsi, grâce à elle, je me retrouvai rapidement dans le terminal d’où devait partir mon prochain vol.

Vingt heures quinze, nouveau départ pour la ville Ecossaise où j’arrivai une heure trente plus tard. Pour la énième fois je relis la feuille de route que Michel m’avait passée : « A Aberdeen prendre un bus et allez au George Hôtel sur la Union Street. »

Prendre un bus d’accord, mais lequel parmi ceux se trouvant sur le parking ? Bof, il suffit de demander au chauffeur. Comme j’avais bien révisé mon Assimil au cours de ces derniers jours, je demandai fièrement à un premier chauffeur :

- Do you go center ?

Chouette, le gars semblait avoir compris car aussitôt il me répondit :

- No, yourrrrr arrrrrrrre wrrrrrrong, you etc etc etc.

Bref un ensemble de mots ne comprenant que des rrrrrr auxquels je ne pigeais rien. Encore une fois je lui reposai la même question avec pour résultat la même réponse incompréhensible. Bizarre pensais-je, j’ai pourtant appris l’anglais. A mon avis cela doit être un étranger. Malheureusement non, car apparemment tout le monde ici parlait cette même langue étrange. Voyant que je n’avais pas compris, le chauffeur me montra un autre bus en me disant :

- Take that bus.

Je suivis son conseil, et une heure plus tard j’étais à la réception de l’hôtel. Apparemment, la chambre avait été réservée car dès que je donnai mon nom, la réceptionniste me remit une clé en précisant que la chambre était au 3ième étage.

Arrivée à la porte, j’ouvris celle-ci, allumai la lumière et …..

- Oh excuse me sir.

Il y avait là un gars dans le lit qui se retourna en grognant. Aussi sec, je redescendis à la réception en disant à la dame qu’elle m’avait donnée une mauvaise chambre car celle-ci était occupée.

Eh bien non, la bonne femme m’expliqua tant bien que mal qu’il s’agissait d’un autre plongeur et que nous devions partager la chambre à deux. Résultat, retour dans la piaule, où je tente maintenant de délicatement ranger mes affaires afin de ne pas gêner mon nouveau collègue. Peine perdue, car mon ramdam lui fait ouvrir un œil, puis le second.

- Sorry.

- OK no problem!

- Hello, I’m Francis and I come from Brussels.

- Hi, I’m John and I’m from London.

Ouf, John parlait un anglais que je comprenais plus ou moins et je pus ainsi entreprendre une petite conversation pour lui expliquer ce que je venais faire ici. D’après ce que je pus comprendre, lui aussi venait d’arriver et s’était couché tôt car on devait venir le chercher tôt le lendemain. En effet, sur le coup des cinq heures du matin, j’entendis John partir en silence.

Moi, on m’avait dit à la réception que quelqu’un prendrait contact avec moi vers les dix heures. Effectivement dans la matinée, coup de fil d’un gars parlant français, c’est Yves. Il me signale que mon départ pour la barge n’est prévu que pour le lendemain et que dès lors je peux disposer de ma journée.

Résultat, j’entreprends de faire une ballade en ville.

Mon premier chantier offshore

Mais c’est dimanche, et le dimanche à Aberdeen tout est fermé, pas un chat dans les rues, une véritable ville morte. Et en plus il fait moche comme tout. Bordel, qu’est-ce que je fais ici.

J’ai un cafard pas possible en pensant à ceux que j’ai laissés derrière moi. Autant rentrer à l’hôtel, là au moins il fait chaud.

Dix-huit heures un nouveau gars arrive dans la piaule.

- Hello ! Lui dis-je pensant avoir à faire à un nouveau plongeur anglais.

En guise de réponse, je reçois un « bonjour » avec un fort accent marseillais. C’est Maurice, un plongeur français de la Comex qui m’apprend que lui aussi part sur JB4. Du coup mon moral va beaucoup mieux.

Le lendemain matin après un copieux breakfast, départ en taxi pour Peterhead, petit port situé à une cinquantaine de kilomètres au nord d’Aberdeen où un supply boat nous attend avec d’autres gars qui doivent partir bosser en mer.

Milieu de matinée, le supply appareille, puis à peine sorti de la rade, il se met rapidement à valdinguer dans tous les sens par une mer de force 7 à 8.

Mon premier chantier offshore

Moi, cela faisait maintenant huit ans que je n’avais plus mis les pieds sur un navire, mais très rapidement, je pouvais ressentir les symptômes de ce que je craignais : Le mal de mer. Nous étions à peine sortis depuis moins d’une demi-heure que bardaf, mon petit déjeuner y passait. Malgré le mauvais temps et le fait qu’il était pratiquement impossible de se tenir debout, le cuistot du bord s’afférait maintenant à préparer le repas de midi pour l’équipage et les quelques gars qui restaient dans la cambuse.

Pour moi, pas question d’avaler quoi que ce soit, car rien que l’odeur de la bouffe me fit à nouveau courir vers les toilettes.

A cause du mauvais temps, le tonton avait interdit l’accès à l’extérieur pour éviter de passer par-dessus bord, résultat pas question d’aller s’aérer dehors. La seule chose à faire était donc d’aller se caler au mieux dans la bannette.

Les heures suivantes, étaient parmi les plus pénibles de ma vie. La tempête avait encore forci et il fallait se caler très fortement pour ne pas être éjecté du lit.

Moi je n’arrêtais pas de boire et de vomir, je voulais mourir tellement j’étais mal. Je me disais que si c’était cela l’offshore, ils pouvaient aller se faire foutre car je ne passerais pas un mois ainsi à être malade comme un chien.

Mon premier chantier offshore

Plus le temps passait et plus je me faisais mon cinéma en me disant que je repartirais illico à terre. Finalement, au bout d’un voyage interminable de trente-six heures durant lesquels le bateau avait ravitaillé diverses plateformes pétrolières, Jet Barge 4 était en vue et le marin de quart vint nous informer qu’il fallait se préparer à débarquer.

Moi comme j’étais à l’agonie, j’informai Maurice que j’avais décidé de rester à bord pour rentrer en Belgique et ne plus jamais de ma vie mettre les pieds sur un rafiot. Maurice répliqua en souriant que j’aurais tort de faire cela, car sur la barge cela bougerait nettement moins.

- Je m’en fous, je ne bouge plus de mon pieu.

Une dizaine de minute plus tard, le supply était à couple de la barge. Pour faciliter le transbordement du personnel, il s’était amarré sous le vent ce qui avait réduit quelques peu le roulis et le tangage. Résultat, je me décidai malgré tout à me lever afin d’aller voir à quoi ressemblait cette installation sur laquelle j’aurais dû monter.

Ce que je voyais là sous mes yeux, était un énorme ponton maintenu en place par toute une série de gros câbles qui partaient vers le fond. Elle était illuminée de partout et un boucan pas possible sortait de ces entrailles.

Mais, comme me l’avait annoncé mon collègue, cette barge n’avait pas l’air de bouger des masses, peut – être qu’après tout je ferais bien de monter à bord et aussitôt je retournai dans la cabine pour chercher mes affaires.

En revenant sur la plage arrière, je constatai que le transbordement avait commencé. Le passage entre le bateau et la barge, se faisait à l’aide d’un panier dans le centre duquel il fallait jeter ses valises, puis tant bien que mal s’agripper au filet latéral et s’y maintenir jusqu’au moment où le grutier de la barge estimait pouvoir remonter le panier sans trop de risques.

C’était maintenant à mon tour de m’essayer à ce rodéo.

Mon premier chantier offshore

A cause des mouvements non synchronisés du bateau et de la barge, ce n’était pas facile de se mettre en position. Tantôt je me cassais la gueule dans le panier, puis quelques instants plus tard, je repartais en arrière. Un véritable parcours du combattant. Puis sans m’y attendre, le panier décolla du pont et je me retrouvai rapidement à une dizaine de mètres de hauteur. Une fois posé sur le pont de la barge, je pus immédiatement constater qu’effectivement elle bougeait beaucoup moins que ce foutu rafiot et je me sentais immédiatement mieux.

Mon premier chantier offshore

Mon moral lui aussi revint à la vitesse de l’éclair lorsque j’aperçus mon collègue Luc que j’avais déjà croisé sur un chantier en Belgique. Après m’avoir salué, il me dit que j’avais une tête de déterré et un teint qui ressemblait assez bien à la couleur verte de la barge.

Pas étonnant lui dis-je avec le voyage d’enfer que je venais de subir. Puis après quelques banalités d’usage, il saisit ma valise et nous conduisit Maurice et moi auprès du stratif qui devait enregistrer notre arrivée.

Une fois ces formalités terminées, il nous mena à notre piaule afin de poser nos bagages, nous montra les divers endroits de la barge qu’il était important de repérer immédiatement, puis finalement nous présenta aux quelques plongeurs qui faisaient le quart de nuit.

Moi, cela faisait maintenant plusieurs dizaines d’heures que je n’avais plus rien avalé et subitement la faim se fit sentir.

Luc m’invita à passer au mess où pour la première fois de ma vie je fis connaissance avec de délicieux pancakes au sirop d’érable. Pendant que je mangeais, mon copain m’expliqua qu’à cause de la tempête, la barge était en stand-by météo depuis plusieurs jours et les plongeurs s’occupaient comme ils l’entendaient.

Bien entendu, très rapidement j’orientais la conversation sur la vie à bord et le genre de travail qui m’y attendait.

- Bof, ce n’est pas la joie en ce moment car il y a quelques jours nous avons eu un mort et tu es là pour le remplacer.

Bigre, cela commence bien mon chantier.

- En fait me dit-il pour continuer, la barge sur laquelle on travaille est ce qu’on appelle une barge ensouilleuse de pipe.

- Il faut savoir, qu’ici en mer du Nord de même que dans beaucoup d’autres endroits du monde, rien ne peut dépasser du fond de la mer et donc en clair cela veut dire que tous les pipelines qui sont actuellement posés devront être enterrés avant d’entrer en production et c’est là que nous entrons en jeu.

- Comme tu peux l’imaginer, on ne creuse pas ce genre de tranchée profonde à la lance Galeazzi. - Ici sur la barge on utilise une énorme machine, que tu verras demain, qui est tirée par-dessus le pipe.

- Cet engin est équipé à l’avant d’une multitude de lances à haute pression qui désagrège le terrain au fur à mesure de l’avancement, tandis qu’à l’arrière de la machine, il y a un énorme système de pompage qui envoie les boues hors de la tranchée.

- Il y a quelques jours, nous sommes arrivés à la fin d’un tronçon sur lequel il y avait une vanne de 8 pouces et il était prévu que les amerloques arrêtent le tirage du jet à cinq mètres de cette vanne. - Comme à l’accoutumer, on a commencé l’inspection de la tranchée et du pipe.

- C’était John notre plongeur anglais qui était dans l’eau et tout se passait bien jusqu’au moment où il nous a signalé qu’il passait de l’autre côté du tube.

- Là tout d’un coup, on a entendu un horrible cri à la radio et puis plus rien, plus aucun bruit de respiration, le silence total.

- Aussitôt, le chef de poste a envoyé le bellman à son secours.

- La visibilité était encore extrêmement réduite à cause des turbulences crées par le jet, et il a dû suivre le narghilé pour arriver sur lui.

- Une fois sur place, il a tenté de prendre son collègue dans les bras pour le ramener à la tourelle, mais il était collé sur le pipe et il ne parvenait pas à le dégager.

- Comme le temps passait, l’eau a commencée à s’éclaircir et finalement, le bellman a pu voir que le bras du plongeur était coincé à l’intérieur du tube.

- C’est là qu’on a compris que le jet avait été tiré trop loin et ainsi arraché la petite vanne et la partie du pipeline sur lequel elle était soudée.

- Comme le tuyau était en air, cela a créer une forte dépression au niveau de l’ouverture et c’est en passant par-dessus que le pauvre a eu son bras aspiré dedans.

- Je ne te dis pas comme on a chié pour le sortir de là.

- Comme le fond n’était qu’à trente-cinq mètres, on a fait l’intervention depuis la surface car le bellman était trop choqué pour continuer.

- Il nous a fallu pas moins de huit heures pour le dégager et pour cela on a dû mettre le pipe en eau pour obtenir un équilibrage des pressions.

- Quand on l’a finalement dégagé, il ne restait plus que l’os sur le bras, tout le reste depuis l’épaule jusqu’à la main avait été sucé dans le tube.

- Ce n’était pas beau à voir, donc tu comprends pourquoi on n’a pas trop le moral en ce moment. Evidemment, il y avait de quoi.

- Et maintenant, quelle va être la suite des opérations lui demandais-je ?

- Là, pour l’instant on attend une accalmie car on a encore une plongée à faire sur le tube, puis on lève les ancres pour aller sur un autre site où il faudra ensouiller un nouveau tronçon de 36 pouces.

Finalement, après avoir encore discuté une dizaine de minutes avec mon collègue, je pris congé de lui et décidai d’aller pioncer quelques heures. Malgré la fatigue du voyage, je ne parvins pas à dormir beaucoup. C’était probablement dû en partie au stress de cette première mission, mais aussi à cause du bruit infernal provoqué par toute la machinerie de la barge que l’on pouvait entendre jusqu’à l’intérieur des cabines.

Résultat, sur le coup des neuf heures, je me relevai et après m’être habillé chaudement, sortit sur le pont pour aller me rendre compte sur quoi j’avais atterri.

Mon premier chantier offshore

Dehors, le jour c’était levé. Il faisait un froid de canard et le vent soufflait encore très fortement. Après avoir déambulé un peu partout pour découvrir les divers endroits de cet énorme ponton flottant, je me dirigeai ensuite vers l’arrière de la barge où se trouvait le poste de commandement et l’installation de plongée. Luc y était encore et s’occupait de régler le détendeur d’un casque de plongée.

Mon premier chantier offshore

Un autre plongeur mettait une couche de peinture au plafond du local et deux autres avaient le nez plongé sur la playmate d’une revue playboy.

Mon premier chantier offshore

Ah salut, bien dormi ? - Bof pas trop, je trouve qu’y pas mal de bruit.

- T’inquiètes pas, tu t’habitueras rapidement.

- Viens, je vais te présenter au chef de chantier il est justement dans le local des caissons-masters.

Je le suivis, en chemin, nous passons dans une salle où se trouve un énorme caisson de décompression orange. Ça c’est notre 2500 me dit-il, c’est là-dedans qu’on fait nos saturations, on te montrera l’installation plus tard.

Mon premier chantier offshore

Au bout de la salle, un petit escalier montait jusqu’au control room dans lequel se trouvait Yann le caisson master et Jacques le chef de chantier qui ensemble faisait le point sur l’état des gaz de plongée.

- Salut, Francis, c’est toi le nouveau ?

Au cours de notre entretien, il se renseigna un peu sur mon expérience de plongeur, puis à la fin il ajouta :

- Cet après-midi, on va tenter une plongée pour élinguer le pipe, ça te dis de la faire ?

Bien entendu, j’étais là pour plonger et donc acceptais avec enthousiasme.

- Bien, on programmera ça vers quatorze heure le chef d’équipe te dira ce qu’il faudra faire.

- En attendant tu peux peut-être déjà te choisir un vêtement de plongée étanche.

Au changement de quart, je fis la connaissance des autres membres de l’équipe de plongée du quart de jour. Puis le chef d’équipe dont j’ai oublié le nom m’amena sur le tribord arrière de la barge et commença à me briefer sur ma future plongée.

- Tu vois, ici on a une main courante qui est encore amarrée autour du pipe à hauteur de la vanne qui a été arrachée.

- Donc, tout à l’heure tu vas la suivre.

- Une fois sur le fond, tu la détaches et tu pars sur ta gauche.

- Fais gaffe en partant que ton narghilé soit bien derrière toi sinon tu partirais dans la mauvaise direction.

- A environ vingt mètres de distance tu vas arriver au bout du pipe sur lequel il y a une tête de traction.

- Là, tu attaches la main courante sur l’anneau.

- Ensuite on te descendra à coulisser sur la main courante, un câble avec une manille trois pièces. - Une fois que tu l’auras récupéré, tu fais donner assez de mou pour ne pas être gêné par la houle, puis tu enlèves l’axe de la manille et tu la places par-dessus l’anneau.

- Après, tu remets l’axe de la manille en place, tu serres bien l’écrou et tu n’oublies surtout pas de mettre la sécurité en place.

- Et surtout fais gaffe à ne pas perdre l’écrou.

- Une fois que ça sera fait, tu devras passer sur la vanne d’équilibrage qui se trouve de l’autre côté et la fermer.

Pendant qu’il me décrivait ce que j’aurais à faire, je pensais qu’il me prenait pour un débile qui n’avait jamais rien élingué de sa vie, mais très rapidement au cours de mes divers autres chantiers offshores, j’allais me rendre compte qu’il en était toujours ainsi et que contrairement à la plongée TP, le plongeur ne pouvait ici prendre que très peu d’initiative.

- D’autre part, continua-t-il, comme tu peux le remarquer, il y a encore une trop forte houle pour faire les paliers dans l’eau donc tu feras une décompression de surface.

- Euh ! C’est quoi ça demandais-je intrigué ?

- Cela veut dire que tu remonteras directement en surface où on te déséquipera en vitesse avant de te mettre dans le caisson où tu seras recomprimé à douze mètres tout en respirant de l’oxygène pur.

- Attention, une fois que tu sortiras de l’eau, tu ne devras pas traîner car tu ne disposes que de trois minutes pour retourner à la pression du palier.

Mon premier chantier offshore

Peu de temps après, l’heure de l’intervention a sonné. Maurice va être mon plongeur secours. Consciencieusement, j’enfile mon vêtement Unisuit, puis pour la première fois de ma vie je mets un masque facial sur la tête.

Mon premier chantier offshore

C’est un KMB 9 de couleur orange doté de communications avec la surface. Cela aussi me changeait de mes plongées dans les ports et canaux où jusqu’à présent à l’exception de travaux pointus, je n’avais utilisé pour communiquer que des signaux de traction envoyée sur le narghilé. Tout était prêt, aux écouteurs j’entendis le chef de poste me dire que je pouvais y aller.

Je m’avançai au bord de la barge, puis attendis le sommet d’une vague pour sauter. Une fois dans l’eau, j’agrippai la main courante et immédiatement commençai à me déhaler vers le fond. Le facial était équipé d’un bourre-pif pour faciliter l’équilibrage des oreilles mais je n’en avais pas besoin car depuis toujours j’avais appris à passer les oreilles en déglutissant.

La seule chose à laquelle je devais penser durant la descente était d’envoyer régulièrement de l’air dans mon vêtement étanche pour l’empêcher de squeezer. En moins de deux minutes j’étais quelques trente-cinq mètres plus bas.

Sur le fond, la visibilité était bonne et je pouvais voir que la main courante était bien là où le chef l’avait dit. Le reste de la plongée se déroula sans aucune difficulté, conformément aux instructions reçues.

Bref une chouette première petite plongée.

Résultat, vingt minutes après mon départ, je pouvais annoncer :

- Surface, travail terminé.

En surface, le chef parut étonné car il me demanda de confirmer.

- Tu es sûr d’avoir bien mis tout en place ?

- Affirmatif, tout est en place et serré et la vanne est fermée.

- Bon dans ce cas tu peux larguer la main courante et remonter doucement jusqu’en surface, encore une fois, fais attention de ne pas tourner autour de l’élingue.

Lentement, je commence ma remontée. A partir de douze mètres, les effets de la houle se font fortement ressentir. Le câble sur lequel je me tire n’arrête pas de se tendre et se détendre et lorsque je regarde maintenant vers la surface, je peux voir le bas de l’échelle de plongée dans le remous des vagues.

Heureusement que je n’ai pas à faire de palier dans l’eau, sinon j’aurais à nouveau pu avoir la nausée. J’arrive au bas de l’échelle qui se trouve tantôt à six mètres, puis l’instant d’après à trois mètres. Je m'y accroche fermement pour enlever mes palmes mais ce n’est vraiment pas facile. Voilà, c’est fait. Aussitôt je l’emprunte pour remonter sur le pont.

A peine arrivé, trois collègues se jettent sur moi pour enlever mon harnachement de plongée puis sans tarder me dirigent vers le sas du caisson. Rapidement, je m’y installe, saisit le masque à oxygène et commence à respirer goulûment ce gaz pur qui doit m’empêcher de coincer.

La porte du sas se ferme, tandis que par l’interphone le caisson master m’informe qu’il va entamer la mise en pression. Aussitôt, l’air se met à fuser dans le sas et en moins d’une minute, la porte de la chambre principale s’ouvre par équi-pression. Ouf, mon intervalle de surface à durer moins de trois minutes. Je suis dans la procédure prescrite par la table de décompression et peux maintenant passer dans la chambre pour m’allonger sur la bannette tout en continuant à respirer de l’O2.

J’en ai pour dix petites minutes. Pas mal du tout ce mode de décompression pensais-je qui permet de passer sa décompression bien au sec et à l’abri de la houle. Ce que j’ignorais à l’époque, c’est que cette technique, n’est pas sans risque pour le plongeur car durant l’intervalle de surface les tissus sont en état de sursaturation et le risque d’un accident de décompression est réel.

On a d’ailleurs coutume de dire que lors d’une procédure de décompression de surface on provoque un accident de décompression que l’on traite immédiatement. Cette pratique a également de graves conséquences sur la santé des plongeurs qui au cours de leur carrière ont dû intensément subir ce type de décompression et bon nombre d’entre eux sont aujourd’hui fortement handicapés voire invalides.

Heureusement, la Comex à l’inverse d’autres entreprises moins regardantes à la santé des plongeurs était conscient de ces risques et ne pratiquait la décompression de surface que dans des circonstances exceptionnelles comme celle d’aujourd’hui.

Apparemment, et je ne sais pas pourquoi, j’avais semble-t-il satisfait le chef de chantier par ma prestation car dès ma sortie de caisson, il m’informa que je ferais partie de la prochaine saturation qui devrait avoir lieu dans quelques jours si le temps se calmait.

Aussitôt après, il demanda au chef d’équipe de bien vouloir au cours des prochaines heures, me renseigner sur l’installation de plongée profonde et me briefer sur les diverses procédures de travail en cours pour la pose du jet et les inspections.

Super, mon premier chantier, et je peux déjà aller en ’’sat ’’.

D’autres plongeurs n’ont pas cette chance et bon nombre d’entre eux devront parfois attendre bien longtemps avant de pouvoir vivre cette expérience.

En mer, deux remorqueurs avaient commencé à remonter les ancres.

Mon premier chantier offshore

Cette manœuvre dura une bonne douzaine d’heures au cours desquelles on pouvait entendre le bruit lancinant des douze treuils qui rentraient les kilomètres de câble. Une fois la dernière ancre à bord, la barge fut prise en remorque et partit pour sa nouvelle destination.

Durant le remorquage, à l’exception de quelques hommes de pont, la barge vivait au ralenti. Dans les coursives, les américains cigares puant aux becs, avaient installés des tables de jeux autour desquelles ils passaient de longues heures à jouer au poker accompagnés de grandes rasades de whisky.A cause de cela, une épaisse fumée ainsi qu’une odeur de tabac froid flottait au plafond et pourrissait l’atmosphère des cabines.

Vingt-quatre heures plus tard, nous étions sur place mais à cause du mauvais temps, la barge resta encore en stand-by météo durant plusieurs jours. Moi je mis à profit cette période pour passer un maximum de temps à étudier tous ces équipements que je ne connaissais pas.

Tout y passait, la tourelle dans laquelle je passai quelques heures à étudier les divers circuits de gaz qui s’y trouvaient de manière à pouvoir en cas de problème les repérer et les isoler dans le noir complet.

Mon premier chantier offshore

L’énorme ensouilleuse qui était maintenant en surface et autour de laquelle j’aurai à circuler sans visibilité aucune.

Mon premier chantier offshore

Le caisson vie, dans lequel j’allais vivre dans les prochains jours. Je passai également pas mal d’heures avec les caissons masters qui m’enseignaient à l’art de faire les mélanges respiratoires. Bref tout ce que je voyais, me passionnait.

Puis finalement, le temps s’est calmé et le 17 janvier, j’entrai pour la première fois en saturation. Les trois collègues qui m’accompagnaient étaient Maurice, celui avec qui j’allais faire équipe, Alain le Tahitien et un plongeur Canadien dont j’ai malheureusement oublié le prénom.

Quatorze heures, début de la pressurisation, le caisson est comprimé à l’air jusqu’à dix mètres pour amener la pression partielle de l’oxygène à 420 mb.

- Ok les gars tout va bien ? Nous demandât Yann.

- Pas de problème.

- J’envoie l’hélium.

Lentement, l’hélium pur se diffuse maintenant dans l’ensemble de plongée. Très rapidement, ma voix change et je commence à parler comme Donald Duck. Quelques dizaines de minutes plus tard, nous atteignons le niveau vie de soixante-cinq mètres. Jacques le chef de chantier, nous informe qu’en surface ils vont commencer à descendre le jet et que Maurice et moi pouvons commencer à nous préparer.

Comme je n’avais encore jamais plongé en tourelle, la surface décide que pour des raisons de sécurité Maurice ferait le bellman et c’est donc à lui d’aller faire la check-list de la tourelle. Je décidai toutefois de l’observer ainsi je saurais comment faire pour la prochaine plongée.

Après être passé dans la tourelle, mon collègue range quelques affaires puis informe la surface :

- Surface je suis prêt pour la check-list.

- Ok Maurice, on commence par les communications.

- Communication tourelle ?

- Ok

- Casque plongeur ?

- 1, 2, 3, 4, 5 est-ce que tu me reçois ?

- Cinq sur cinq

- Masque bellman ?

- 1, 2, 3, 4, 5 est-ce que tu me reçois ?

- Cinq sur cinq

- Auto-générateur ?

- 1, 2, 3, 4, 5 est-ce que tu me reçois ?

- Cinq sur cinq

- On passe à l’électricité.

- Lumière intérieure ?

- Ok

- Lumière extérieure ?

- Ok

- Scrubber ?

- Ok

- Chauffage ?

- Ok

- C’est bon Maurice, on passe aux vannes

- Gonflage par ombilical ?

- Fermée, je fais un essai

- Arrivée bellman ?

- Ouverte

- Arrivée ombilical ?

- Ouverte

- Prise pression plongeur ?

- Ouverte

- Prise pression bellman ?

- Ouverte

- Alimentation tableau bellman ?

- Ouverte

- Alimentation tableau plongeur ?

- Ouverte

- Gonflage biberon secours ?

- Fermé

- Arrivée HP ?

- Ouverte

- Gonflage HP ?

- Fermé, je fais un essai

- Prise pression intérieure ?

- Ouverte

- Analyse ?

- Ouverte

- Sortie eau chaude ?

- Ouverte

- Entrée eau chaude ?

- Ouverte

- Alimentation eau chaude plongeur et bellman ?

- Fermée

- Echappement secours ?

- Ouverte

- Equilibrage porte latérale ?

- Fermé

- Col de cygne haut ?

- Ouvert

- Col de cygne bas ?

- Fermé

- Sortie ballon oxygène ?

- Fermée

- Echappement régulé ?

- Fermé

- Pression extérieure ?

- Ouverte

- Arrivée oxygène ?

- Fermée

- Echappement 1 pouce ?

- Fermé

- Pilotage oxygène ?

- Ouvert

- Pointeau de sécurité oxygène ?

- Fermé

- C’est bien Maurice, on va passer à la respiration

- Tu disposes les vannes du tableau plongeur, tu tares à 10 bars et fais un essai respiration.

- Ok, ça marche

- Tu disposes les vannes du tableau bellman, tu tares à 10 bars et fais un essai de respiration

- Ok, ça marche

- Ok Maurice, check-list terminée, tu peux dire au plongeur de passer dans la tourelle.

Tout excité, je m’installe sur le petit strapontin pendant que le bellman ferme la porte latérale. En surface, on décomprime le hub, puis l’instant d’après un des plongeurs de surface déconnecte la tourelle du caisson à grands coups de masse. Ca y est, la tourelle se déplace jusqu’au bout de son portique, se soulève un peu, puis lentement commence à descendre. Par les hublots, on peut voir que la nuit est déjà tombée.

Mon premier chantier offshore

Le passage de la surface de l’eau est assez mouvementé et la tourelle bouge dans tous les sens. Maurice me dit de bien me tenir. Puis très rapidement le rodéo se calme et la tourelle descend en douceur vers les abîmes.

Soixante-cinq mètres, la porte inférieure s’entrouvre légèrement sous l’effet de la pression et un filet d’eau rempli le fond de la tourelle. Aussitôt, Maurice annonce porte ouverte et fait stopper la descente.

Je peux maintenant voir le fond de la mer dans le halo des projecteurs tourelle autour desquelles nage une multitude de morues.

Délicatement, je trempe la main dans l’eau. Brrr, qu’est-ce qu’elle est froide. Heureusement, Maurice va maintenant brancher le circuit d’eau chaude sur mon vêtement de plongée et je pourrai me réchauffer un peu avant de m’immerger. Le chef de poste m’appelle :

- Ok Francis le jet est à environ cinq mètres du fond.

- Ca va, pas trop nerveux pour cette première ?

- Non pas de problème.

Ca y est, je suis maintenant complètement équipé et après un essai de communication avec la surface, je fais le signe OK à mon collègue et me laisse doucement glisser dans l’eau glacée. Aussitôt, je ressens l’agréable circulation d’eau chaude dans mon vêtement.

Super, j’ai l’impression d’être dans un bain chaud. Lentement, je me laisse descendre sur les contrepoids de la tourelle et fais un tour complet sur moi-même pour regarder ce qu’il y a autour de moi. Il fait noir et je ne distingue rien au-delà du faisceau des projecteurs.

Un petit peu à tribord de la tourelle, je peux voir le jet qui se balance à quelques mètres du fond. De la surface, un appel me rappelle à l’ordre.

- Francis, tu es prêt ?

- Ok surface, j’ai repéré le jet.

- Bon, première chose à faire, tu pars à la recherche tu pipe.

- En principe tu devrais le trouver en partant sur 3h00.

- Bien compris surface.

Je me laisse couler sur le fond qui se trouve quelques cinq mètres plus bas, puis pars vers 3h00. Je me déplace lentement sur le fond, plus je m’éloigne de la tourelle, plus il commence à faire noir. Mais malgré tout la visibilité reste bonne. Au loin, je commence à apercevoir une masse sombre. Ça doit être le pipe. Effectivement, quelques mètres plus loin le pipeline de 36 pouces est là posé sur le fond de sable.

- Surface, ça y est, je l’ai trouvé !

- Ok Francis, assied toi dessus, je vais demander au bellman de combien tu es sorti.

- Maurice, est-ce que tu peux me dire de combien de mètres le plongeur est sorti ?

- Plus ou moins trente mètres.

- Trente mètres, merci.

- Ok plongeurs, on va faire un déplacement de barge de vingt mètres sur tribord.

- Maurice, tu surveilles le narghilé.

- Bien compris, on bouge la barge.

Lentement, les divers treuils de la barge se mettent en marche. Certains donnent du mou sur les câbles bâbord tandis que d’autres reprennent sur tribord. Doucement, je vois la tourelle se rapprocher de moi. Ca y est, je commence aussi à distinguer le Jet.

- Surface !

- Oui Francis.

- Ca y est je commence à voir le Jet.

- Ok, on a bientôt terminé le déplacement.

Quelque instant plus tard, le chef de poste annonce :

- Vingt mètres, mouvement terminé.

- Plongeur tu peux me dire à combien on est tu pipe.

Je regarde un peu vers le haut, et peux maintenant voir cette énorme masse d’acier de plusieurs dizaines de tonne se balancer dans tous les sens au gré de la houle.

- Le jet est à environ cinq à six mètres à bâbord du pipe.

- Ok Francis, maintenant c’est à toi de jouer.

- Tu nous amènes d’abord la machine au-dessus du pipe.

- Ok bien compris.

- Tu peux encore faire bouger la barge de trois mètres sur tribord.

- C’est parti pour trois mètres.

Au bout de deux ou trois petits déplacements supplémentaires, le jet est finalement à la verticale du pipeline. Toujours assis sur celui-ci, je prends maintenant deux à trois minutes pour en étudier son comportement. Celui-ci a un ballant vertical d’environ deux à trois mètres, en même temps qu’il oscille latéralement d’un bon mètre.

Résultat, je stresse un peu car à cause de ces mouvements aléatoires, je n’ai pas beaucoup de marge de manœuvre. En surface, le chef de poste probablement houspiller par le chef de barge me demande d’agir.

- Oui oui, ne t’inquiètes pas, ça va venir, je n’ai juste pas envie de défoncer le pipe. Une dernière fois, je m’assure que mon narghilé passe bien derrière moi et ne risque ainsi pas de passer sous la machine. Allez j’y vais.

- Surface descendre le jet doucement jusqu’à ce que je dise STOP

- On descend jusqu’au stop.

Les rampes d’injection de la bête se rapprochent dangereusement du pipe.

Mon premier chantier offshore

- STOP la descente.

- C’est stoppé.

A cause de la houle, l’énorme masse d’acier danse maintenant jusqu’à quelques centimètres du dessus du tube.

- OK, tenez-vous prêt à laisser tomber le jet.

J’attends encore quelques secondes, puis, jugeant le bon moment je gueule :

- DESCENDS ! DESCENDS ! DESCENDS !

Aussitôt, l’engin se met à descendre rapidement par-dessus son pipe jusqu’à ce qu’il butte dans le sable en même temps qu’un gros nuage de poussière se dégage du fond. Quelques instant d’après, la surface m’informe que la tension du câble de retenue indique que la machine est posé. Ouf, je pense que je n’ai rien cassé.

Rapidement, le petit courant qui règne sur le fond balaie le nuage de sable, et je peux maintenant distinctement voir qu’effectivement le jet chevauche le pipeline. Mais à cause de la dureté du terrain, les deux rampes de d’injection ne se sont enfoncées que de quelques dizaines de centimètres.

- Surface !

- Oui j’écoute Francis.

- Bon, le jet est bien posé, mais il faudrait qu’il descende encore un mètre cinquante avant que les patins ne touchent le fond.

- Bien reçu, vas te mettre sur les contrepoids de la tourelle, on va mettre les pompes en route pour le faire descendre.

- Maurice, reprends le mou du narghilé, le plongeur revient sur les contrepoids.

- Ok je reprends.

Je suis maintenant à l’abri depuis deux à trois minutes, lorsque tout d’un coup un boucan énorme commence à se faire entendre. Ce sont les lances à hautes pressions et les pompes qui se mettent en marche. Le sifflement aigu devient de plus en plus fort, j’ai l’impression de me trouver à côté d’un avion à réaction qui décolle. Le bruit est tellement fort que tout d’un coup j’ai peur que cela n’explose.

Autour de l’ensouilleuse, un épais nuage de sable commence à réduire la visibilité. A bout de quelques minutes le vacarme diminue un peu. Le chef m’appelle :

- Bon, Francis, on a arrêté le jetting et le pompage, et ouvert le circuit interne.

- Est-ce que tu peux aller voir si les patins sont bien posés.

- Euh, je veux bien, mais le jet tourne encore.

- N’ai pas peur cela fait du bruit, mais les pompes sont coupées et tu ne risques rien.

Sur le fond, la visibilité est nulle. Heureusement le jet ne se trouve qu’à quelques mètres de la tourelle et je le retrouve facilement.

Mon premier chantier offshore

Effectivement, la machine est descendue et les deux patins reposent maintenant bien sur le fond. - Surface le jet est bien en place.

- Parfait Francis, bien travaillé tu peux rentrer à la tourelle, plongée terminée.

C’est donc tout heureux d’avoir réussi ma première plongée profonde, que je retourne dans la tourelle où j’allais fièrement pouvoir en discuter avec mon collègue.

Mon premier chantier offshore

Pendant les deux journées suivantes, nous avons encore pu effectuer quelques plongées d’inspection. Puis en fin d’après-midi Jacques vint nous dire qu’une nouvelle tempête était annoncée et que la barge devait relever les ancres pour aller se mettre à l’abri.

Résultat, il fallait nous décomprimer.

- Quoi déjà ! Dis-je à mes copains plongeurs.

- Eh oui, c’est toujours comme ça en hiver en mer du Nord, quelques jours de boulot et puis standby météo me répond Alain qui continue en me racontant qu’une fois il avait passé tout un mois en mer sans faire une seule plongée à cause du mauvais temps.

Notre décompression dura près de septante heures. Comme la barge était à nouveau en remorque, on pouvait sentir qu’elle roulait beaucoup. Peut-être était-ce à cause de la pression ou bien alors au fait que j’attrapais à nouveau le pied marin, mais je n’en souffrais pas le moins du monde. Au cours de notre décompression, notre plongeur canadien avait apparemment beaucoup de mal à ne pas pouvoir griller sa petite clope. Résultat, pour compenser son manque de nicotine il gardait au coin des lèvres une cigarette (éteinte) qui au fil des heures n’arrêtait pas de diminuer de longueur à force d’être mâchonnée.

Le mardi 21, la porte de notre caisson s’ouvrit en début d’après-midi et je pouvais ainsi à nouveau respirer l’air pur de la mer du Nord.

Le restant du chantier se déroula comme il avait commencé, par une longue période de standby météo. Puis vers la fin du mois le temps devint à nouveau plus calme et une nouvelle équipe pouvait entrer en saturation.

Pour moi la fin du séjour était proche car ma relève était prévue dans les prochains jours. Finalement, le 2 février, je refis le chemin inverse et me retrouvai deux jours plus tard au sein de ma petite famille, et dans les bras de ma petite chérie qui m’avait tant manquée.

Papy One

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6 mai 2015 3 06 /05 /mai /2015 13:35

In November 1990, an oil company based in Cameroon decided to remove two old wellheads and a signaling spar from a dry up field and therefore called to the company I was working for.

In those years the most commonly used methods for this type of dismantling was explosives.

Of course, these kinds of products could not be used just like that by whoever showed up because placed in inexperienced hands; this tool could become extremely dangerous.

At that time, explosives engineers were not common within the company and I made part of the few supervisors who got all the necessary licenses required for the implementation of these stuffs. And so, this is why the CX operation services decided to send me to Douala to perform this job.

The Night flight from Paris to Douala took place a few days later without problems and on arrival it was nice to find back this little warm and moist air which contrasted with the winter weather I had left a few hours earlier.

Going through the customs formalities was much easier than in other African countries and once past , I was picked up by my colleague Henri BWABE a local commercial diver, a super nice and competent guy who a few years earlier had survived a helicopter crash where he did despite the dramatic situation managed to save several other workers from drowning.

As I had traveled all night, he took me first to the hotel so that I could take three or four hours rest before starting the preparation of the project.

Sharp at noon he was there again. We took a little lunch together at the hotel and at 0:2 p.m. we left to meet the 2 client representatives. They explained in detail the nature of the work and asked me to prepare a working procedure for the following days.

After that, we left for the local agency where a small desk and a telephone were placed at my disposal.

The first part of my job was to get in touch with the local supplier of explosives, to see what kinds of products he had to sell.

In the past, I already had the opportunity to make dismantling works of submerged metal structures and therefore used a two-component liquid explosive with a very high performance, but here I doubted that this explosive mixture was available.

I was right, here the choice of the products was fairly limited and I was therefore forced to use the product invented by a certain Mr. Alfred Nobel in 1867 that’s to say dynamite. Having received the technical characteristics of the selected explosive I began to calculate the quantity of product I would need to complete my severing work.

Following the information I had received from our client, I knew that the two wellheads I had to severe were composed of a 30’’ outer casing plus a 10’’ and 7’’ internal casing with the inner spaces filled with concrete.

Thus, knowing this plus a few other parameters, I decided that the best way the blow those tubes up would be to use an internal bulk charge.

The signaling spar was instead made by a single tube and in this case I considered that it would be much easier to implement an external cutting charge around it.

To allow me to fill the purchase order I still had to calculate how much explosive I would use.

This was made with the help of a formula that gave as results 55 kg of dynamite for each wellhead and 20 kg of that same stuff for the external charge.

It must be known that the purchase and implementation of explosives are in most countries subject to a very strict regulation and of course it was the same here in Cameroon.

The requested working procedure had been written in a few hours and thus the only thing I had to do now was to wait to all the necessary clearance papers.

The swimming pool and the bar of the Ibis hotel was very welcoming, but staying there all day , no thanks, I preferred by far spend my days with my new buddy Henri, who was delighted to show me his town and the surrounding area.

A few days later, after having received all necessary permissions, I let come my dive team that was composed by José, Yves, André, three French divers assisted by my friend Henri and Jean, another Cameroonian diver.

November 30, we embark aboard the Crystal Fish a supply boat that was going to be our working support for this project. The day was devoted to mobilize our diving equipment and around 02:00 p.m. everything was secured and the only thing we were still expecting was the explosives.

They arrived under high military escort on the shot of the 04:00 p.m. and after a few mandatory signatures, were immediately transferred to the storage container where they were immediately locked for safekeeping.

05:00 p.m., we were now ready to leave the port of Douala and the order was given to release the vessel ropes.

The last mooring line was at the point to be dropped when all of a sudden a stowaway appeared on the after deck under the guise of a cute black and yellow snake that immediately went to hide under the diving container.

Seeing this, Henri our African colleague immediately gave orders to the crew to close all the passageway doors to prevent the snake from entering into the boat where he would have been very hard to locate.

On our side, we tried very carefully to dislodge the monster from its location using a pike pole. Not easy to reach him, the snake was well hidden. Then after several minutes the frightened animal suddenly decided to move from under the container to one of the diving umbilical’s where he curled himself in.

For its part, the Captain began to get impatient because time began to count if we wouldn’t want to miss the tide and so the only thing left to do was to use drastic measures. The firefighters lance was implemented and finally thanks to the strong water flow the dangerous reptile was thrown overboard.

Phew, the last mooring line could now be dropped and our supply boat sail for the open sea.

The voyage was relaxing and, finally after a dozen hours of night navigation, we arrived on the oilfield. Just the time to take a little breakfast and we could now start to deploy the working material.

As the aft deck of our boat was too short to hoist the blasted elements entirely on board it had been decided to tow them slowly on the bottom one by one to a deep water zone.

Therefore the first day was devoted to strap all the wellhead casings together so as to not lose pieces during the towing.

While a part of the crew was busy with these securing works, José and I could now start the assembly of the first bulk charge.

05:00 p.m., everything was ready. The wellhead was secured, the supply boat towing line was installed and my first charge was locked in the container until tomorrow morning. I had just to make a radio call to the field manager to inform him of the situation and confirm that I had planned the blasting at 08:00 a.m.

Next morning: standing up at dawn for everyone. The night had been very quiet and the sea was as flat as a mirror.

My first job was to go to the radio room and inform about the weather conditions. Perfect, no risk of thunderstorm was forecast for the next hours which meant that I could start the operation.

I immediately made another contact with the field manager to confirm the shot and also remind him that we were going to have a radio silence starting at 07:00 a.m. This let me then one hour to install my charge and connect my blasting circuit without risking a premature detonation due to radio frequency energy hazards.

07:30 a.m., everything was ready, the 55 kg dynamite was hanging correctly inside the central tubing about 3 m under the mud, and what was just left to do was to connect my two electric detonators to the detonating cord.

Yet, something began to intrigue me. When I started my loading job, the sea with the exception of our boat was absolutely deserted, and now half an hour later it was infested by little fishing boats. These had probably been informed by the bush tam-tam that a miraculous fishing party would take place in the morning.

What could I do, wait until they go, certainly not because now that they were there, for sure they would not go away. Result, I finished my electrical connection, and then climbed down the structure to jump into the zodiac in which José and Henri were surveying me.

Slowly, the zodiac set out towards the supply boat while I carefully unrolled the firing line.

During the preparation of this operation, I had calculated that the detonation of my explosive charge would produce an underwater shock wave that would be dangerous to a distance of approximately 570 meters and clearly a large number of pirogues were inside this danger zone.

Besides this, as they had nothing else to do than wait, many fishermen were taking a nap lying in their boat with often their hands and feet dipping in water which was not safe at all.

Once on board, I asked the Captain to take the megaphone and inform them of the risks. No reaction, a new message was made in English and Pidgin, nothing, nada, niet, those bastards didn't deign to move.

Of course for me it was impossible to shoot in these conditions. I therefore decided to break the radio silence to inform the field manager of the situation and told him that to disperse all these boats, we needed the assistance of the Cameroonian Navy and some of the speedboats that were working on the field.

The dissuasion task force arrived on site some twenty minutes later, but despite the navy injunctions, very few fishermen moved.

The rest of the pirogues were finally chased from the restricted zone with the help of the speedboats firefighting water guns.

And it was so that between all that confusion I had to choose the best moment to shoot the bulk charge.

As expected, the explosion made a low acoustic wave immediately followed by a huge water column about 20 meters height.

Then barely a few seconds later, there was the fantastic rush. All the canoes set off and surged towards the area where already dozens of fresh fish began to surface.

For us, the first part of the mission was completed. The wellhead was now lying down on the bottom waiting to be trailed to the drop zone.

The severing of the second and third structure went as well as the first one except that this time we had taken care to require the attendance of the deterrent force well in time to avoid any surprises.

A few days later, I was back in Douala with Yves and André who were due to return to France the same evening, while I had to stay ashore a few days more to prepare a new project.

It was the eve of the weekend and so I told myself that I would probably be quiet for two days and thus prepared myself to spend a pleasant evening.

Bad luck, because early in the evening, I received a phone call from the local office informing me that my colleague José who did remain at sea with another team of divers requested my urgent assistance.

Indeed, Désiré, one of his Cameroonian divers had made a serious decompression accident. Immediately, with the assistance of the local agency manager we tried to persuade the oilfield manager, to charter a helicopter to bring me the barge.

The later was a bit reluctant because night flights were not allowed on the field but finally after a few minutes of discussion and given the seriousness of the situation, he nodded and gave us the green light.

Immediately, we made a new phone call to the heliport to inform them of the situation, but we met a new problem.

As night flights were not planned, there was no pilot on stand-by and to make things even worse, most of them were busy partying and had already abused the bottle which was not very reassuring to flight.

Result, and probably to play it safe, it was two half sober pilot’s that we saw arrive at the heliport and who a bit latter invited us to take place in the helicopter.

Indeed, although Yves and André had to fly back to France, I asked them to accompany me to the barge because having heard about the gravity of the accident; I feared that the therapy might be long with quite a lot to do. In addition, Yves Langouet was also a qualified life support technician which could given the situation be very helpful.

Once installed, the pilots began the checklist, and at 09.00 p.m. precise the chopper took off.

Half an hour later the Bos 300 was in sight and shortly after the helicopter landed safely.

On the barge, José had in accordance with the encountered symptoms, started a therapeutic CX 30 table. Although he had only made a short dive at 23 meters our poor Cameroonian diver had indeed developed a neurological problem right out of the water and sank into unconsciousness shortly after.

No chance for him either, the client had sent the dive team on a site located away from the barge where the DDC was installed and therefore our unfortunate victim had lost nearly an hour before he could be recompressed at 30 meters.

Désiré regained consciousness in the recompression chamber but unfortunately had paraplegia of the lower limbs.

Once there, we relieved our colleague so that he could relax a bit from this stressfully situation he was on since a few hours.

The therapeutic treatment lasted a few more hours during which the present divers went alternately into the DDC to assist the unfortunate diver.

At the end of the treatment, our diver was again able to stand upright, but with a lot of difficulty.

Meanwhile, on my side I had already been in radio contact on several occasions with our doctor in Marseille to keep him abreast of the situation. In the light of what I told him, he advised me to consolidate the treatment by a series of additional recompressions spread over the week, but as there was no therapeutic chamber in Douala, I was obliged to spend the week on the barge assisted by my colleague José.

The various recompressions still improved slightly the condition of our African colleague, but unfortunately he still had a urinary retention problem and loss of balance was still frequent.

After these several recompression sessions, Désiré was transferred to a hospital in Douala where he stayed for another few weeks.

As for my colleague Jose and I our job in Cameroun was now nearly terminate and to thank us we were both invited to a dining party by our agency Manager before returning to home.

A few days later, time had also come for me to return to Europe.

My buddy Henri accompanied me to the airport to say farewell.

It was the last time that I saw him because he unfortunately disappeared while diving in scuba a few years later.

Conclusion: When your hour is there, it's there.

Papy One

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11 avril 2015 6 11 /04 /avril /2015 08:59
Help! Help! Diver is burning

We are in September 96 a few hours before my working week stops. I’m finishing a little intervention in a French river when suddenly my beeper informs me that I have to call my boss. Shit, that will probably mean that the nice week end I had planned to spend with my lady will be fucked off. Indeed, having found a telephone booth in the nearby village my company informs  me that they have received a call from a big French company who was actually driving a tunnel in Berlin. They had a problem with the progression of the TMB and were asking our assistance to perform some cutting and welding in the shaft. Having never visited this city, I immediately accepted the offer to go there and proposed to contact two other guys to come with me. The next morning together with my colleagues Jürgen and Jean-Michel, we are on the road to the site where we are expected to start work the same evening. The journey to Berlin was uneventful and at the stroke of 8 pm we were in the engineer’s office ready to hear the nature of our work. He explained us that we had not to work in water but instead in the dry and under pressure in the front part of the tunnel boring machine. 

Help! Help! Diver is burning

This kind of big machine, somewhat identical to that which dug the channel tunnel is pushed into the soil by enormous hydraulic jacks while a large rotating cutting wheel excavates the ground in front of the shield. The Berlin soil was mostly composed of sand and up to now the tunnel had already progressed over a length of 3 km without problem but since a few hours the machine refused to move. During their investigation, the engineers had discovered that what was blocking the progress of the elements was neither more nor less than a piece of rock. Knowing what was preventing the advancement was one thing but now that piece of rock had to be broken and evacuated. As you can imagine it’s by no way possible to go outside the shaft to do the demolition. No, the only manner to have access to it was to cut a window out of the shaft just above the stone. Doing such a cutting at atmospheric pressure would have presented no difficulty and despite the thick steel wall of the shaft would have been realized in a few hours. But in the present case, the working pressure was 3.2 bar (kg/cm²) which can be compared to a water depth of 32 meters and thereby the risk of fire could be high. Indeed, as every diver knows when the pressure increases, the partial pressure of the oxygen in the ambient air we breathe also increases which has as a consequence to accelerate the combustion of things. Knowing that, you immediately see that the use of a classical burning torch or a Broco torch was not the adequate solution because the supply of oxygen would quickly increase the percentage above 25% and so increase the risk of a deadly flash (such an accident took place in Belgium a few years earlier, causing the instant death of all persons present in the shaft). The steel wall we had to cut was 6 cm thick and to avoid the risks mentioned above I opted to use an arcair gouging torch with carbon rods what in those years was one of the less dangerous ways to work. But even if I used air instead of oxygen there remained a risk of fire and therefore I required that a tender equipped with water lance should be ready to intervene at the slightest alert during the cutting process. Being the team leader, I proposed to do the first shift to start the work that I estimated would last for approximately 72 hours. Pressurizing took place without problems and once at the required depth my tender and I passed to the other side of the airlock where I had to work.

Help! Help! Diver is burning

The exact position of the cutting had been marked by a previous team and so I could rapidly install my burning gear. The place was quite cramped and therefore I proposed to my German assistant to stand on the small bridge we had just used to pass the sas. I was now ready to start, to avoid burns due to the projection of molten metal I had fully dressed myself with leather clothes. Of course, gouging such a thickness is relatively slow and I need to pass into the kerf many many times to blow the molten steel away. I’m now cutting for about one hour and have reach a point where I need to lay on the bottom to have a better access to the line I have to cut.

Help! Help! Diver is burning

But the bottom is covered with a thick layer of bentonite mud which means that if I lay myself down, I will immediately get soaked through and therefore increases the risk of being electrocuted. What to do? Not difficult: I asked my tender to pass me one of the integral raincoats that is hanging outside the sas. Equipped with it, I can now lie down in the mud and resume my cutting. I was cutting again without a problem for about 10 minute when suddenly I could see that the inside of my welding helmet reflected flames that came from somewhere else than my cut. Strange I thought, so I ceased my cutting, lift my visor and Horror! Saw that my left leg was burning. Immediately I tried to extinguish the flames by tapping them with my leather gloves while that at the same time I was expecting to receive a jet of water from mate. But nothing came. Fucking hell what is that con above me waiting for? While screaming I stood my head and 'Help', saw that there was nobody on the stage. I could now feel that the fire had progressed and had probably consumed a part of my leather pant because all of a sudden, a sharp pain irradiated my knee. Desperately I still continued to tap the flames but without result, my pant continued to burn. As I did not want to completely finish like a living torch, I did the only thing that I had to do. Make a roll, turn myself and plunge my leg in the mud. The effect was immediate, the flame died while that at the same time I received a shower of cold water coming from above me. You stupid bastard, where were you? Why have you not react immediately? My assistant was really confused, he did not know what to say to apologize. What had happened? In fact, he had simply passed into the airlock for a drink at the time where the incident happened. All this would not have happened if he had informed me because I would have stopped to cut for one or two minutes. Anyway it was too late my raincoat left leg had completely melted away and my leather pant had been badly attacked by the flames but was still covering my knee preventing me to see the gravity of my injury. Anyway, the shower had entirely soaked me from feet to head and so no more question to continue to work in these conditions and thus my German mate informed the surface of the accident via the internal phone. As it could be foreseen the surface at her turn informed us that we had to enter the airlock for decompression. Luckily, our time under pressure was nearly over, only twenty minutes more to go thus I presumed that the client would not complain too much for the lost time. The decompression lasted some 100 minutes, which left me time to undress myself and look at my wound. Oh! Yes, not bad at all. I had a nice wide second degree burn. To mitigate the effects of pain and clean the wound, I asked for a few bottles of icy water. During the decompression, my companion was still very sorry about what had happened, but in fact the great part of responsibility was on my side because I should have remembered that a rain suit is by no way a fireproof cloth. The decompression went on without problem and at the exit a doctor was already waiting for me. His diagnosis was pretty harsh because he considered that the injury was serious and he advised me to return to Belgium. I immediately could see that the project manager was a bit upset by this decision because it meant that in this case I would take my two colleagues with me and leave him in a difficult position. So I refused his advice and decided to stay. To avoid infection, the doctor advised me to put a watertight bandage on my knee before every shift and no need to say that I followed his advice to the letter. But despite this, my leg made me suffer because I had a lot of trouble to bend my knee. As expected, the cutting of the window took another 3 days followed by a few hours to hydraulically burst the boulder. Once that first part of the mission completed, we stayed two more days to make some welding work on the TMB teeth and at the end of the week our job was entirely finished.

Help! Help! Diver is burning

Despite the incident, the client was very satisfied with our service because they could now resume their progression and so to thank us he made us discover Berlin by night.

 

Conclusion:

Sometimes we believe to have made a correct JSA that covers every hazard and we forget what is obvious.

 

Papy One

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4 avril 2015 6 04 /04 /avril /2015 09:10
The salvage of the DN31

Wednesday, December 8, 2010, as usual, the DN31 dredge is busy to level the bottom in front of the Berendrecht lock. In the sluice, the Crystal Topaz tanker prepares to come out of it with the assistance of a pilot. 9:20 pm, the door opens and the tanker set out towards the river.

 

The salvage of the DN31

For some unknown reason the tanker quickly faces the working boat which due to his towed hoe is unable to move laterally. 9:30 pm collision time. The hull of the dredge is deeply perforated on the port side by the bulb of the Topaz Crystal and under the force of the impact the DN31 capsize instantly.

The salvage of the DN31
The salvage of the DN31

Despite the huge gap, the dredge remains floating; apparently the watertight bulkheads are not affected.

The salvage of the DN31

Immediately the alert is launched and help is organized.

 

The salvage of the DN31

Antwerp firefighters diving rescue team arrive quickly followed by a helicopter equipped with a thermal camera.

The salvage of the DN31
The salvage of the DN31
The salvage of the DN31

In effect, three men do part of the crew of this ship. Did they fell in the water, or instead remained in the wreck, for the time being, no one knows what they have become. Apparently, no signal is heard on the hull, bad sign. To be sure, a dive has to be made to attempt entering the wheelhouse where maybe an air pocket can exist. On-site, firefighter’s divers are not very motivated to do this dive because in this part of the Scheldt, the current is important and the visibility is zero. Luckily for them, from the beginning of the alert, the BDC assistance is also requested to help the rescuers and at 23:00 a team of their divers is also on-site. Immediately Thierry our most experienced man proposes to do the dive.

The salvage of the DN31

The task is not that simple cause every diver knows that it is not easy to find his way in a wreck that is unknown, while saying in wreckage floating upside down. Mind, our diver, one of the best currently on the market manages despite difficult conditions to enter the room. There, after some research he comes across the body of one of the crew members and bring him back immediately to the surface. Unfortunately, it is already too late; the guy will not be revived. Without losing time Thierry goes back to another compartment from the wreckage where there is still a slim hope of finding the two others sailors, but arriving at the door of it he discovers that she is locked and cannot open it enough to enter. In the water, the tidal current becomes increasingly strong. Diving becomes this dangerous that the team leader decides to interrupt it. Unable to do anything more on the spot, the authorities decide to tow the floating wreckage to one of the docks in order to implement the Security pending the lifting equipment.

The salvage of the DN31

Very quickly, the technical decisions are made. The RAMBIS will make the turn over and the lift. But the lifting pontoon is currently in Holland and it will take a few hours before his arrival on the spot. In the meantime, our divers can already install the messengers under the wreck who will later be used to pull the huge slings of steels.

The salvage of the DN31

The RAMBIS Arrives the following night. Immediately the crew starts works.

The salvage of the DN31
The salvage of the DN31
The salvage of the DN31
The salvage of the DN31
The salvage of the DN31
The salvage of the DN31
The salvage of the DN31
The salvage of the DN31
The salvage of the DN31

As the dredge still lay upside down, a turnover is necessary in order to pump the water out.

The salvage of the DN31
The salvage of the DN31
The salvage of the DN31

Everything is now ready. The turnaround may begin. Six minutes later, the dredge has regained its normal position and the compartments can be emptied of their waters.

The salvage of the DN31
The salvage of the DN31
The salvage of the DN31
The salvage of the DN31
The salvage of the DN31
The salvage of the DN31

Unfortunately, for families, inside those no trace of the poor sailors.

The salvage of the DN31
The salvage of the DN31

For us, the rescue is completed. It remains only to retrieve the container filled with equipment that lies somewhere in the middle of the Scheldt.

The salvage of the DN31

As for the dredging unit, she was send on a shipyard in the Netherlands for repair.

The salvage of the DN31

Papy One

Photos : FH / NICO / BDC / Internet

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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 15:57
The Zombie Diver

Let us make a little return to the construction of the Rupel Tunnel.

As I had already written in a previous article, this construction was for us commercial divers one of the most important works in Belgium and we were several diving teams to work there in various locations at the same time.

One day, I don’t exactly remember why the diving supt. asked me to stop my current dive to rapidly go to another part of the site to make an inspection.

When we arrived I could see that another diver was in the water on the same spot and thus while my assistant was setting up the dive plant, I went to see my colleague George to explain him that I had to make a small bottom inspection in the vicinity.

In those days I was quite a practical joker and while discussing with him a little joke reach my brain and thus I asked Georges to not inform his diver of my presence.

A few minutes later everything is ready and I can jump in the water.

Rapidly I join the down line and start my descend to the bottom.

During the descent, the light disappears very quickly and once on the bottom at some 24 meters, it is so fully black that even the beam of a flashlight would not be seen.

Immediately, I call my tender to know how far I find myself from the other diver.

My tender tells me: «If you look towards the sheet piles go to your right, Jean-Marie is more or less 7 meters from you».

I inhale a deep breath, then very slowly while holding my breath I'm moving to his direction.

Here he is I hear its breathing.

Immediately, I base my breathing on his own so that he can’t detect me.

I still keep to approach very slowly, then when I'm almost at his side, I lay myself down on my back right in the axis of its displacement.

The sound of his breath grows; I hear that he is coming on me.

Again I hold my breath because I do not want him to detect the air bubbles coming out of my regulator.

There he is, he buts on me, stop moving and begins to feel me up.

He seems feverish.

While he feels me up, I hear him call: ’’ Surface! Surface! pick up diver slack, I have found something, I come up”.

Strange I thought, he does not mention that he found a diver.

I now feel that he grabs me by the harness and pull me up.

I need to breathe, thus again start to take mini inspirations always set up on his own breathing rate.

The ascent begins; Jean-Marie holds me firmly but is still making no comments to his tender.

Take care, the water clears up, we are approaching the surface.

A few moments later we burst the surface.

Our two diving hoods are facing.

Through my half-closed eyes, I see that Jean-Marie look at me with surprise probably wondering what I was doing next to him.

For me, it’s too much I cannot bare more.

I suddenly throw my arms to the sky and push a huge cry as a Devil coming out of his Pandora's Box.

It's too much; my poor colleague is so shocked that I believe he going to make a heart attack.

I can’t stop myself from laughing even under Jean-Marie blows that are now raining down on my hood.

It’s not possible, I'm a fucking bastard.

Of course, for a long time we spoke of this macabre joke.

Then with the years the story fell into oblivion until this day of October 87 where I was supervising a dive in the Persian Gulf.

One of our divers nicknamed Rika Zaraï had completed it’s in water decompression and I had given him the signal to come up.

Oddly, I received no acknowledge response, silence on the comm’s.

I went to the diving ladder to check what was happening and there saw my diver floating motionless at the surface.

Immediately, I called the rest of the team who were already equipping the next diver to come lend me assistance.

They threw themselves on the umbilical while I got myself in the water to put the unfortunate diver on my shoulder in order to facilitate its recovery.

But I had barely started to climb the ladder that all of a sudden he did to me the same joke that I had done to my poor Belgian colleague.

Full with rage I throw him back in the water and sent my foot in the helmet.

There, I understood all of a sudden the anguish that my poor Jean-Marie must have felled.

Conclusion:

Like Confucius says, Do not do to others what you do not want them to do to you.

 

Papy One

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