Bonjour à tous,
Pour ceux qui le souhaites vous pouvez maintenant télécharger et imprimer “La petite histoire du découpage sous eau “ dans son entièreté à: https://www.academia.edu/24940668/La_Petite_Histoire_du_D%C3%A9coupage_Sous_Eau
Et chez nos collègues anglais ?
Il est difficile de dire qui a fabriqué le premier chalumeau découpeur sous-marin en Angleterre. Ce qui est certain c’est qu’en 1919 deux chalumeaux sous-marins oxyacétyléniques arrivent au Royaume Uni suite au rachat par l’entreprise Maritimes Salvors LTD de New Haven de 2 bateaux de sauvetage le Restorer et le Reliant à la Marine américaine. La marque de ces chalumeaux n’est pas préciser mais ils faisaient partie de l’équipement et outillage vendu avec les bateaux (83).
Au début des années vingt, Siebe Gorman entreprend la conception d’un chalumeau sous-marin et pour ce faire la firme décide d’en tester plusieurs.
Le Picard deuxième génération est ainsi testé en novembre 1924
Photo n° 42: test de découpage du Picard 2ième génération AD-8 dans la cuve Siebe Gorman en 1924 (84)
Photo n° 43: test de découpage du Picard 2ième génération AD-8 dans la cuve Siebe Gorman en 1924 (84)
Photo n° 44: test de découpage du Picard 2ième génération AD-8 dans la cuve Siebe Gorman en 1924 (84)
Apparemment le chalumeau français séduit puisque le modèle qu’ils vont créer en reprend les principes c’est-à-dire chambre de combustion et veilleuse d’allumage.
Figure n° 17: Schéma du premier chalumeau Siebe Gorman (85)
En 1933 un autre chalumeau oxyhydrique est commercialisé par la firme Underwater Cutters LTD (86) et en 1938, un article paru dans « The Electrical Journal» (87) mentionne que ce chalumeau a été utilisé pour découper 30 mètres de palplanches à -3 mètres de profondeur.
Photo 45: Chalumeau Underwater Cutters LTD (88)
Figure 18: Détails mise en œuvre Chalumeau Underwater Cutters LTD (89)
Vient ensuite le chalumeau fabriqué par B.O.C & Siebe Gorman. C’était un chalumeau très performant avec lequel le scaphandrier pouvait avoir une vitesse de coupe de 60 cm par minutes.
Comme on peut le constater sur la photo n° 46, l’entreprise a supprimé la veilleuse d’allumage ainsi que la chambre à combustion qu’elle avait utilisée sur son premier chalumeau et utilise cette fois le principe de la bulle d’air comme utilisé sur les chalumeaux américains.
Une première mention de l’utilisation de ce chalumeau est relatée dans un article qui décrit un des découpages au chalumeau oxyhydrique les plus célèbres de l’histoire (90).
Photo n°46: Chalumeau B.O.C & Siebe Gorman (91)
Celui-ci a lieu en 1944 sur le navire de guerre britannique H.M.S Valiant. Ce cuirassé engagé dans la bataille contre les japonais avait subi quelques dégâts qui l’avaient obligé à passer en cale sèche à Ceylan, mais suite à une fausse manœuvre lors de la mise à sec celle-ci se brisa et coula.
Heureusement, le cuirassé resta à flot mais en coulant l’énorme structure endommagea un des gouvernails du navire, les deux arbres d’hélice intérieurs ainsi que ses deux chaises d’arbre en forme de A.
Comme il n’y avait plus aucune installation susceptible de recevoir un navire de cette taille dans le Pacifique il avait été décidé de l’envoyer à Alexandrie. Malgré ses avaries, le cuirassé pouvait encore naviguer de par lui-même mais seulement à la vitesse réduite de 8 nœuds car les vibrations générées par l’inertie des deux hélices centrales étaient énormes.
Arrivé en baie de Suez le Commandant en chef, Sir John Cunningham contacta une de ses bonnes connaissance le capitaine de Corvette Peter Keeble un spécialiste du sauvetage maritime et scaphandrier émérite afin de savoir comment éliminer ce problème. C’était simple, pour Peter Keeble il suffisait de couper et de larguer les pièces défectueuses au fond du port.
Il ne fallut pas longtemps à Cunningham pour se décider et il donna une semaine à Keeble pour réaliser ce boulot (92).
Figure 19: Poupe du H.M.S Valiant (93)
Celui-ci contacte à son tour le sous-officier Nichols autre spécialiste des travaux sous eau et à eux deux ils vont entreprendre ce découpage qui est loin d’être simple.
Il faut dire que le poids total de chaque élément à enlever est d’environ 26 tonnes.
Pendant 2 jours Nichols traficote un peu le chalumeau sous-marin et lorsque celui-ci est prêt il se porte volontaire pour faire la première plongée.
Assis à cheval sur l’arbre d’hélice tribord il commença son découpage à 1,5 m de la chaise d’arbre.
Quatre heures plus tard il est obligé de remonter en surface à cause d’un petit problème technique. Il veut ensuite redescendre malgré une brulure au pouce mais son collègue prend la relève et finalement 6 heures plus tard le premier arbre d’hélice est coupé.
Un peu long ? Certainement pas si l’on sait que ces arbres d’hélice font 47 cm de diamètre.
Reste maintenant à couper la chaise d’arbre en A de cette même hélice qui est longue de 107 cm et épaisse de 36 cm.
Nichols découpe le premier côté de la chaise bâbord en 4 heures.
Keeble lui découpe l’autre coté sur une distance d’environ 70 cm puis arrête lorsqu’il s’aperçoit que la coupe commence à s’ouvrir.
Par sécurité il est décidé de sectionner le restant du métal à l’aide d’une charge appliquée de 7,5 kg.
Bang ! L’hélice tribord, son arbre et sa chaise sont au fond du port.
Reste à refaire la même chose sur l’autre hélice ce qui prendra à peu près le même temps.
Figure 20: Enlèvement partie tribord (94)
Finalement grâce à ces travaux de découpage les vibrations ont complètement disparues et la mise en cale sèche n’est plus nécessaire.
Figure n° 21 : Chalumeau B.G.T (95)
Photo n° 47 : Equipement B.G.T (96)
Comme on peut le voir sur la figure n° 21 un chalumeau sous-marin oxyacétylénique a également été fabriqué par la firme British Gas and Torch de Camberley mais aucune référence n’est trouvée concernant la date de fabrication.
1945 voit arriver le Seafire (97). C’est un chalumeau oxhydrique de petite taille dont le diamètre de sa buse de mélange a été réduit ce qui lui donne l’avantage de consommer nettement moins de gaz et le rend très pratique pour les petits travaux de découpage.
Photo n° 48 : Chalumeau Seafire (98)
Le manche comporte deux robinets pour l'alimentation de la flamme de chauffe, ainsi qu'un levier pour la chasse d'oxygène.
La tête est reliée au manche par 4 tubes. Le tube supérieur conduit l'oxygène de coupe, le tube inférieur l'oxygène alimentant la chambre de combustion, le tube gauche l'oxygène de chauffe, et le tube droit l 'hydrogène.
Figure 22: Description chalumeau Seafire (99)
La tête porte buse, est munie d'une chambre de combustion amovible dans laquelle brûle la flamme de chauffe. La conception particulière de cette chambre permet un apport supplémentaire d'oxygène à la base de la flamme, favorisant ainsi sa combustion.
Le mélange des deux gaz se fait dans la buse même du chalumeau.
Deux modèles avec orientation de la tête à 45° ou à 90° étaient disponibles.
Photo n° 49: Scaphandrier tenant un chalumeau Seafire (100)
Et pour terminer on retrouve en 1968 (101) le Vixen Kirkham M2 dernier chalumeau à avoir été fabriqué par nos amis anglais.
Comme on peut s’en rendre compte, à l’exception du système de verrouillage du levier de chasse il ressemble étrangement au modèle du Seafire.
Photo n° 50: Chalumeau Vixen Kirkham M2 (102)
D’autre pays comme ont également eut leur chalumeau, mais comme partout ailleurs ceux-ci ont progressivement été abandonné au profit du découpage électrique.
L’une des principales raisons est dû au fait que l’apprentissage de cette technique est plus longue et plus difficile.
Photo n° 51 : Chalumeau Hollandais Loosco (103)
Photo n° 52 : Chalumeau Hongrois des années vingt (104)
Figure n° 23 : Chalumeau Hongrois (105)
Photo n° 53 : Chalumeau Italien avec son tableau de réglage (106)
Le problème avec les chalumeaux sous-marins, c’est qu’il est parfois pour l’une ou l’autre raison nécessaire de les éteindre (ou parfois s’éteignent d’eux même) durant quelques minutes.
Si le scaphandrier travaille en eau peu profonde, cela ne pose pas trop de problème car il lui suffisait de remonter de quelques mètres pour le rallumer. Mais cela pouvait rapidement devenir gênant voire impossible à faire sur les chantiers plus profond.
Comme nous l’avons vu plus haut, Mr. Corné, Mr. Picard et la Fabbrica italiana d'apparecchi per saldatura, milano avaient résolu ce problème en inventant l’allumeur (pyrotechnique) et la veilleuse.
Ailleurs, l’allumage électrique fut privilégié. Dès le début des années vingt (1920) deux systèmes d’allumage firent leur apparition.
Le système américain qui travaillait au départ d’une source de courant DC 110 volts et le système anglais qui utilisait plutôt une batterie de 12 volts.
La mise en œuvre était plus ou moins identique. Lorsque le scaphandrier voulait allumer son chalumeau, il réglait tout d’abord la longueur des bulles de gaz, puis une fois fait il demandait le jus et en fonction du système provoquait l’éclatement d’une étincelle qui à son tour allumait le chalumeau.
Une fois que celui-ci brulait correctement le courant était coupé en surface et le découpage pouvait démarrer.
Figure n° 24 : Système d’allumage américain (107)
Figure n° 25 : Système d’allumage anglais (108)
Photo n° 54 : Système d’allumage moderne (109)
Comme on a pu s’en apercevoir au travers des trois premiers articles, les chalumeaux de découpage sous-marin ont permis de rendre d’énorme service et ont grandement facilité le travail des scaphandriers.
Ils ont intensément utilisé jusque dans les années cinquante puis petit à petit abandonné au profit de nouveaux procédés de découpage plus facile à utiliser.
Actuellement, il n’existe plus qu’un seul « vrai » chalumeau sous-marin disponible sur le marché : le PVL. De fabrication hollandaise ce chalumeau qui utilise du gaz MAP ou autre dérivé a été conçu autour de la buse mélangeuse du chalumeau Picard ce qui en fait dès lors un EXCELLENT outil dont les performances sont identiques à son modèle de référence.
Photo n° 55 : Chalumeau découpeur PVL (110)
Photo n° 56 : Cours de découpage avec le chalumeau PVL (111)
En dehors de ce découpeur Hollandais certains (rares) fabricants offrent encore la possibilité d’utiliser leur chalumeau de surface sous eau en y adaptant une coiffe spéciale.
Photo n° 57 : Chambre de combustion pour le pyrocopt (112)
Photo n° 58: Chalumeau à essence Petrogen (113)
Photo n° 59: Chalumeau Harris (114)
A suivre : Les autres formes de découpage
Références:
My special thanks go to David L.Dekker and Lévai Miklós for their information supplied in the references n° 84, 85 (David) and 95,96,104-106 (Lévai).
(83) https://archive.org/stream/literarydigest65newy#page/n671/mode/2up/search/Reliant
(84) « Everything for the diver » « Everything for Submarine Operations » Siebe Gorman and Company,Limited / « Neptune » works, London, S.E.1 page 86-87
(85) « Everything for the diver » « Everything for Submarine Operations » Siebe Gorman and Company,Limited / « Neptune » works, London, S.E.1 page 88
(86) Shipbuilding & Shipping Record 1933 vol 41 page VI
(87) The Electrical Journal volume 120 page 308
(88) https://sites.google.com/site/rexidesilva/history-of-diving-in-sri-lanka
(89) DYKKEHISTORISK TIDSSKRIFT Nr 50-17 Argang 2013 page 4
(90) Deep Diving and Submarine Operation by Robert H.Davis /Siebe,Gorman & Company LTD CWMBRAN, GWENT 175 Anniversary edition / page 221
(91) Deep Diving and Submarine Operation by Robert H.Davis /Siebe,Gorman & Company LTD CWMBRAN, GWENT 175 Anniversary edition / page 222
(92) Marine Salvage by Joseph N. Gores 1972 David & Charles page 288-289
(93) https://www.the-blueprints.com/blueprints-depot-restricted/ships/battleships-uk/hms_valiant_1942_battleship-64634.jpg
(94) Deep Diving and Submarine Operation by Robert H.Davis /Siebe,Gorman & Company LTD CWMBRAN, GWENT 175 Anniversary edition / page 223
(95) Buvarismeretek by Ugray Karoly 1953 page 73
(96) Buvarismeretek by Ugray Karoly 1953 page ??
(97) http://www.mcdoa.org.uk/RN_Diving_Magazine_Vol_15_No_2.pdf page 12
(98) http://d121tcdkpp02p4.cloudfront.net/clim/112031/CIMG1409.JPG
(99) The Professional Diver’s Handbook by John Bevan Submex 2005 page 118
(100) https://pp.vk.me/c619917/v619917217/cdc1/p215pO7s5ws.jpg
(101) http://www.mcdoa.org.uk/RN_Diving_Magazine_Vol_15_No_2.pdf page 12
(102) The Master Diver and the Underwater Sportsman by Capt. T.A.Hampton 1970 David & Charles page 144
(103) http://www.pieds-lourds.com/Pages/pages.htm
(104) Buvarismeretek by Ugray Karoly 1953 page 70
(105) Buvarismeretek by Ugray Karoly 1953 page 72
(106) Buvarismeretek by Ugray Karoly 1953 page 74
(107) Underwater Work by Cayford Cornell Maritime Press 1966 page 112
(108) The Master Diver and the Underwater Sportsman by Capt. T.A.Hampton 1970 David & Charles page 102
(109) http://alahliyah.com/?page_id=7947
(110) http://www.pvlint.com/
(111) https://www.facebook.com/photo.php?fbid=827342850648855&set=o.249684318499419&type=3&theater
(112) http://www.saf-fro.fr/file/otherelement/pj/t%C3%A3%C2%AAtes%20de%20coupe37989.pdf
(113) http://www.petrogen.com/
(114) http://eu.harrisproductsgroup.com/en/Products/Equipment/Torches/Straight-Cutting/model-62-3fw.aspx