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  • : Histoires d'un scaphandrier or the Stories of a Commercial Diver
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10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 20:43

   Photo : Entraînement avec le DC55

 Il y a bien longtemps en 1966, je fus très fier de pouvoir rejoindre le groupe des plongeurs démineurs et ainsi commencer ma carrière de plongeur professionnel.

Comme on peut l’imaginer, une des missions principales de cette unité de plongeurs consistait à récupérer les vieilles mines marines toujours disséminées le long de nos côtes.  
Pour réaliser ces missions, nous utilisions à l’époque le DC55 qui était un appareil à circuit semi fermé très performant et qui permettait de réaliser des plongées jusqu’à 55 m de profondeur en utilisant un mélange Nitrox de 30/70 (à l’époque la PPO² avait une limite supérieure à celle autorisée aujourd’hui).

Comme un grand nombre de mines était régulièrement repéré ou tout simplement trouvé dans les filets des chalutiers, il y avait toujours un des chasseurs de mine et son équipage en faction de manière à être prêt à intervenir rapidement.

A cette époque également, nous n’étions que quelques plongeurs répartis à bord de 2 chasseurs de mines basés à Ostende.

Donc, un certain jour de juin 1967 j’étais particulièrement content car j’avais reçu 3 jours de permission et à cette occasion, j’avais prévu de faire une bonne virée.

Comme à l’époque j’étais un grand fêtard et un Dom Juan des petits bosquets, je passai toute la nuit à boire, danser, et draguer les petites anglaises qui adoraient venir sur le continent pour faire la fête.

Cette nuit là, je fus conscient que j’avais bu un peu plus que de raison, mais je ne m’en faisait pas trop car j’avais prévu de faire la grasse matinée.

Malheureusement pour moi, ce ne fut pas le cas car à 9 heures du matin, le chef plongeur entra dans la piaule et me tira de la couchette en me disant que j’avais 10 minutes pour préparer mon sac de plongée et partir avec le bateau de garde.

Evidemment, je tentai de lui expliquer que je n’étais pas de garde, mais d’emblé il m’annonça qu’un des plongeurs de quart était malade et que je devais le remplacer sur le champ.

Donc tout en en râlant, je me levai, pris mon néoprène de 3 mm et montai à bord du Van Artevelde où je retrouvai les autres plongeurs du bord.



Durant le voyage je me cachai dans un coin et tentai de récupérer tant bien que mal de ma rude nuit.

Mais ce repos fut de courte durée car à 11 heures le technicien sonar vint nous informer qu’il avait un contact à 300 mètres droit devant et à environ 28 mètres de profondeur.

Comme j’étais le baby diver, mes autres collègues votèrent à l’unanimité que c’était à moi de plonger et de plus disaient-ils , cela me remettrait les idées en place.

Le zodiac fut mis à l’eau, et nous voilà partis pour nous positionner au dessus de la zone suspecte.
Une fois l’ancre mise en place, j’endossai le DC55 tandis que le chef de plongée me fixa la ligne de vie.

J’ouvrai mes bouteilles, mis mon embout en position de plongée et plouf ! par une belle roulade arrière me retrouvai dans l’eau.

Le temps et la mer étaient superbes et la visibilité semblait être bonne, donc pensais-je, cela pourrait être une belle plongée.

J’entamai ma descente le long de la ligne d’ancre, mais très rapidement je sentis que quelque chose clochait.

J’avais l’impression que la ligne d’ancre tournait sur elle-même et plus je descendais, plus elle tournait rapidement à tel point que cela me donnait le tournis.

Comme je ne me sentais vraiment pas bien, je saisi la ligne de vie et donnai le signal d’urgence pour qu’on me récupère.

Peut être que cela fut dû au fait que mon signal était trop faible, ou que l’équipe de surface donnait trop de mou pendant ma descente, mais toujours est-il qu’il ne fut pas perçu.

La dernière chose dont je me souvins alors en approchant du fond fut la silhouette de la mine que je devais inspecter. Ensuite ce fut le black out total.

Lorsque je me réveillai, j’étais installé dans le lit de l’infirmerie du bord avec l’infirmier à mes cotés me demandant si j’étais OK.

En fait, que c’était-il passé ?

A cause de ma gueule de bois, j’avais omis de vérifier mon équipement de plongée et le DC55 car je pensais que cela avait déjà été fait par l’équipe du bord avant mon arrivé.

Malheureusement ce ne fut pas le cas et de ce fait, je n’avais pas vu que le compartiment à chaux sodées était vide.

Etant donné que mon gaz expiré n’était pas recyclé il y a eut une rapide accumulation du CO² dans le sac respiratoire ce qui m’a rapidement fait tomber en syncope.

Heureusement, avant de partir entièrement dans les vaps, j’ai du avoir comme dernier réflexe de gonfler ma Fenzy et ainsi pouvoir remonter en surface à la grande surprise de l’équipe.

Quant à moi, j’étais maintenant allongé sur cette banquette avec un double mal de crâne.

L’un dû à la gueule de bois, et l’autre dû au CO².

 

Quelles sont les conclusions que nous pouvons retenir de cette histoire :

-         Boire trop donne la gueule de bois.

-         Un chef d’équipe ne doit jamais faire plonger quelqu’un qui est (encore) sous l’influence de l’alcool, de la drogue ou des médicaments.

-         Qu’il faut toujours vérifier son équipement avant de plonger.

-         Que remonter inanimé de 28 m ne signifie pas nécessairement surpression pulmonaire.



Papy One


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