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  • : Histoires d'un scaphandrier or the Stories of a Commercial Diver
  • : Plongeur-Scaphandrier durant de très très nombreuses années, j'en ai vécu des choses sous eau et ailleurs. POUR VOIR TOUT LES ARTICLES PUBLIES ALLEZ AU BAS DE LA PAGE ET CLIQUER SUR TOP ARTICLES. TO SEE ALL THE STORIES GO AT THE BOTTOM OF THE PAGE AND CLIC ON TOP ARTICLES
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20 mai 2016 5 20 /05 /mai /2016 18:06

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Cela me plaisait bien ce surnom que m’avait un jour donné Jean-Pierre I. l'un des pères des tables de plongée professionnelle Française, alors qu’il était venu nous faire une petite visite sur chantier.

A l’époque, nous travaillions sur la barge ORELIA dans les eaux du Golfe Persique sur le fameux chantier de pose de manchettes et apparemment il avait assisté depuis le poste de contrôle à une de mes prestations de découpage qui semble-t-il ne l’avait pas laissé indifférent.

Pour moi pourtant, cela ne représentait rien d’extraordinaire, car à cette époque, j’avais au cours de ma carrière déjà découpé sous eau, plus de 4000 mètres d’acier en tout genre.

Il faut dire que comme Obélix, j’étais tombé dedans dès mon tout premier chantier.

Encore à moitié gamin, je venais tout juste d’être embauché par A.D, une firme de plongée bruxelloise.

Celle-ci, m’envoya sur un chantier de démolition à Gand Rodenhuizen où il fallait enlever divers pans de mur en béton armé dans un canal de rejet afin d’en augmenter le débit.

Une première partie des travaux avait été réalisé quelques semaines plus tôt à l’aide d’explosifs, malheureusement, suite à un mauvais calcul de la charge, non seulement le pan de mur en question était parti, mais la route surplombant les travaux ainsi qu’un mur latéral, avaient eux aussi subi de gros dégâts.

Résultat, autorisation d’emploi d’explosifs supprimée et suite des travaux à la main.

Ah, là qu’est-ce que j’en ai bavé au cours de cette première semaine.

 

Papy-One--219-.jpg 

 

Faire du marteau piqueur et du brise béton, durant 6 heures par jour dans une eau super chaude avec un courant pas possible, j’étais mort.

J’avais les mains en sang et je ne sentais plus mes côtes à cause des vibrations et des ondes de choc générées par la machine, mais comme j’étais en période d’essai, je voulais tenir bon.

 Papy-One--260-.jpg

   

Evidemment, qui dit béton armé, dit également ferraillage.

Résultat, quelques jours après mon arrivée, le directeur technique nous apporta un chalumeau découpeur sous-marin sur le chantier.

Rapidement il nous en expliqua le fonctionnement et, maintenant démerdez vous pour me couper toutes ces barres d’acier.

Le chalumeau de marque Victor, fonctionnait avec un mélange oxygène / hydrogène et il pouvait parfaitement brûler sous eau grâce à une petite coiffe située autour de la flamme, dans laquelle était envoyé en permanence de l’air comprimé.

Immédiatement, j’étais emballé par cet outil.

Il suffisait de poser le bec du chalumeau contre la barre, compter jusqu’à 3 en vérifiant que l’acier prenne bien une teinte couleur rouge cerise, puis presser le levier d’oxygène dont le jet faisait alors immédiatement fondre le métal sous une gerbe d’étincelle.

C’était super, et je m’amusais comme un petit fou.

Quelques mois plus tard, il me fallait maintenant aller découper une petite cornière métallique d’une dizaine de centimètres dans une usine de Vilvoorde.

Cette fois, le boss m’avait donné un chalumeau découpeur Pirocopt de surface sur lequel je devais visser une tête spéciale pour qu’il puisse fonctionner sous eau.

Pas très convainquant mon découpage, car il me fallut pas moins de 2 h 30, une douzaine de yo-yo pour venir rallumer mon chalumeau en surface, ainsi que 3 lames de scie pour venir à bout de mon travail.

Ce qu’on avait oublié de me dire ce jour là, c’était que le mélange oxygène / acétylène que j’utilisais devenait explosif à partir d’une certaine pression et comme ma profondeur d’intervention était proche de cette limite, les mini explosions éteignaient mon chalumeau sans arrêt.

1970, Félix C, le Roi de la conduite en Renault Gordini et Maître de l’élevage de poulet en appartement, décide de me prendre avec lui pour aller découper une ½ palplanche dans la Sambre.

Il travaille en fait pour la célèbre SOGETRAM, mais est détaché chez nous en tant que directeur technique et à l’époque, il a déjà pas mal d’années d’expérience derrière lui.

Je suis donc très content de pouvoir l’assister, surtout que cette fois il va utiliser le fameux chalumeau à essence Messer Griesheim.

En surface, l’installation de tout ce matériel est assez laborieux car il nous faut installer une dizaine de bouteilles d’oxygène, brancher la bouteille d’essence et d’azote, mais également faire chauffer de l’eau dans une cuve pour y faire passer les tubulures de gaz afin qu’ils ne givrent pas.

Au bout d’une heure, tout le matériel est prêt et Félix m’explique maintenant le réglage de la position des vannes sur le chalumeau.

Nous sommes prêt pour un essai d’allumage.

A cet effet, il fixe un petit bout de chiffon sur un bout de bois, l’imbibe de quelques gouttes d’essence et allume le tout.

-         BAOUM, Le chalumeau s’enflamme dans un bruit assourdissant.

Il vibre tellement à cause de ses 15 bars de pression que j’ai peur qu’il m’explose dans les mains.

-         Bon tu as vu comment faire me demande Félix ?

Quinze minutes plus tard, le voila prêt dans son volume constant Spiro.

   Felix Cobos à Chatelet 

 

 Pendant qu’il se tient à la barcasse, moi j’empoigne craintivement l’engin et conformément aux instructions qu’il m’a donné, commence la procédure d’allumage.

-         Un, d’abord ouvrir la vanne d’oxygène de chauffe d’un tour et demi.

-         Deux, ouvrir la vanne d’arrivée d’essence d’un demi tour.

-         Trois, allumer.

Je craque l’allumette destinée à allumer le bout de chiffon, mais à cause du vent elle s’éteint aussitôt.

Nouvelle tentative, nouvel échec.

Pendant ce temps, l’essence continue à être projetée hors du bec du chalumeau.

Troisième tentative, idem, je tremble tellement d’angoisse que je casse l’allumette.

Finalement le quatrième essai sera le bon.

Mon chiffon brûle, prudemment je l’approche du bec.

-         BAOUM !

Ça y est le chalumeau c’est allumé, mais tout comme la première fois il fait tellement de bruit que j’en ai peur et de ce fait je le jette immédiatement dans l’eau.

-         MERDE, qu’est-ce qui se passe ?

La rivière vient de prendre feu sur une trentaine de mètres à cause de l’essence qui s’y était répandu pendant la tentative d’allumage.

Inutile de dire que ce jour là, j’ai pris un savon de première.

Ma leçon suivante se fera avec Maître Pierre, le spécialiste du découpage oxy-arc.

Ensemble nous partons pour Charleroi où il faut découper une palplanche au ras du béton sur le mur incliné de la berge.

Le matériel utilisé ressemble un peu à celui utilisé pour le soudage à l’arc, sauf qu’ici les électrodes sont creuses afin de permettre le passage d’un jet d’oxygène.

-         Dis Pierre, l’eau et l’électricité ça ne fait tout de même pas bon ménage ? Est-ce que je ne risque pas de me faire électrocuter ?

-         T’inquiètes pas Petit, on utilise du courant continu, c’est beaucoup moins dangereux que l’alternatif et avec tes gants en caoutchouc tu ne devais en principe pas sentir grand-chose.

-         Bon, maintenant tu y vas et tu ne remontes pas avant que se soit coupé.

Effectivement, une fois avoir commencé je suis rassuré, juste une petite châtaigne de temps en temps.

A cause des péniches qui passent, il ne met pas facile de me positionner et de rester sur ce mur incliné.

Finalement, près de 3 heures plus tard le morceau d’acier se détache et tout fier je peux venir chercher une corde pour le remonter en surface.

Evidemment, 3 heures pour une palplanche c’est long, mais au moins cette fois je n’ai pas du terminer à la scie à métaux.

Comme j’en voulais encore, Pierre me prit à nouveau avec lui quelques jours plus tard pour réaliser le découpage d’un batardeau constitué cette fois d’une bonne centaine de palplanches.

 

Papy One (96) 

 Comme bien souvent dans nos eaux, la visibilité était nulle, mais malgré cela mon rendement passa rapidement de 1,5 à 2 palplanches à l’heure à plus ou moins 3 à 4 palplanches ce qui pour un premier vrai chantier de découpage n’était pas trop mauvais aux dires de Maître Pierre.

1972, je change d’entreprise et part maintenant bosser pour la BDC d’Anvers.

Là, les travaux sont souvent bien plus technique et plus difficile que ce que j’ai connu auparavant et les découpages y sont bien plus fréquent.

Dans cette entreprise, tout se découpe au chalumeau sous-marin, malheureusement pour moi, cet outil n’est pour l’instant réservé qu’à l’élite des plongeurs, c'est-à-dire aux deux patrons.

Résultat, au début de mon incorporation, je pouvais aider, mais pas couper.

Puis finalement, à force d’insistance le patron se décida quelque mois plus tard à me donner un premier cours de découpage dans un des docks d’Anvers.

L’engin qu’il me mit entre les mains n’était rien d’autre que le PICARD P9, célèbre chalumeau Français des années 30 qui malgré son age avancé, n’avait à l’exception du chalumeau à essence aucun concurrent capable de découper aussi bien.

Une fois dans l’eau, j’étais époustouflé de voir ce que ce chalumeau pouvait découper, mais surtout je pouvais maintenant me rendre compte par moi-même que cet outil coupait bien plus rapidement que l’oxy-arc.

 

papy 2 

Au cours des semaines suivantes, j’attendais impatiemment le prochain chantier de découpage où, le patron me l’avait promis, je pourrais intervenir.

Effectivement, deux mois plus tard le chantier en question arriva.

Notre boss, venait de partir en vacance dans sa villa d’Espagne, lorsqu’un client appela pour venir découper un long rideau de palplanches.

Que faire, rappeler notre spécialiste ? Pas question.

René mon collègue et moi allions le faire ce découpage sans embêter personne.

Résultat, nous voilà tous les deux à Gand.

Le premier jour, le rendement n’était pas mirobolant car il fallait que nous trouvions nos marques, mais il augmenta de jour en jour et au bout d’une semaine le rideau avait disparu.

Apparemment satisfait du résultat, le patron me prit sous son aile, et à nous deux nous partions régulièrement découper les nombreux batardeaux qui avaient servi aux travaux d’élargissement du canal Albert.

   

img432 

Résultat, en quelques mois j’étais devenu le Roi des découpeurs.

Sur chaque chantier, Jaap (le boss) et moi même faisions la course pour savoir lequel de nous deux parviendrait à découper le plus de longueur en une heure, mais pas de chance pour moi car lui restait incontestablement l’Empereur de cette discipline et à chaque fois il me battait de quelques dizaines de centimètre.

Les années passant, j’étais maintenant devenu freelance et les kilomètres d’acier découpé au chalumeau ou à l’oxy-arc commençaient à s’accumuler dans mes log books.

   

Papy One (251) 

Personnellement, j’étais d’ailleurs très fier de certaines de mes prestations, car à une époque, j’avais même battu un record de vitesse lors de la construction de l’écluse Van Damme à Zeebrugge où j’avais, toujours à l’aide du chalumeau Picard, réussi à faire une découpe verticale dans une palplanche de 16,5 m en pas moins de 15 minutes.

Pourtant, n’importe quel roi peut un jour vaciller de son trône.

Ainsi, en novembre 89 mon collègue Rik qui lui aussi avait maintenant son entreprise m’appela un jour pour vite aller lui découper un rideau d’une vingtaine de mètres de longueur.

Pour m’aider, il m’avait donné Herman, un jeune et costaud assistant.

Pendant que celui-ci préparait le matériel de découpage, moi je m’équipais bien au chaud dans la camionnette car à l’extérieur il commençait à faire frisquet.

Pendant que je m’habillais, je fis une rapide estimation du temps que cela me prendrais afin de savoir combien de sous vêtement je devais mettre.

Deux bonnes heures, donc 3 petites souris suffiraient.

Ca y est, je suis prêt.

Je teste la pince, c’est bon l’oxygène sort bien.

 Mon assistant a mis un paquet d’électrodes dans mon carquois, je peux y aller.

Encore une fois, la « visi » est médiocre, mais je peux découper au ras du radier en béton ce qui facilite grandement mon travail.

Comme j’ai déjà découpé assez souvent cette année, j’ai gardé le « filling » et dès lors j’avance assez rapidement et certain de moi, je ne perds pas de temps à vérifier ma coupe.

Comme prévu, deux heures plus tard je sors de l’eau travail accompli.

-         Vas-y, tu peux commencer à enlever.

Le grutier installe son vibro-fonceur sur la première palplanche et commence à tirer.

 

ptc 

 Tout le rideau vibre, mais la palplanche concernée reste en place.

-         Euh ! Passe à la suivante.

Idem, rien ne vient.

Au contraire, on peut voir que petit à petit c’est toute la longueur de palplanche qui remonte et non le dessus que j’ai découpé.

Aussitôt, je fais stopper la manœuvre.

-         Herman, donne moi une lame de scie, je vais aller vérifier.

Une fois de retour dans l’eau, je passe délicatement la lame dans la saignée de ma coupe.

Horreur ! aucun des nœuds n’est coupé entièrement.

Comment est-ce possible ? Je n’ai pourtant rien changé à ma technique.

Sceptique, je sors de l’eau et me dirige aussitôt vers le cadre d’oxygène afin de vérifier la pression de tarage du mano détendeur.

Deux bars, ça y est j’ai compris, pas assez de pression pour chasser le métal en fusion sur toute son épaisseur.

Alors que d’habitude, je règle tout moi-même et me met une pression de 4 à 5 bars, cette fois-ci j’ai préféré rester au chaud et faire confiance à mon jeune gars.

Résultat, comme punition je me retrouve une heure de plus dans l’eau à repasser une électrode dans chaque nœud et à paraître piètre découpeur au yeux du grutier et de mon assistant.

On peut parfois aussi paraître mauvais découpeur suite à la méchanceté de certains collègues comme cela m’est arrivé sur un chantier de découpage à Dunkerque.

   

sollac gazometre 

 A l’époque, je venais juste de quitter l’offshore depuis quelques mois pour réintégrer une boite de plonge et tout le système qui plus tard (c'est-à-dire bientôt) devait me permettre de toucher une retraite.

Et donc là sur ledit chantier, je ne sais pour quelle obscure raison, un soit-disant «  collègue » s’amusait à délibérément saboter mon travail en réduisant au minimum l’intensité électrique nécessaire au découpage, de manière à me faire passer pour un « has been » aux yeux du client.

Ayant eu quelques doutes à ma sortie de l’eau, il ne me fallut pas longtemps pour en avoir la confirmation.

Suite à cet évènement, je balançai immédiatement ma démission à la tête de mon récent patron tout en  lui disant le mal que je pensais de sa bande de ploucs.

Mais finalement, ce sabotage m’avait été salutaire car grâce à lui, j’ai ainsi rapidement pu quitter une entreprise où un certain monsieur Ron Hubbard commençait à se faire bien trop présent à mon goût.

Heureusement, ce nouveau changement d’entreprise fit à nouveau monter ma cote de bon découpeur et j’étais à nouveau sur les chemins de la gloire.

  

img146 

En décembre 2000, mon collègue Mark qui à l’époque n’était pas encore surnommé Papy 3 nous loua Thierry, notre jeune ingénieur prolétaire et moi-même pour lui filer un coup de main sur un découpage qu’il avait déniché en France.

Tout content, nous voici donc tous les trois sur les routes de Champagne.

Le boulot consistait une nouvelle fois à découper un petit batardeau.

Comme bien souvent, je proposai de faire la première plongée.

Bien entendu, en tant que vrai pro, je teste à nouveau moi-même le matériel et la pression de découpage car on s’en rappelle, on m’a eu une fois mais pas deux.

C’est bon, tout fonctionne.

Dans l’eau, l’accès à la ligne de coupe est assez difficile car l’endroit est fort exigu.

De plus, je dois commencer ma découpe dans un coin où j’ai juste le bras qui passe.

Qu’à cela ne tienne, je me met en position et demande le jus.

Aussitôt l’arc électrique se fait entendre mais étrangement l’oxygène n’arrive pas au bout de la baguette.

-         Coupez !

-         C’est coupé.

Aussitôt, je vérifie la pince, pousse sur le levier et l’oxygène sort.

Nouvel essai, mais pareil rien ne sort.

Je dévisse la tête de la pince, y met une nouvelle électrode, mais rien n’y fait.

Dès que je demande le contact et que j’appuie mon électrode contre l’acier pour amorcer, l’O² ne sort plus.

-         surface, tu remontes la pince et tu vérifies le joint.

Si tôt dis, si tôt fait.

-         Francis, le joint n’a rien mais on l’a tout de même remplacé.

Dans l’eau c’est toujours pareil.

Je commence à comprendre ce qui se passe.

Je desserre un peu la baguette et redemande le contact.

Cette fois cela fonctionne.

C’est bien ce que je pensais, lorsque l’électrode est à fond dans la pince elle comprime trop le joint, et l’orifice de celui-ci se referme, résultat l’oxygène ne passe plus.

-         Dis moi Mark, tu as d’autres joints ?

-         Non se sont tous les mêmes, pourquoi ?

-         Ils sont trop mous, espèce d’Hollandais, tu as encore regardé à trois sous.

-         Bon tant pis, je vais me débrouiller comme ça.

Résultat, pendant mes trois heures au fond, je parviens à découper mais avec pas mal de difficulté et je sens bien que je merde.

 

DSC01709

 

En plus à cause du froid je ne sens plus mes doigts et j’ai dès lors du mal à retrouver chaque fin de coupe.

En surface, le chef de chantier commence à tourner en rond car on lui avait laissé entendre que cela irait beaucoup plus vite.

A peine sorti de l’eau, le voilà qui élingue immédiatement la première palplanche et commence à tirer dessus.

Aie, rien ne bouge.

Mark lui demande d’essayer la suivante.

Bon gré mal gré le gars s’exécute en râlant, mais même résultat.

Malheureusement la grue du chantier n’a pas une forte capacité de levage et le grutier ne veut pas « casser » les palplanches en tirant dessus latéralement comme cela se fait parfois chez nous si elles ne viennent pas.

Comme il fallait s’y attendre, très vite le ton monte entre le chef de chantier et moi.

-         Putain, tire un peu plus sur ta foutue grue.

-         Pas question, cela fait 10 ans que je tire des palplanches et je te dis qu’elles ne sont pas coupées.

-         Et moi cela fait 30 ans que j’en coupe et je te dis qu’elles sont coupées.

Mark de son coté voyant que son chantier partait en couille ne savait plus quoi penser.

Faire confiance à son découpeur émérite, ou donner raison au client.

-         Bon Thierry, tu veux bien t’équiper et allez vérifier la coupe.

15 minutes plus tard, Thierry était dans l’eau et demandait la pince pour découper les petits ponts que j’avais laissé.

Honte à moi, je ne savais plus où me mettre, je n’avais plus qu’une seule envie c’était de me jeter à l’eau pour ne plus avoir à souffrir de cet affront.

En surface, le chef de chantier jubilait et criait à qui voulait l’entendre qu’il le savait qu’elles n’étaient pas coupées.

Pour moi, 30 années de gloire venaient de s’envoler en une plongée.

Comme quoi, nul n’est infaillible.

Suite à cet échec, je pensais ma réputation de découpeur foutue à jamais.

Heureusement, grâce à quelques petits boulots de ce type, je repris confiance en moi.

 

Papy One (290) 

 Puis un jour de mars 2003, un de nos clients français m’appela.

-         Salut Francis, c’est François de chez S.

-         Dis je t’appelle car on a un gros problème dans le port de Calais.

-         On y a battu un nouveau pieu de 96 ’’ (240 cm) de diamètre, mais apparemment il gène la manœuvre des ferries du poste 5.

-         Le problème, c’est qu’il fait 7 cm d’épaisseur et il faudrait le couper le plus rapidement possible.

-         Combien de temps te faudrait-il à l’oxy - arc ?

-         Stand by, je fais un rapide calcul !

-         Donc, 240 x 3,14 x 7 / 25 = 211 x 3 = 633 = 10h30

-         Ah non, ça c’est beaucoup trop long.

-         Est-ce que tu pourrais le faire sauter ?

Je connaissais bien les installations du port et pensais d’office que cela ne serait pas facile, mais lorsqu’on me parle d'explosifs, je ne dis jamais non  car c’est une autre des spécialités que j’aime pratiquer.

-         Bon écoute François, laisse une petite heure et je te rappelle.

-         Ok à tout à l’heure.

Une fois raccroché, j’entrepris de calculer la quantité d’explosifs que j’aurais besoin pour découper ce pieu à l’aide d’une charge appliquée.

Oufti ! Près de 125 kilos de dynamite, ça c’était beaucoup trop, je couperais bien le pieu, mais l’onde de choc et les vibrations occasionneraient des dégâts à tout ce qui se trouve à proximité.

Donc à oublier.

Qu’est-ce qu’il me reste ?

Le découpage par charge creuse.

Je saisis mon téléphone et passai un coup de fil à une de mes connaissances à Aberdeen qui travaillait pour une compagnie spécialisé dans le démantèlement à l’explosif de plateforme pétrolière.

Quelques minutes plus tard, j’avais la réponse à ma question.

Comme promis, moins d’une heure plus tard, je rappelais François.

-         François, une bonne et une mauvaise nouvelle, laquelle tu veux entendre d’abord ?

-         La mauvaise.

-         Bon en charge appliquée, c’est impossible car on démolirait tout, mais j’ai pris contact avec une entreprise qui fabrique des charges creuses.

-         Avec ça, on utiliserait beaucoup moins d’explosifs et se serait réalisable, le hic, c’est qu’il leur faudrait minimum 5 à 6 semaines pour usiner la charge, et si je te dis le prix demandé pour cette fabrication, sans la mise en œuvre, tu vas me faire un infarctus.

-         Vas-y annonce.

Le montant que je lui communiquai le laissa sans voix pendant quelques secondes.

-         Et c’est quoi la bonne nouvelle ?

-         Si cela t’intéresse on a une solution bien plus économique, je viens découper ton tube au chalumeau pour autant d’ euros.

C’est ainsi, qu’une semaine plus tard, j’étais sur place avec ma petite équipe.

 

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Comme le client souhaitait une découpe rapide pour ne pas bloquer le poste durant de nombreuses heures, nous allions leur montrer de quoi, nous, les petits plongeurs Belges étions capables.

A 15h35 mon vieux pote Chris surnommé Papy Two et moi-même nous nous mettions à l’eau.

Treize minutes plus tard, les 4900 cm² d’acier étaient découpés.

 

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Ouf, je pouvais maintenant terminer ma carrière de découpeur sur ce beau coup et rester à tout jamais,

  

calais--9-.jpg 

 

« Le découpeur le plus rapide à l’Est de Marseille »

 

Papy One

 

 

 

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14 mai 2016 6 14 /05 /mai /2016 18:09
Me, Francis the fastest cutter at the east of Marseille

I liked the nickname that had been given to me by Jean-Pierre I. one of the fathers of French professional dive tables, when he had come to visit us on jobsite. At the time, we were working on the DSV ORELIA in the waters of the Persian Gulf on the famous spool pieces installation project and apparently he was present in the dive control room on a day where I was doing some oxy-arc cutting at the bottom of the sea. Apparently my performance had impressed him although for me the cutting of that day represented nothing extraordinary.

I must say that at time I had already throughout my career cut more than 4000 meters of steel of all kinds under water.

Admittedly, as Obelix, I fell into it (the cutting) when I went on my first diving project.

Still half a kid, I had just been engaged by AD, a Brussels diving firm. It sent me on a demolition work in Ghent Rodenhuizen where we had to remove various reinforced concrete sections in a discharge channel in order to increase the throughput.

The first part of the work had been done a few weeks earlier with explosives, unfortunately, due to a miscalculation of the charge, not only the wall in question was gone, but the road above the work place as well as a side wall had also suffered heavy damage. Result, the use of explosives was forbidden and further works had to be done by hand.

Ah, what I have suffered during this first week.

Me, Francis the fastest cutter at the east of Marseille

Working horizontally with a 36 kg jackhammer during six hours a day in hot water and a strong current: phew! I was dead. My hands were bleeding and I could not feel my ribs anymore due to vibration and shock waves generated by the machine, but as I was on probation, I wanted to hold on.

Me, Francis the fastest cutter at the east of Marseille

Obviously, who said reinforced concrete, also said rebar’s reinforcement. Result; a few days after my arrival, the technical director brought us a submarine burning torch on site.

He quickly explained us how it was working and then up to us to cut all these steel bars.

The torch was the American Victor oxygen / hydrogen gas burner. It could burn under water thanks to a small cap located around the flame, in which compressed air was continuously sent.

I immediately loved this tool. It was enough to put the nozzle of the torch against the bar, count to three while verifying that the steel takes out a red cherry colour, then press a lever to permit a stream of oxygen to be drained on the metal and burn it in a wreath of sparks.

It was great and I had a hell of time.

A few months later, I had now to go in a factory in Vilvoorde to cut out a small UPN 80 frame.

This time my boss had given me a Pirocopt torch made to be used above water but that could also be used under water by screwing a special head on it. This second cutting job was not very convincing because it took me no less than 2 hours 30 minutes, a dozen yo-yo’s to come back to surface to relight my torch and 3 saw blades to end my work.

What they forgot to tell me that day, was that the oxygen / acetylene burning mixtures I was using became explosive from a certain pressure and as my depth was close to this limit, small explosions extinguished the flame nonstop.

1970 Félix C, King of Renault Gordini drivers and master in chicken breeding into an apartment, decides to take me with him to cut a ½ sheet pile into the river Sambre. He works for the famous SOGETRAM but is actually seconded to us as technical director and at the time, he's already a lot of years of experience behind him. I am very happy to be his tender, especially that this time he will use the famous Messer Griesheim gasoline torch.

Me, Francis the fastest cutter at the east of Marseille

On the surface, the installation of all this material is quite laborious because we need to install a dozen bottles of oxygen, connect the bottle of gasoline and nitrogen, but also to heat water in a tank in order to pass the gas pipes in it so they do not freeze.

After one hour, all the equipment is ready and now Felix explains me the adjustment of the valves positions on the torch.

We are ready for an ignition trial. To this end, he sets some rag on a piece of wood, soaks it with a few drops of gasoline and lit the whole.

- Baoum, the torch ignites with a deafening noise. It vibrates so much because of its 15 bars of pressure that I'm afraid it explodes in my hands.

- Well you saw how to do it Felix asks me?

Fifteen minutes later, my diver is ready in his in Spirotechnique constant volume suit.

Me, Francis the fastest cutter at the east of Marseille

While he’s holding himself at the small boat, I fearfully grab the burning gear and following the instructions start the ignition procedure.

- One, first opens the oxygen heating valve of a turn and a half.

- Two, open the gasoline supply valve half a turn.

- Three light.

I crack a match to ignite the end of the rag, but because of the wind it is extinguished immediately. New essay, new fail. Meanwhile, the gasoline continues to be sprayed out of the nozzle of the torch.

Third attempt, ditto, I tremble so much that this time I break the match.

Finally the fourth attempt will be the good one. The rag is burning; carefully I approach it from the nozzle.

- Baoum!

That’s it the torch is lit, but just like the first time it makes so much noise that I’m afraid of it and therefore throw it immediately in water.

- SHIT, what happens? About thirty meters of the river is now burning because of all the gasoline that was spilled there during the ignition attempt.

Needless to say that I was bawling out copiously that day.

My next cutting lesson will be with Master Pierre, our oxy-arc cutting specialist. Together we go for Charleroi where a pile has to be cut against the concrete floor on the inclined wall of the bank.

The material used is somewhat similar to that used for arc welding, except that the electrodes are hollow to allow the passage of a jet of oxygen.

- Hey Pierre! Water and electricity do not mix very well do I not risk to be electrocuted?

- Do not worry young boy, we are using direct current, it is much less dangerous than the AC and with your rubber gloves you shouldn’t normally feel it much.

- Well, now take your rods and don’t come up before it is cut.

Sure enough, I am quickly reassured, off course in those days a knife switch is not yet known by the Belgian divers and as expected I receive a few electric shocks from time to time but nothing serious.

Because barges are passing continuously it’s not easy to keep my position on this slope but finally, about three hours later the piece of steel is cut and very proudly I can pick up a rope to bring it to the surface.

Obviously, three hours to cut one sheet pile is long, but at least this time I did not finish at the hacksaw. As I still wanted to cut more Pierre took me with him again a few days later to complete the cutting of a complete cofferdam consisting this time of a hundred piles.

Me, Francis the fastest cutter at the east of Marseille

As often in our waters, visibility was nil but despite that my performance went rapidly from 1.5 to 2 piles per hour to three to four piles which for a first real cutting job was not too bad following Mr. Pierre claims.

1972 I change from company and now work for BDC from Antwerp. There, the work is often more technical and more difficult than what I have experienced before and cutting works are much more common.

In this company, everything cutting is made with a gas burning torch but unfortunately for me this tool is currently only reserved at the elite divers, that is to say the two bosses.

Result at the beginning of my incorporation, I could help, but not cut. Then finally, due to insisting my boss decided some months later to give me a first cutting course in one of Antwerp docks.

The craft he put in my hands was nothing else than the PICARD P9 the famous French torch designed in the 30s who despite his advanced age, had if we except the gasoline torch no competitor capable to cut as well.

Once in the water, I was blown away to see what this torch could cut but mostly of all I could now realize by myself that this tool could cut much faster than any oxy-arc rod.

Me, Francis the fastest cutter at the east of Marseille

Over the following weeks, I waited impatiently for the next cutting project where the boss had promised me I could intervene.

Indeed, two months later the project in question arrived. Our boss had just gone on vacation at his villa in Spain, when a customer called to come and cut a long sheet pile curtain.

What to do call back our specialist? No way. René my colleague and I were going to do this job without bothering anyone.

Result; here we are both of us in the Ghent waters. The first day, the performance was not extraordinary because we had to find our marks, but it increased day by day and one week later the curtain had disappeared.

Apparently satisfied, the boss took me under his wing, and both of us worked regularly together to cut the numerous cofferdams who had served to the widening of the Albert Canal.

Me, Francis the fastest cutter at the east of Marseille

Result in a few months I became the King of the underwater cutters. On each job, Jaap (my boss) and myself did the race to see which of us manage to cut the extra length in an hour, but no luck for me as unquestionably had stayed the Emperor of this technique because every time he beat me by a few tens of centimetres.

Years passing, I had become a freelance diver and my log books already contained info about the cutting of the few kilometres of steel I had made underwater.

Me, Francis the fastest cutter at the east of Marseille

Personally, I was also very proud of some of my performance, because at a time, I even beat a speed record during the construction of the Van Damme lock at Zeebrugge, where I had still using the Picard torch, managed to make a 16.5 m vertical cut in pile in no less than 15 minutes.

Yet any king may one day waver from his throne.

Thus, in November 89 my colleague Rik who now had his business called me one day for the cutting of a twenty meters long curtain. To help me, he gave me a young and strong assistant. While he was preparing the cutting gear, I kept warm in the van because outside it was getting chilly.

While I was dressing, I made a quick estimate on how long it would take me to do the job and so know how many under garments I had to put on.

OK: more or less two hours, then three thermal underwear must suffice.

I’m ready. I test the torch, its good oxygen is coming well. My assistant put a packet of electrodes in my quiver, I can go. Again, the visibility is bad, but I can cut against the concrete slab which greatly facilitates my work.

As I did cut quite often this year, I have kept the "filling" and therefore move rather quickly and sure of me I do not waste time checking my kerf. As expected, two hours later I’m out of the water.

- Go ahead, you can start removing.

The crane operator installs its vibration pile driver on the first sheet pile and starts pulling. The entire curtain vibrates but the sheet pile remains.

Me, Francis the fastest cutter at the east of Marseille

Uh! Changes to the next.

Same! Nothing comes.

On the contrary, we can see that little by little it is the entire sheet pile that comes up and not the part that I cut. Immediately, I stop the manoeuvre.

- Herman, give me a saw blade, I'll go check.

Once back in the water, I gently pass the blade in the kerf my cup. Horror! None of the slots are fully cut. How is this possible? Yet I have not changed my technique. Sceptical, I go out of the water and immediately head to the oxygen rack to look at the pressure on the regulator.

Two bars, not enough pressure to chase the molten metal throughout its thickness. I usually, regulates everything myself and set up a pressure of 4 to 5 bar, but this time I preferred to stay warm and to trust my young assistant.

Result as punishment I find myself an extra hour in the water burning an extra electrode in each interlock and off course appear to be a poor cutter in the eyes of crane operator and my assistant.

Sometimes we can also seem to be bad cutter after the wickedness of some colleagues as happened to me on a cutting site in Dunkirk.

Me, Francis the fastest cutter at the east of Marseille

At the time, I had just quit the offshore recently to return in a diving company as an employee and so benefit from the whole system which later (that is to say now) would allow me to touch a retreat.

So there on this site, for I don’t know what obscure reason, a so-called "colleague" amused himself by deliberately sabotaging my work by reducing the needed cutting Amps so as to make me look like a "has been" in the customer's eyes.

Having had some doubts when I left the water, it did not take me long to get confirmation. Following this event, I immediately swung my resignation to the head of my recent boss while telling him the evil that I thought of his band of rednecks.

But finally this sabotage was a good thing for me because thanks to it, I quickly quit a company where a certain Mr. Ron Hubbard became too present for my taste.

Fortunately, this changing once more raises my reputation and I was again on the paths of glory.

Me, Francis the fastest cutter at the east of Marseille

In December 2000, my colleague Mark praised us, Thierry our young diver and myself to give him a hand on a cutting job he had win in France. And so here we are all three on the Champagne roads. The job consisted again in the cutting of a small cofferdam. As often, I proposed to make the first dive. Of course, like a real pro, I test myself all the cutting gear and set the correct cutting pressure as we remember they got me once but not twice.

It's good, everything works. In the water, the access to the cut line is difficult because the place is very small. Moreover, I have to start my cut in a corner where I can just pass my arm.

Never mind, I put myself in position and asks the juice. Immediately the arc strike is heard but strangely the oxygen does not reach to the end of my rod.

- Make it cold!

- It is cold!

I immediately check the torch, push the lever and the oxygen flows.

New try, but again nothing comes out. I unscrew the head of the torch, put a new electrode, but nothing happens. When I ask the current and I press my rod against the steel to start my cut the O² stops coming out.

- Surface, take the torch up and check the washer.

No sooner said than done.

- Francis, the washer has nothing but was nonetheless we have replaced it.

In water it is always the same but I begin to understand what is happening. I lose a bit the electrode and ask for the contact. This time it works. That's what I thought, when the electrode is fully inserted into the head it compresses the washer too much and the orifice of the latter closes, result no more oxygen passes.

- Tell me Mark, you have other washers?

- No they are all the same, why?

- They are too soft, fucking skinflint Dutchman, you again looked at three under.

- Never mind, I'll manage like this.

Result, during my three hours at the bottom, I manage to cut but with a lot of difficulty and I feel that I do bullshit.

Me, Francis the fastest cutter at the east of Marseille

Apart from the cold I cannot feel my fingers anymore and it’s therefore hard to feel the end of the kerf. At the surface, the foreman turns round because we made him understand that this would go a lot faster.

Fresh out of the water, here he slings immediately the first sheet pile and begins to pull.

Hey, nothing moves.

Mark asks him to try the next.

Willy-nilly the guy runs grumbling, but same result.

Unfortunately, the crane has not a high lifting capacity and the crane operator does not want to "break" the sheet piles by pulling them sideways as is sometimes done at home if they do not come. As expected, the tone rises quickly between the foreman and me.

- Damn, pull a little more with your bloody crane.

- No way, it's been 10 years that I remove sheet piling and I tell you that they are not cut.

- And me it’s 30 years that I cut them and I tell you they are cut.

Mark on his side saw that his job turned to shit and did not know what to think: trust his Emeritus cutter or give reason to the client.

- Ok Thierry, will you get dressed and check the cut.

15 minutes later, Thierry was in the water and called for the torch to cut the small hangers that I had left.

Shame on me, I did not know where to put myself; I had only one desire: throw myself into the water and never have to suffer this insult.

On the surface, the foreman was jubilant and shouted to anyone who would listen that he knew they were not cut.

For me, 30 years of glory came to fly in a dive. Like what, no one is infallible.

Following this failure, I thought my reputation forever damned. Fortunately, thanks to odd jobs like this, I regained confidence in me.

Me, Francis the fastest cutter at the east of Marseille

Then one day in March 2003, one of our French clients called me.

- Hi Francis, François from S..e here.

- Say I call you because we have a big problem in the port of Calais.

- We have driven a new 96” pile (Ø 240 cm) there but apparently it hinders the manoeuvres of the ferry at terminal 5.

- The problem is that it is 7 cm thick and should be cut as soon as possible.

- How long would it take you to cut it with the oxy - arc?

- Stand by, I do a quick calculation!

- So, 240 x 3.14 x 7/25 = 211 x 3 = 633 = 10:30 hours.

- Oh no, that's way too long.

- could you blow it?

I knew the port installations well and automatically thought it would not be easy, but when you talk to me of explosives, I never say no because it is another specialty that I like practicing.

- Good listen François, give me an hour and I'll call you back.

- OK hear you soon.

After hanging up, I began to calculate the amount of explosives that I would need to cut that pile if I used a plaster charge. Pfew! Almost 125 kilos of dynamite, that was too much, I would cut out the tube but the shock wave and the ground vibration would damage whatever is nearby.

So to forget. What I have left? Severing the tube with a shaped charge?

I grabbed my phone and called an acquaintance in Aberdeen who worked for a company specialized in the dismantling oil platform with explosives.

A few minutes later, I had the answer to my question.

As promised, less than an hour later, I recalled my client :

- François, I’ve a good and bad news, which you want to hear first?

- The bad.

- Good with a plaster charge it is impossible because it would demolish everything, but I made contact with a company that manufactures shaped charges.

- With that, we would use much less explosives and it would be feasible, the problem is that they need a minimum 5-6 weeks to make the charge and if I tell you the price charged for such manufacture without implementation, you'll make me a heart attack.

- OK go ahead.

The amount that I communicated to him left him speechless for several seconds.

- And what's the good news?

- If you were interested in a much more economical solution, I just cut your tube with a gas burning torch for so many euros.

Thus, a week later, I was there with my team.

Me, Francis the fastest cutter at the east of Marseille

As the client wanted a short intervention to avoid the closure of that terminal for many hours, we would show them what we, the little Belgians divers were able to do.

At 3:35 p.m. my old buddy Chris nicknamed Papy Two and myself descended inside the pipe with our torches and went down to the bottom at 18 meter deep.

Thirteen ( 13) minutes later, the 4900 cm² steel were cut.

Me, Francis the fastest cutter at the east of Marseille

Phew, I could now finish my cutting career on this beautiful performance and stay forever,

Me, Francis the fastest cutter at the east of Marseille

"The fastest cutter at the east of Marseille"

Papy One

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5 mai 2016 4 05 /05 /mai /2016 16:52
L’HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (première partie)

Bonjour à tous,

Pour ceux qui le souhaites vous pouvez maintenant télécharger et imprimer “La petite histoire du découpage sous eau “ dans son entièreté à: https://www.academia.edu/24940668/La_Petite_Histoire_du_D%C3%A9coupage_Sous_Eau

Comme vous avez pu vous en rendre compte à la lecture de certaines de mes histoires j’ai depuis le début de ma carrière toujours adoré les travaux de découpage sous eau et donc quoi de plus normal si aujourd’hui en tant que scaphandrier à la retraite et disposant d’un peu plus de temps libre, j’ai pris de celui-ci pour m’intéresser un peu plus en détail à l’origine de cette technique. Actuellement les plongeurs-scaphandriers ont à leur disposition divers outils et procédés pour accomplir ce genre de mission comme par exemple :

- Le découpage au chalumeau.

- Le découpage électrique à l’électrode pleine.

- Le découpage électrique à l’électrode oxy-arc.

- Le découpage électrique à l’électrode ultra-thermique.

- La lance thermique.

- Le câble Kerie.

- Le plasma d’arc.

Mais comme on peut l’imaginer cela n’a pas toujours été le cas.

Je vous invite dès lors à me suivre au travers de quelques articles et découvrir ainsi l’histoire de ces fabuleux outils.

Depuis que les frères John & Charles Deane inventèrent le premier casque de plongée moderne avec lequel ils allaient créer le métier de scaphandrier en 1832 nos anciens ont été confrontés à des situations au cours desquelles il leur a fallu faire usage d’outils capable de couper.

Pour ces pionniers des travaux sous-marins la panoplie n’était pas bien grande et elle se limitait généralement à un couteau, une scie, une hache ou encore à un marteau accompagné de son burin.

A l’époque une grande partie des travaux sous eau se faisait sur les épaves et consistait à en récupérer la cargaison.

Parfois, lorsque l’épave gênait la circulation elle était détruite et dans ce cas les outils utilisés n’étaient bien entendu plus ces outils à main, mais plutôt la poudre noire et plus tard dès 1864 la célèbre dynamite inventée par Mr A. Nobel.

Figure n° 1 : Démolition d’une épave en bois à l’aide de poudre noire (1)

L’HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (première partie)

Vers la fin du 19 ième siècle les choses se compliquèrent un peu pour nos amis scaphandriers avec l’apparition des premiers bateaux à coque d’acier et les structures portuaires diverses faites dans le même métal.

Les découpages à l’aide de boudins d’explosifs continuaient à être utilisés mais cette technique n’était pas toujours bien maitrisée.

Soit on chargeait trop peu et rien n’était coupé, soit on chargeait trop et on détruisait bien plus que prévu.

Heureusement pour les petits travaux de découpage, outre le marteau / burin, les anciens disposaient maintenant de la perceuse pneumatique qui avait été inventée par Mr Simon Ingersoll en 1871 suivit un peu plus tard du burineur.

Grâce à ces deux outils ils pouvaient en réalisant une série de trous jointifs couper de petites longueurs d’acier.

C’est par exemple ce procédé qui a été utilisé sur l’épave du H.M.S Gladiator qui avait sombré en avril 1908 suite à une collision avec le St Paul (le même que nous retrouverons plus loin dans un autre article).

En effet, pour éviter que certaines structures ne gênent les opérations de renflouement, les canons de 15 tonnes, les 3 cheminées et les mâts ainsi que toutes les autres structures gênantes furent coupées à l’aide de burins pneumatiques.

Photo n° 1 : H.M.S Gladiator avant son naufrage (2)

L’HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (première partie)

Photo n° 2 : H.M.S Gladiator lors de travaux de renflouement (3)

L’HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (première partie)

Nul besoin de dire qu’à l’époque le découpage d’une structure en acier était particulièrement laborieux et pénible et il était nécessaire de trouver d’autres équipements plus adaptées.

Le premier outil efficace qui allait être mis à la disposition des scaphandriers en ce début de 20 ième siècles fut le chalumeau découpeur sous-marin, mais ce fabuleux engin qui allait révolutionner les travaux sous-marins n’aurait cependant jamais pu voir le jour sans le génie de certains hommes.

Le premier s’appelait Edmund Davy, c’était un professeur de chimie irlandais qui en 1836 découvre le C2H2 (acétylène) et imagine que ce gaz pourrait lorsqu’il brule dans l’air être utilisé comme gaz d’éclairage.

Vient ensuite Henry le Chatelier un chimiste français qui en 1895 découvre que la combustion d’un mélange oxygène / acétylène génère à volume identique une flamme dont la température atteint environ 3130 °C ce qui dépasse la température de combustion des autres mélanges connus. Trois années plus tard ce même Monsieur suggère d’inventer un appareil capable d’exploiter ce mélange de gaz afin qu’il soit utilisé pour le soudage et le découpage des métaux ferreux.

En 1896 deux autres scientifiques français George Claude et Albert Hess inventent à leur tour un procédé permettant de stocker sous pression et sans risque d’explosion de l’acétylène dans des bouteilles.

Autre personnage clé ayant favorisé cette invention : Carl von Linde un ingénieur allemand qui en 1902 construit la première usine destinée à produire industriellement de l’oxygène et de l’azote grâce à un procédé de liquéfaction de l’air.

Et enfin last but not least, Edmond Fouché et Charles Picard qui en 1902 invente le premier chalumeau oxyacétylénique destiné à souder les métaux (Brevet n° 325 403, déposé le 18 octobre 1902) suivi ensuite en 1904 par le premier chalumeau découpeur.

Figure n° 2 : Les premiers chalumeaux oxyacétyléniques soudeurs et découpeurs (4)

L’HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (première partie)

Evidemment, cette nouvelle invention allait rapidement faire le tour du monde et de nombreux pays vont acheter les droits de ce brevet pour eux aussi fabriquer cet outil.

Malheureusement pour nos travailleurs sous-marins en dépit de la mise en œuvre rapide de cet engin de découpage sur les chantiers de démolition à l’air libre, il a malgré tout fallut attendre jusqu’en 1909 pour qu’on s’intéresse à lui pour les travaux sous eau et qu’on commence à le mariniser.

Auparavant on avait déjà tenté de le faire bruler sous eau mais la flamme s’éteignait constamment à cause des turbulences engendrées par le flot de bulles de gaz résiduels.

Comment donc faire pour y remédier ? Pourquoi ne pas faire brûler la flamme du chalumeau dans une bulle d’air l’isolant du contact de l’eau.

Il semblerait que cette idée a germé plus ou moins en même temps dans la tête de deux personnes.

Celle de Charles Picard qui bosse pour l’usine d’acétylène dissous de Champigny et l’autre, celle de l’ingénieur A. Heckt de l’entreprise allemande der Deutsch-Luxemburgischen Bergwerks und Hütten-A-G.

Cette dernière prend cependant une petite longueur d’avance sur les français car dès 1909 l’entreprise achète 4 brevets allemands grâce auxquels elle va pouvoir fabriquer le tout premier chalumeau découpeur sous-marin (5).

Pour protéger la flamme de son chalumeau notre ingénieur invente une espèce de coiffe caréné qui entoure le bec du chalumeau dans lequel est envoyé l’air comprimé.

Photo n° 3 : Premier chalumeau découpeur sous-marin (6)

L’HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (première partie)

Photo n° 4 : Détail coiffe (7)

L’HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (première partie)

Comme gaz de découpage outre le mélange oxyacétylénique il utilise également très rapidement un mélange oxyhydrique (oxygène / hydrogène).

Les premiers essais sont effectués dans une cuve équipée de hublots en présence de nombreux ingénieurs et représentants du département du Canal de l’Empereur Guillaume et à cette occasion un scaphandrier découpe au chalumeau oxyhydrique un fer plat de 100 x 20 mm (8).

A une autre occasion un scaphandrier descend à 5 mètres de profondeur dans le port de Kiel et y découpe un fer carré de 60 mm en trente secondes suivi ensuite d’une tôle de 300 x 20 mm qu’il parvient à découper en 90 secondes (9).

Photo n° 5 : Scaphandrier allemand avec son découpeur (10)

L’HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (première partie)

Dès 1914 ce chalumeau allemand commence à être utilisé pour découper des palplanches, des pièces de constructions métalliques, des morceaux d’épaves et d’après les écrits les vitesses de découpage peuvent atteindre 1,45 mètre de palplanche à l’heure tandis que les épaisseurs susceptibles d’être découpée avec ce premier outil peuvent atteindre les 150 millimètres (11).

Photo n° 6 : Découpage palplanches 1914 (12)

L’HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (première partie)

En 1915 un second chalumeau allemand fait son apparition, celui de W. BRUSCH & W. F. J. BEYER mais apparemment des problèmes d’extinction semble exister car quelques mois plus tard nos deux inventeurs mettent au point un système d’allumage électrique dont le courant est délivré par un petit transformateur portatif qui vu son poids sert également de lest.

Figure n° 3 : Brevet chalumeau W. BRUSCH & W. F. J. BEYER (13)

L’HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (première partie)

Photo n° 7 : Scaphandrier tenant son transformateur portatif (14)

L’HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (première partie)

En 1932 un nouveau chalumeau fait son apparition c’est celui du berlinois Monsieur H. Töpper.

La particularité de cet appareil est que la flamme de chauffe n’est non pas alimentée avec un gaz combustible mais au contraire avec un combustible liquide usuel tel que l’essence, le benzol ou autre.

Ce combustible liquide est envoyé au chalumeau par l’intermédiaire d’une bouteille d’air ou azote comprimé où il va être réchauffé et ensuite vaporisé grâce une résistance chauffante qui est incorporée dans le corps du découpeur.

Photo n° 8 : Chalumeau Töpper (15)

L’HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (première partie)

Photo n° 9 : Détail chalumeau Töpper (15)

L’HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (première partie)

Figure n° 4 : Schéma installation (15)

L’HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (première partie)

A l’aide de ce chalumeau le scaphandrier pouvait en fonction de l’épaisseur (10 – 40 mm) découper une tôle d’acier de 1 mètre entre 160 et 220 secondes (16)

Un an plus tard c’est au tour de Messer Griesheim d’arriver sur le marché avec son découpeur sous-marin. Celui-ci a été développé pour pouvoir être utilisé sur des épaves gisant jusqu’à 60 mètres de profondeur.

Photo n° 10 : Chalumeau Messer Griesheim (17)

L’HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (première partie)

Le principe de fonctionnement est plus ou moins identique à celui de son prédécesseur, c’est - à - dire que l’essence qui ne peut être détendu est amené jusqu’au bec du chalumeau par l’intermédiaire d’azote comprimé où elle est ensuite pulvérisée dans l’oxygène.

Le corps du chalumeau est composé de 3 vannes servant à l'alimentation de l'oxygène de coupe, à celle de l'oxygène de chauffe ainsi que pour le mélange azote - essence.

Photo n° 11 : Chalumeau à essence Messer Griesheim (18)

L’HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (première partie)

Trois tubes amènent ensuite les gaz et le liquide à la tête du chalumeau.

Les tubes, de même que la tête du chalumeau sont interchangeables permettant ainsi d'obtenir une inclinaison différente du bec, ce qui facilite la manipulation de l’outil en fonction du travail de découpe.

Un des gros avantage de ce chalumeau c’est qu’il n’a plus de cloche d’air, celle – ci a été remplacée par une chambre de combustion (voir Picard H7) ce qui permet dès lors s’il y a un peu de visibilité de mieux distinguer la coupe.

Dès sa mise en service les performances de cet appareil sont telles qu’il va rapidement devenir le plus performant du marché car en fonction de l’épaisseur à découper (10 mm à 100 mm) il peut atteindre une vitesse de coupe comprise entre 30 m et 6 mètres à l’heure (19).

Pour le commun des plongeurs professionnels contemporains, ces vitesses de découpage sont assez inimaginable pourtant lors d’un découpage réalisé à Paris durant les années septante, j’ai été le témoin de la prestation d’un vieux scaphandrier hollandais qui à l’aide de ce chalumeau parvenait à découper entre 145 et 160 mètres de palplanches en six heures de plongée.

Pour arriver à un tel rendement le chalumeau avait besoin d’utiliser une pression d’oxygène élevée ce qui en période de froid avait tendance à provoquer le givrage du gaz.

Pour éviter ce phénomène, le constructeur avait prévu de faire passer le circuit d'oxygène au travers d'un réservoir d'eau réchauffée à environ 40 °C.

Figure n° 5 : Détails installation Messer Griesheim (20)

L’HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (première partie)

Très utilisé durant les années 40 - 45 pour le découpage de nombreuses épaves, son emploi a ensuite diminué très fortement car en dépit de ses performances élevée ce chalumeau avait aussi quelques inconvénients sérieux dont notamment le niveau sonore.

En effet, le bruit généré par la combustion de la flamme était comparable à celui générée par un jet et devait largement dépasser les 100 décibels.

Deuxièmement comme avec tous les chalumeaux, la flamme ne consumait pas entièrement le gaz ou dans le cas présent le liquide combustible, résultat de l’essence avait tendance à remonter en surface avec comme conséquence la pollution du milieu ambiant.

L’ensemble de cet équipement était assez laborieux à mettre en œuvre et pouvait devenir dangereux si toutes les règles de sécurité n’étaient pas respectée et enfin ce chalumeau consommait beaucoup d’essence (25 – 40 litres / heure) et de ce fait il est devenu de moins en moins rentable à cause de la hausse des prix du carburant.

A suivre : Les chalumeaux découpeurs français.

Références articles:

(1) Diving apparatus with instructions for submarine opérations by Siebe & Gorman 1870 page 26

(2) https://en.wikipedia.org/wiki/HMS_Gladiator_(1896)

(3) https://nickoftimemktg.files.wordpress.com/2014/11/hmsgladiator1908.jpg

(4) https://www.cganet.com/docs/100th.pdf page 7

(5) Das Acetylen:Seine Eigenschaften seine Herstellung und Verwendung by J.R.Vogel 1923 page 267

(6) Das Acetylen:Seine Eigenschaften seine Herstellung und Verwendung by J.R.Vogel 1923 page 268

(7) Das Acetylen:Seine Eigenschaften seine Herstellung und Verwendung by J.R.Vogel 1923 page 268

(8) mémoires de la société des ingénieurs civils volume 102,1914,page 235

(9) http://paperspast.natlib.govt.nz/cgi-bin/paperspast?a=d&cl=search&d=NOT19140822.2.12&srpos=1&e=-------10--1----2melting+steel+under+water--Xx

(10) Der Grundbau: Ein Handbuch Für Studium und Praxis Par Schoklitsch Schoklitsch 1932 , page 150

(11) Der Grundbau: Ein Handbuch Für Studium und Praxis Par Schoklitsch Schoklitsch 1932 , page 151

(12) Das Acetylen:Seine Eigenschaften seine Herstellung und Verwendung by J.R.Vogel 1923 page 270

(13) F.W.Brusch & W.F.J.Beyer Patent 1,298,880

(14) Praktisches Handbuch der gesamten Schweisstechnk by P.Schimpke & H.Horn 1924 page 129

(15) Le génie civil. Revue générale des industries françaises et étrangères (1932/12/17) page 612

(16) Le génie civil. Revue générale des industries françaises et étrangères (1932/12/17) page 612

(17) http://www.divingheritage.com/tools_cutting.htm

(18) http://www.pieds-lourds.com/Pages/pages.htm

(19) Die Schweisstechnik des Bauingenieurs: Einführung in Entwurf, Berechnung Par Bernhard Sahling 1952 page 209

(20) Manuel de découpage sous-marin par F. Hermans 1995 page 34

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4 mai 2016 3 04 /05 /mai /2016 09:18
L'HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie n° 2)

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Bonjour à tous,

Pour ceux qui le souhaites vous pouvez maintenant télécharger et imprimer “La petite histoire du découpage sous eau “ dans son entièreté à: https://www.academia.edu/24940668/La_Petite_Histoire_du_D%C3%A9coupage_Sous_Eau

L’approche française fut par contre différente. Eux aussi avaient compris que pour empêcher l’extinction de la flamme il fallait l’isoler du contact de l’eau mais plutôt que d’utiliser une cloche carénée comme celle utilisée par les allemands, Monsieur C. Picard va plutôt utiliser une cloche évasée.

En 1912 son chalumeau sous-marin appelé « l’oxy-secator » fonctionnant avec un mélange oxyacétylénique apparait pour la première fois en France (21).

Figure n° 6 : schéma oxy-secator (21)

L'HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie n° 2)

Comme on peut le voir sur le schéma la tête de son chalumeau était équipée d’une cloche dans laquelle arrive deux petits conduits diamétralement opposés par lesquels de l’air comprimé est envoyé et qui a pour but de chasser l’eau de la cloche ainsi que de la zone de métal qui doit être découpée. Autour de sa périphérie la cloche était également équipée de 3 petits guides destinés à garder une distance constante entre la flamme et l’acier.

Pour réaliser la mise au point de son engin il organise dès 1912 une séries de plongée mais celles-ci allaient malheureusement être interrompue à cause de la guerre.

Finalement, le chalumeau est prêt et le 10 juin 1917 une démonstration de découpage est organisée devant quelques personnalités et ce jour-là un scaphandrier parvint à découper sous 1,5 mètre d’eau une tôle d’acier de 400 mm de longueur x 40 mm d’épaisseur (22).

La littérature ne stipule malheureusement pas le temps mis pour réaliser cette découpe, mais il semblerait que le chalumeau fonctionne correctement car dès la fin de la guerre divers « oxy-secator » sont mis en service pour aider à l’enlèvement du cuirassée anglais de 5750 T H.M.S Vindictive qui avait été sabordé le 10 mai 1918 pour embouteiller le port d’Ostende.

Avant le sabordage et afin de compliquer un éventuel relevage par l’ennemi, l’équipage du cuirassé avait rempli les cales et les doubles fonds de sacs de ciment qui une fois immergé allaient bien entendu durcir et être très difficile à retirer. Et ce fut effectivement le cas non pas pour les allemands mais plutôt pour l’entreprise anglaise « Liverpool Salvage Association » à qui on avait confié les travaux.

Photo n° 12 : H.M.S Vindictive (23)

L'HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie n° 2)

Ceux-ci débutèrent l’été suivant sous la direction du capitaine Young qui avait déjà une bonne expérience de ce genre de travaux.

Un des premiers travaux qui allait être confié aux pieds-lourds était l’enlèvement de ces sacs et donc pour y arriver certaines parois devaient être découpées à l’aide de l’oxy-secator afin de pouvoir démolir cette couche de béton (24). Celle-ci se fit à l’aide de burineurs pneumatiques et de petites charges d’explosifs.

Après cela, une trentaine de tunnels furent lancé sous l’épave afin d’y passer les câbles de relevage qui devaient être fixé aux divers pontons et flotteurs.

Toute l’opération fut menée de main de maitre et le chantier se termine avec succès le 16 octobre 1919.

Comme il s’agissait d’une entreprise anglaise il y a fort à parier que des scaphandriers britanniques eurent l’occasion de se servir de ce chalumeau.

On retrouve ensuite l’oxy-secator quelques mois plus tard en 1920 sur un chantier de recépage de palplanches à Theux sur la Meuse (25). Dans la région de nombreux ouvrages d’art avaient subi de graves dégradations voire même des destructions complètes à cause de la guerre et donc pour pouvoir les restaurer correctement tout veillant à ce que les ouvriers aient les pieds aux sec des rideaux de palplanches devaient être battu autour de l’ouvrage.

Dans ce genre de réfection, après les travaux et dans la mesure du possible les palplanches étaient arrachées mais en fonction de la configuration du sous-sol cela n’était pas toujours possible et dans ce cas la seule solution restante était le découpage sous eau.

Photo n° 13 : Chantier du pont de Theux (26)

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A Theux, c’était donc ce type de travail qui avait été convié à notre travailleur sous-marin car un certain nombre de palplanche « Ransome » type D étaient complètement bloquées.

Figure n° 7 : Configuration palplanche « Ransome » (27)

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D’après un rapport de l’époque, notre chalumiste réussi à découper les plats sans trop de difficultés mais à cause de l’encombrement de la cloche de son chalumeau, les agrafes ainsi que les angles rentrant des palplanches n’avaient pas pu être sectionnés entièrement ce qui avait nécessité le craquage du rideau.

Le problème avec ce premier chalumeau était qu’à cause du volume intérieur de la cloche une quantité assez importante d’air comprimée était nécessaire pour la maintenir à sec. Celui-ci était fourni à la pression de 5 bars par un compresseur mais à cause de la contre-pression exercée par la bulle d’air le chalumeau vibrait fortement en émettant un sifflement strident et il était assez difficile à le maintenir en appui sur le métal.

De plus, tout comme le chalumeau allemand, la flamme avait tendance à s’éteindre fréquemment.

Photo n° 14 : Oxy-secator muni de son système d’allumage Corné (28)

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Heureusement pour contrer cet inconvénient, Mr Corné de la direction des recherches scientifiques et industrielles et des inventions avait mis au point un système d’allumage sous eau sous la forme d’un tube en laiton dans lequel était comprimé un mélange réactif qui s’enflammait spontanément au contact de l’eau permettant ainsi le rallumage du chalumeau.

En 1922 Monsieur Picard qui travaillait maintenant pour l’Air Liquide présente à l’exposition Coloniale de Marseille un autre type de chalumeau sous-marin sur lequel la cloche d’air a été supprimée et remplacée par une chambre de combustion qui élimine l’utilisation de l’air comprimé.

Photo n° 15 : plongée de démonstration à Marseille (29)

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En effet sur ce nouveau dispositif l’extrémité de la buse comportant la flamme de chauffe et le jet d’oxygène central débouchent au fond d’une petite cuvette qui a pour rôle, grâce au produits de la combustion qui ne cessent de la remplir et d’en déborder, de refouler continuellement l’eau des abords de l’orifices et de découvrir en même temps la surface de la pièce à découper.

Figure n° 7 : chalumeau Picard AD-8 (30)

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Afin de faciliter l’allumage sous eau, l’utilisation du système Corné est maintenant remplacée par une petite veilleuse qui brûle de manière continue à proximité immédiate du bec principal.

Figure n° 8 : Détails chambre de combustion et veilleuse (31)

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Les premiers essais pratiques de ce nouveau chalumeau vont se faire sur l’épave du paquebot hollandais Tubantia qui avait été torpillé le 16 mars 1916 par le sous-marin allemand UB13.

Photo n° 16 : Le paquebot Tubantia (32)

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Le bateau gisait par 33 mètres de fond à quelques 55 miles au large d’Ostende dans une zone de navigation fort fréquentée sujette à de fort courant.

Les essais démarrèrent à la fin d’avril 1924 avec une équipe composée de 6 scaphandriers (5 anglais et 1 français) mais très rapidement ce fut un fiasco (33).

Le chalumeau brulait bien à cette profondeur, mais la flamme ne parvenait pas à amener la tôle à la température d’ignition. Pour tenter d’y parvenir l’équipe de surface tara au maximum les manodétendeurs afin d’augmenter la pression en sortie de chalumeau, mais ce qui devait arriver arriva.

Une formidable explosion se produisit entrainant l’éclatement sur toute leur longueur des flexibles d’alimentation et provoquant également en surface la mise à feu du manomètre d’acétylène.

Que c’était-il passé ? Rien de bien surprenant si ce n’est que ce nouveau chalumeau fonctionnait tout comme son prédécesseur avec un mélange oxyacétylénique. Or il faut savoir que l’acétylène ne peut s’il n’est pas dissous dans de l’acétone être comprimé au-dessus de 1,5 bars. Passé cette pression, le gaz se décompose très rapidement en carbone et en hydrogène et explose spontanément. Autrement dit, ce type de mélange ne peut être utilisé en toute sécurité qu’à des profondeurs inférieures à 10 mètres.

Heureusement, cet incident n’eut aucune conséquence fâcheuse, mais l’utilisation du chalumeau fut arrêtée et le découpage se fit à l’aide d’un autre procédé qui sera décrit plus loin.

Ce premier échec (qui ne mettait pas en cause le chalumeau) n’empêchât pas l’emploi de celui-ci sur des chantiers moins profonds comme par exemple pour le renflouement du cuirassé de 15000 Tonnes Liberté qui suite à un incendie avait explosé dans le port de Toulon le 25 septembre 1911 en tuant pas moins 110 personnes et en blessant 236 autres.

Photo n° 17 : Le cuirassé Liberté (34)

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La méthode mise en œuvre pour le relevage était celle préconisée par Mr SIDENSNER ancien ingénieur en chef de la marine russe qui avait à son actif le renflouement par air comprimé du cuirassé Impératrice-Marie coulé en rade de Sébastopol en 1917 (35).

Donc à Toulon les travaux consistaient à injecter de l’air comprimé dans les compartiments qui n’étaient pas trop endommagé ainsi qu’à mettre en place tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’épave de gros flotteurs afin d’atteindre une flottabilité suffisante permettant de déplacer le cuirassé vers son lieu de démantèlement.

Nul besoin de dire que l’ensemble de ces travaux qui allaient durer près de 40 mois nécessitèrent la présence de nombreux scaphandriers dont plusieurs chalumistes.

En effet, entre juin et novembre 1924 trois nouveaux chalumeaux Picard avaient été mis en service sur ce chantier durant lesquels pas moins de 500 heures de découpage divers furent prestés à des profondeurs comprises entre 3 et 7 mètres, donc loin de la pression critique de l’acétylène (36).

Figure n° 9 : Illustration travaux sur la Liberté (37)

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Sur ce même chantier, un autre chalumeau sous-marin fit son apparition. C’était celui de l’ingénieur Royer directeur de la S.A. du Chalumeau Eugène Royer, de Lyon qui en 1922 avait fait une demande pour breveter un chalumeau oxyacétylénique fonctionnant sous eau.

L’ensemble de son chalumeau se composait d’un tube en laiton d’environ 50 cm de longueur équipé à l’une de ces extrémité, de 4 raccords destinés à recevoir les flexibles d’alimentation et de l’autre côté la tête du chalumeau.

Comme on peut le voir sur le schéma de la figure n° 9, la flamme était protégée du contact de l’eau par une chasse d’air qui entourait le porte bec.

Le chalumeau Royer était également pourvu d’un système permettant l’allumage électrique sous eau provoqué par un courant de rupture et autre particularité, il est équipé de deux galets qui facilitaient le déplacement de l’outil de découpage sur la tôle.

Figure n° 10 : Brevet chalumeau Royer (38)

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Bien que ce chalumeau n’avait que très récemment été mis sur le marché, il semble cependant qu'il avait rapidement prouvé son efficacité grâce à quelques démonstrations organisées dans les ports de Marseille, Lorient, la Ciotat et Brest ainsi qu’au siège de la société à Lyon.

Les performances de découpage de cet outil étaient (semble-t-il) assez élevée puisque son constructeur annonçait des vitesses de coupe de l’ordre de 12 à 15 mètres par heure. Il n’était dès lors pas étonnant que le scaphandrier attitré de la maison Royer (probablement Mr Thudot) fut demandé en assistance sur le chantier pour terminer sous eau le découpage d’une ouverture de 60 mètres de longueur dans un passage très étroit.

Environ 45 mètres avait pu être découpé avec des chalumeaux ordinaires à l’abri de quelques batardeaux provisoires mais les derniers 15 mètres ne pouvaient se faire que sous eau.

Des essais préalables avaient été effectués à l’aide de forages jointifs réalisés à la perceuse pneumatique, mais en l’espace de 6 heures de plongée seul 0,8 m avait été coupé.

Notre scaphandrier avait lui par la suite coupé cette bande de 15 mètres (soit 30 m de coupe) de longueur en seulement 14 heures (39). Comme on peut l’imaginer quelques petits « ponts » incorrectement brûlé empêchèrent la tôle de tomber dans le fond, mais elle put sans problème être « arrachée » à l’aide d’une grue de 25 Tonnes.

Grâce à tous ces spécialistes, les travaux de renflouement se terminèrent en février 1925 et malgré les conditions de travail extrêmement difficile, aucun accident grave ne fut à déplorer au sein de la communauté des travailleurs sous-marins. Seul quelques-uns d’entre eux avaient dû subir les effets (peu agréables) de quelques explosions de gaz résiduels piégé dans des espaces clos.

Pour la petite histoire on peut également signaler l’attaque d’un poulpe qui en décembre 1923 se jeta sur le scaphandrier Jean Negri et l’enserra si fort avec ses tentacules que celui-ci du remonter en surface où ses assistants ont dû faire usage de haches pour en venir à bout (40).

Après ce prestigieux renflouement la presse se fit un peu plus avare en information concernant l’emploi de ces chalumeaux et ce probablement à cause du fait qu’ ils faisaient maintenant partie de l’outillage de base des scaphandriers et que leur utilisation devenait de plus en plus courante. Pourtant, en France les scaphandriers chalumistes étaient confrontés à un problème de taille : la limitation en profondeur de leur prestation de découpage.

A l’inverse de ceux utilisés dans d’autres pays, leurs chalumeaux n’étaient dans les années vingt équipé que d’une buse adapté au mélange oxyacétylénique ce qui nous l’avons dit était dangereux dès que la profondeur de 10 mètres était dépassée. Donc nul doute qu’à cette époque pour certains chantiers plus profonds les entreprises de plongée se pourvoyaient de chalumeau provenant de l’étranger et qui eux utilisait un autre gaz de découpage : l’hydrogène.

Au point de vue calorifique, la température d’une flamme oxyhydrique est environ 430 degrés moins élevée que celle de l'oxyacétylène mais les propriétés de l’hydrogène font que ce gaz n’est pas limité en profondeur.

Il fallait donc que les fabricants français adaptent leur outil s’ils ne voulaient pas perdre une partie importante de la clientèle spécialisée dans les travaux sous-marins.

Mr. Picard fût le premier à réagir et en 1936 il met au point son tout nouveau chalumeau le « Picard H7 ».

Celui-ci est testé à Toulon entre le 1 et le 20 mars de cette même année jusqu’à la profondeur de 38,6 m (41) et suite au succès de ces essais le H7 est commercialisé dès l'été de cette année-là.

Il s’agit à nouveau d’un chalumeau équipé d’une buse de combustion et bien qu’il soit alimenté par trois flexibles, un pour l'oxygène de coupe, un pour l'oxygène de chauffe et un pour le gaz combustible ce chalumeau ne comporte plus que de 2 vannes.

Photo n° 18: Chalumeau Picard H7 (42)

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Une vanne quart de tour qui s’ouvre à fond et assure l'arrivée de l'oxygène de chauffe et du gaz combustible dans la buse de mélange et une vanne circulaire pour l'oxygène de coupe.

De même que sur le modèle antérieur ce chalumeau possède lui aussi une petite veilleuse mobile permettant d'allumer à volonté cet appareil dans eau.

Le gros avantage de ce nouveau PICARD par rapport à tous les autres chalumeaux sous-marins existant est dû au fait que désormais le scaphandrier n’a plus à se préoccuper du réglage des pressions car celui-ci se fait automatiquement en fonction de la profondeur via un tableau de réglage automatique qui reste en surface (43).

Figure n° 11 : Schéma tableau de réglage automatique (44)

L'HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie n° 2)

Photo n° 19: Tableau de réglage automatique (45)

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Evidemment, ce nouveau modèle va vite être adopté par une grande partie de la corporation française et étrangère et au cours des 4 décennies qui suivent il va être utilisé avec succès en découpant notamment les très nombreuses épaves coulées pendant la Seconde Guerre mondiale.

La dextérité de nos anciens était sans pareil. Les coupes réalisées dans les pièces qui remontaient en surface étaient souvent si parfaite et rectiligne que le morceau aurait pu être ressoudé sans usinage particulier.

Photo n° 20 : Remontée d’un morceau d’épave découpé au Picard (46)

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En dehors des travaux en mer le H7 était également beaucoup utilisé par les scaphandriers TP pour notamment après la seconde guerre mondiale réaliser le recépage sous eau des rideaux de palplanche qui avaient servi de batardeaux pour la restauration ou la construction de nouvelle pile de pont.

Pourtant, pour ces scaphandriers des travaux publics deux petits problèmes allaient rapidement apparaitre.

Comme cité plus haut, le Picard H7 fonctionnait avec un mélange oxygène / hydrogène et pour que le chalumeau marchait correctement les proportions du mélange de ces gaz devaient être d’environ 1 volume d’O2 pour 3 volumes H2 ce qui donnait si on utilisait le chalumeau à 10 mètres de profondeur une consommation horaire d’environ 7 m³ d’oxygène et 23 m³ d’hydrogène soit une consommation d’environ 180 m³ de gaz de chauffe sur une journée de six heures de plongée.

A cela, il fallait encore ajouter environ 57 m³ pour l’oxygène de coupe.

Cela signifiait donc que les équipes qui travaillaient à terre devaient se déplacer avec un nombre impressionnant de bouteilles de gaz.

Encore une fois L’air Liquide résolu le problème en modifiant la buse de mélange de son chalumeau. Les 22 petits trous d’échappement des gaz du H7 furent réduit à 12 avec pour résultat que dès les années 50 les scaphandriers allaient pouvoir utiliser le Picard (P9) avec du gaz propane (et plus tard avec d’autre gaz à base d’hydrocarbure) pour lesquelles les proportions d’utilisation étaient égales à 1 volume d’O2 pour 0,3 volume de C3H8 ce qui réduisait du même coup la manipulation de bouteilles.

L’autre petit problème rencontré en TP était dû à la longueur du chalumeau. En effet, il était parfois difficile dans certaine configuration de rideau de palplanches de découper celles-ci d’un seul trait et il fallait constamment modifier la position du chalumeau.

Pour remédier à cela de nombreuses entreprises avaient rapidement résolu le problème en supprimant eux même le manche du chalumeau (et parfois même plus) ce qui non seulement le raccourcissait mais le rendait en même temps un peu plus léger.

Photo n° 21 : Résultat de quelques transformations réalisées en entreprise (47)

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A peu près à cette époque, fin quarante début cinquante (date introuvable) un autre chalumeau français arrive sur le marché : le CHARLEDAVE.

Photo n° 22 : Chalumeau oxy-propane Charledave (48)

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Equipé de quatre vannes, ce chalumeau oxy-propane utilisait le principe de la bulle d’air pour éviter l’extinction de la flamme.

Il était selon ses utilisateurs assez difficile à régler mais une fois fait, le chalumeau découpait parfaitement.

Concernant le « Royer » assez bizarrement il ne fait plus parler de lui après les travaux sur la Liberté et aucune photo n’est semble-t-il disponible.

En 1939 son inventeur intentât un procès auprès de la cour de Rennes contre la SORIMA, car son chalumeau oxyacétylénique aurait été utilisé par l’entreprise italienne lors des travaux de récupération de la cargaison d’or sur l’Egypt qui durèrent de 1930 à 1932 et de ce fait il espérait toucher 10% des valeurs recouvrées soit environ 9.200.000 francs de l'époque (49).

Photo n° 23 : Scaphandre Neufeldt-Kunhke (50)

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Quand on sait que cette épave gisait à quelques 127 mètres de profondeur cela peut nous laisser septique surtout si comme monsieur Royer le prétend il avait fonctionné à l’acétylène.

Autre fait en défaveur de cette affirmation c’est qu’à cause de la profondeur toutes les plongées sur cette épave avaient été effectuées avec un scaphandre rigide Neufeldt-Kunhke équipé de bras articulé et on peut dès lors avoir du mal à imaginer qu’un tel scaphandre puisse tenir et guider un chalumeau sous-marin.

Sur cette épave 5 ponts avaient effectivement dû être découpé pour arriver à la chambre forte mais les découpes avaient d’après la firme italienne exclusivement été réalisées à l’aide de boudins d’explosifs (51).

Aujourd’hui, plus aucun chalumeau sous-marin n’est fabriqué en France seul une buse de combustion à monter sur un chalumeau de surface Pyrocopt est encore disponible.

Photo n° 24: Chalumeau Pyrocopt équipé d’une buse de combustion (52)

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A suivre : Les chalumeaux découpeurs américains.

Références:

(21) Pratique de la soudure autogène par Franche & Seferian encyclopédie Roret 1931 page 218

(22) L’emploi du chalumeau et de l’arc électrique dans les travaux sous-marins 19xx par Maurice Lebrun page 19

(23) http://www.militarian.com/attachments/hms-vindictive-8-1897-1920-20-jpg.5797/

(24) Marine Salvage by Joseph N. Gores 1972 David & Charles page 252

(25) Revue générale des chemins de fer et des tramways 1921/07-1921/12 page 249

(26) Revue générale des chemins de fer et des tramways 1921/07-1921/12 page 249

(27) Revue générale des chemins de fer et des tramways 1921/07-1921/12 page 243

(28) La Nature-1921 quarante-neuvième année,premier semestre :n.2439-2464 page 416

(29) Pratique de la soudure autogène autogène par Franche & Seferian encyclopédie Roret 1931 page 220

(30) La Nature-1932 Soixantième année, premier semestre :n.2872-2883 page 559

(31) Le génie civil.Revue générale des industries françaises et étrangères (1924/05/24) page 512

(32) https://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/5/52/SS_Tubantia.jpg

(33) L’emploi du chalumeau et de l’arc électrique dans les travaux sous-marins Académie de Marine 1945 par Maurice Lebrun page 22

(34) http://jcautran.free.fr/archives_familiales/activites_depuis_2004/2011_conference_ASAM_liberte/amas_ferraille.jpg

(35) Le génie civil.Revue générale des industries françaises et étrangères (1925/03/14) page 250

(36) Le génie civil.Revue générale des industries françaises et étrangères (1925/03/14) page 254

(37) http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k717606q.item

(38) Le génie civil.Revue générale des industries françaises et étrangères (1925/03/14) page 267

(39) Le génie civil.Revue générale des industries françaises et étrangères (1925/03/14) page 253

(40) http://doc.rero.ch/record/182114/files/1923-12-06.pdf

(41) La Machine moderne 1936/01-1936/06 page 275

(42)http://www.collindubocage.com/html/fiche.jsp?id=3224019&np=9&lng=fr&npp=20&ordre=&aff=1&r=

(43) DYKKEHISTORISK TIDSSKRIFT Nr 50-17 Argang 2013 page 12

(44) La pratique du soudage oxyacétylénique et des techniques connexe par A. Leroy, M. Evrard et G. d’Herbemont page 277

(45) http://www.simonszand.net/Usine%20elevatoire%20de%20Briare.html

(46) Les Pieds-Lourds Histoire des scaphandriers à casques français par G. Millot/Le chasse-marée éditions de l’estran 1982 page 156

(47) Chalumeau BDC document personnel

(48) http://historiadeunbuzo.blogspot.be/2010/11/equipo-de-buzo-clasico-siebe-gorman-co.html

(49) Paris-Soir 8/9/1938

(50) http://i.kinja-img.com/gawker-media/image/upload/t_ku-xlarge/wyq3a7llzmywjoketlqo.jpg

(51) L’or et la griffe par Claude Rabault Terre de Brume Editions 1995

(52) http://www.pieds-lourds.com/Pages/pages.htm

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3 mai 2016 2 03 /05 /mai /2016 09:49
HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

Bonjour à tous,

Pour ceux qui le souhaites vous pouvez maintenant télécharger et imprimer “La petite histoire du découpage sous eau “ dans son entièreté à: https://www.academia.edu/24940668/La_Petite_Histoire_du_D%C3%A9coupage_Sous_Eau

Aux Etats-Unis la fabrication du premier chalumeau sous – marin revient à Eugène Bournonville. Celui-ci reçut en 1904 deux chalumeaux soudeur d’Edmond Fouché qu’il allait utiliser pour réparer certaines de ses machines. En 1905 Il s’intéresse également au brevet déposé aux USA par le Belge Félix Jottrand sur un modèle de chalumeau qui utilisait un jet d’oxygène pur pour découper l’acier (53) et dès 1906 Bournonville commença à fabriquer ses propres chalumeaux sous la dénomination AIRCO.

Figure n° 12 : Chalumeau de surface Davis Bournonville (54)

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Vers 1916 en se fondant sur le chalumeau sous-marin allemand il mit au point une coiffe qui pouvait être adapté sur son chalumeau découpeur de surface.

Figure n° 13 : Schéma de la coiffe du 1er chalumeau découpeur sous-marin Bournonville (Airco) (55)

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Lors d’un essai de découpage avec ce chalumeau oxyacétylénique réalisé à 6,6 mètres de profondeur au chantier naval de la marine des Etat - Unis dans le Puget Sound à Bremerton un scaphandrier a pu réaliser une coupe circulaire de 48 cm en 6 minutes (56).

Figure n° 14 : Scaphandrier utilisant un chalumeau oxyacétylénique en 1919

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Par la suite entre 1917 et 1922 d’autres fabricants américains adaptèrent également leur chalumeau découpeur au milieu sous-marin.

Photo n° 25 : Chalumeau Schrader (aucun renseignement disponible) (57)

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Une des premières sociétés qui commença à faire usage de cet outil (sans en préciser la marque) fut l’entreprise New-yorkaise Meritt - Chapman & Scott.

Leurs scaphandriers l'utilisaient pour faire de petits travaux comme par exemple le dégagement d’hélice, puis en 1918 un des premiers gros chantiers au cours duquel on fit mention de l’utilisation du chalumeau sous-marin fut le renflouement du navire S.S. St Paul qui avait accidentellement chaviré dans le port de New-York le 25 avril de cette même année (58).

Pour une raison inconnue le bateau c’était en quelques minutes couché sur son flanc bâbord et gisait maintenant sur un lit de vase molle. Afin de pouvoir le renflouer par pompage les scaphandriers allaient devoir obturer près de 500 ouvertures en tous genres, évacuer les quelque 2000 T de vase qui c’étaient accumulé dans l’épave et découper des ouvertures Ø 450 mm dans chacune des cloisons de cale afin que le niveau d’eau puisse rester équilibrée lors du pompage.

Photo n° 26 : Le S.S. St Paul dans le port de New York (59)

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Vint ensuite le fonçage à la lance d’incendie de 6 tunnels sous la coque pour y tirer les élingues de relevage, ce qui ne fut apparemment pas un travail facile pour les scaphandriers car il leur faudra près d’une semaine de travail par tunnel.

Pour redresser le navire l’entreprise installa sur sa coque tribord une série de 21 charpentes métalliques en forme de A qui devait servir de bras de levier.

Figure n° 15 : Mise en place des charpentes métalliques (60)

HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

La séquence de redressement va durer près d’une semaine. Elle sera suivie de quelques heures de pompage et finalement 28 septembre 1918 le bateau refit surface.

D’autres interventions du même ordre auront lieu sans que les chalumeaux n’évoluent dans leur conception puis en 1925 c’est la catastrophe pour la Marine Américaine.

Durant la nuit du 25 septembre, un de leurs sous-marins le S-51 est éperonné en surface par le paquebot S.S City of Rome et coule en moins d’une minute.

10 hommes parviennent à sauter à l’eau parmi lesquels seul 3 seront sauvés.

Le lendemain après-midi soit une quinzaine d’heures après la collision une première équipe de scaphandriers de la marine arrive sur place et plonge immédiatement sur l’épave qui git par 39 mètres de fond.

Photo n° 27 : Descente d’un scaphandrier de l'USN (61)

HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

Malheureusement malgré leurs coups répétés sur la coque aucun signal en retour ne sera perçu. Les 23 sous-mariniers encore à bord sont déclarés morts.

Dès l’annonce de l’accident deux grosses bigues d’une entreprise privée, le Monarch et le Century sont mobilisée et envoyée sur les lieux du sinistre en même temps que le sous-marin S-50.

Photo n° 28 : Les 2 bigues au cours de leur tentative de relevage (62)

HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

Une fois sur place, le Capitaine Davis qui est en charge de l’opération fait installer un flexible d’air dans la brèche par lequel le S-50 pompe de l’air en continu avec le mince espoir que celui-ci puisse se confiner dans un espace clos et ainsi alléger l’épave.

En même temps deux câbles d’acier sont passés non sans difficulté sous l'arrière du sous-marin et le 30 septembre une tentative de levage est tentée mais malgré les quelque 400 Tonnes de traction combinée l’épave ne bouge pas d’un iota.

Les scaphandriers sont à nouveaux envoyés au fond pour percer de petits trous à l’aide de leur torche dans les parties hautes du sous-marin afin de vérifier la présence de poches d’air. Mais le résultat est négatif aucune bulle ne sort des trous, ce qui en clair signifie que les moyens de levage mis en œuvre sont insuffisants pour lever cette masse de près de 1000 tonnes.

Suite à cet échec les travaux seront interrompus jusqu’au 16 octobre (63).

La seconde phase des travaux est confiée au capitaine Ernest King et au commandant Edward Ellsberg.

Pour réaliser ce travail, ce dernier a préparé le plan de sauvetage suivant :

Huit pontons submersibles seraient coulés par paires de chaque côté du sous-marin et relié entre eux par de grosses chaines passant sous l'épave. Une fois rempli avec de l'air comprimé ils donneraient une force de levage de 640 tonnes.

La flottabilité supplémentaire proviendrait de la mise en air des 4 compartiments encore en bon état du S-51.

En l’occurrence un plan assez simple mais qui nécessita tout de même 7 mois de travail effectif pour être mené à son terme.

Cela était dû en partie au fait qu’à l’époque les scaphandriers de la marine américaine manquaient d’expérience et seul quelques-uns avaient été formé pour travailler à cette profondeur.

Ils étaient certes très aquatiques mais ceux qui étaient vraiment capables de travailler sous eau ne couraient pas les rues (64).

D’autre part, lorsqu’il avait persuadé ses supérieurs qu’il était capable de réussir ce renflouement Ellsberg était persuadé que le chalumeau sous-marin préparé par le laboratoire de la marine allait lui être d’un grand secours, malheureusement il n’en fut rien.

Pour fabriquer leur propre chalumeau, le laboratoire s’était basé sur ce qui avait été fait en France et en Allemagne mais dès sa mise en œuvre sur le chantier notre Commandant se rendit compte qu’il n’était pas du tout fiable.

En effet, lors d’une des premières plongées de mise en place d’un caisson une fausse manœuvre avait été faite et pour pouvoir débloquer celui-ci un câble d’acier de 25 mm devait être coupé. Normalement en surface, cette découpe aurait pris quelques secondes mais sur le fond cela avait demandé pas moins de 40 minutes de travail et six bouteilles de gaz à George Anderson le jeune scaphandrier de l’équipe pour sectionner ce câble (65).

Photo n° 29 : Cdt Ellsberg avec son découpeur s-m (66)

HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

Les travaux furent interrompus le 7 décembre à cause du mauvais temps et le Cdt Ellsberg profita dès lors de ces trois mois de standby pour suivre une formation accélérée de plongée tandis qu’en même temps il entreprit de faire quelques modifications sur le chalumeau existant de manière à le rendre plus performant.

En testant celui qui avait été utilisé en mer il se rendit immédiatement compte que la flamme n’était pas assez chaude et pensait que cela provenait de l’hydrogène qui comme signalé ailleurs avait une température plus basse que celle de l’acétylène.

Sachant que l’acétylène ne pouvait de toute façon pas être utilisé à cette profondeur il tente alors de faire des essais avec d’autres gaz mais là aussi il déchante.

Résultat retour à la case départ et réutilisation de l’hydrogène. C’était donc bien sur le chalumeau qu’il fallait travailler et non sur le gaz combustible.

Mais la mise au point de celui-ci ne fut pas sans risque.

Ainsi, un jour il se dit que ce serait bien d’essayer un chalumeau avec une grosse buse de mélange. Jim Frazer, un de ses scaphandriers testeurs se mit à l’eau et alluma le chalumeau. Celui-ci brula correctement pendant quelques secondes puis tout d’un coup la flamme sembla être aspirée dans le chalumeau et s’éteignit. Frazer regarda son engin sans comprendre ce qui c’était passé, mais tout d’un coup il sentit que sa main le brulait et par réflexe jeta le chalumeau loin de lui. Juste à temps car celui-ci explosa dans la cuve.

Ellsberg comprit qu’il devait revenir à un bec mélangeur plus petit.

Des essais en mer suivirent ceux en cuve et petit à petit le nouvel outil se perfectionna.

Photo n° 30: Le Cdt Ellsberg durant une séance de test (67)

HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

Pourtant un problème subsistait.

Pour obtenir une flamme de chauffe correcte il fallait envoyer dans la buse mélangeuse un dosage correct des divers gaz et cela le scaphandrier ne pouvait le faire qu’en ajustant avant l’allumage la longueur de la bulle de chaque gaz de manière à obtenir les valeurs suivantes :

  • longueur de la bulle d’air : 7,6 cm
  • longueur de la bulle d’hydrogène : 7,6 cm
  • longueur de l’oxygène de chauffe : 6,3 cm

Inutile de dire que la mise au point était assez laborieuse.

Notre concepteur imagina dès lors un système assez simple mais efficace qui allait permettre grâce à une barre de réglage amovible que le scaphandrier devait placer devant le bec de facilement ajuster la longueur des bulles de gaz (68).

Les séances de tests se suivaient et petit à petit le chalumeau découpait de mieux en mieux mais un dernier problème subsistait : il s’éteignait encore assez souvent.

Ellsberg comprit que cela provenait probablement de la bulle d’air. Il termina sa mise au point en modifiant le trajet de la bulle d’air de manière à ce que son flux soit maintenant parallèle à la flamme et non plus transversale et apparemment la modification porta ses fruits car l’extinction inopinée du chalumeau diminua sensiblement.

Finalement après plusieurs semaines de mise au point laborieuse Jim réussit au cours d’un dernier test en mer à découper une grosse plaque de 4,2 m en 10 minutes, ça y est le chalumeau sous-marin était prêt juste à temps pour la reprise de travaux.

Photo n°31: Le scaphandrier J.R. Kelley avec le chalumeau Ellsberg (69)

HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

Grâce à son outil, les chalumistes allaient maintenant pouvoir enlever les divers éléments qui gênaient et réaliser le découpage des nombreux évents en partie bas du sous-marin qui devaient avoir pour but d’assurer l’évacuation de l’eau lors du gonflage des compartiments étanches.

Photo n° 32 : Les scaphandriers Francis Smith et Jim Frazer (70)

HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

Outre la mise au point du chalumeau sous-marin un autre outil fort intéressant pour les scaphandriers fut inventé sur ce chantier. En effet, pour relier les pontons entre eux, divers tunnels devaient être lancés sous l’épave du S-51. Malheureusement pour nos scaphandriers le terrain sur lequel reposait le sous-marin était constitué d’argile extrêmement dure et donc très difficile à percer. Les premiers furent réalisés à l’aide d’un flexible de 2,5’’ (Ø 65) équipé d’une lance à eau classique comme celle utilisée par les sapeurs-pompiers. Mais le problème, et cela chaque plongeur-scaphandrier le sait, c’est qu’avec ce système la pression d’utilisation ne pouvait pas être fort élevée car autrement il était impossible de tenir en place. Conséquence, le premier tunnel prit pratiquement 6 semaines pour être réalisé ce qui était évidemment beaucoup trop long. Un des marins US, le mécano Waldren eut alors une idée de génie et fabriqua pour les gars qui travaillaient au fond de l’eau, une tête de lance à eau qui en plus du gros trou central comportait également un peu plus en retrait cinq trous plus petits forés radialement ce qui allait avoir pour effet d’annuler la réaction de la lance mais aussi de d’augmenter la surface d’effritement dans l’argile. Grâce à cette invention le fonçage des tunnels pouvait maintenant se faire en plus ou moins deux jours.

Photo n° 33 : La lance réalisée par le mécano Waldren (71)

HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

Une première tentative de renflouement eut lieu le 22 juin mais à cause du mauvais temps l’équipe fut obliger à redescendre le tout sur le fond.

Photo n° 34 : Mise au clair par le scaphandrier Wickwire des flexibles et ouverture des vannes pour ré-immerger l’épave (72)

HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

Finalement, les travaux se terminèrent avec succès le 5 juillet 1926 et le sous-marin fut remorqué vers une des cales sèches de la marine.

Photo n° 35 : Remorquage du S-51 (73)

HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

Peu après son invention, la firme Craftsweld Equipment Corporation se mit à fabriquer le chalumeau d’Ellsberg et durant de nombreuses années en plus de la vente de ce chalumeau elle mis en même temps à disposition partout dans le monde des équipes complètes de scaphandriers découpeurs (74).

Photo n° 36 : Ier chalumeau découpeur sous-marin fabriqué par la firme Craftsweld (75)

HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

C’était d’ailleurs peut-être une telle équipe qui en 1937 avait battu un record de découpage lors de la construction du N.Y.C Marine Parkway Bridge. Sur ce chantier, les scaphandriers avaient réussi à découper à 9 mètres de profondeur pas moins de 2118 palplanches (14 batardeaux) en l’espace de 40 jours, soit une moyenne de pratiquement 53 palplanches / jour ce qui on le conçoit n’était pas mal (76).

Vu l’augmentation de ces marchés de travaux de découpage sous eau les divers autres constructeurs américains allaient également fabriquer leur torche de découpage en se basant sur ce qui a été conçu par le Cdt E. Ellsberg et donc contrairement à certains chalumeaux Européens (français et allemand) tous ces chalumeaux américains allaient rester fidèle à l’emploi de la mini cloche à air.

Figure n° 16 : Détail configuration chalumeau Américain (77)

HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

Photo n° 37 : Quelques modèles de chalumeaux Américains (78)

HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

Photo n°38: Chalumeau Airco (79)

HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

Photo n° 39: Chalumeau Monarch (80)

HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

Photo n° 40: Chalumeau Victor (81)

HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

Photo n° 41 : Chalumeau KG (82)

HISTOIRE DU DECOUPAGE SOUS EAU (partie 3)

Tous ces chalumeaux ont été intensément utilisés à Pearl Harbor et ailleurs pour le découpage des épaves gisant dans les ports mais apparemment les scaphandriers de l’US Navy n’en étaient pas pleinement satisfaits. Pour eux ils étaient non seulement mal adaptés aux travaux dans les épaves et parfois difficile à mettre en œuvre, mais surtout fort dangereux à utiliser à l’intérieur des épaves.

En effet, il faut se rappeler que tous ces chalumeaux (à l’exception du Picard) nécessitaient s’ils devaient être allumés sous eau un préréglage à froid et donc une partie plus ou moins importante de gaz imbrulé et hautement explosif s’échappait du chalumeau et pouvait se trouver piégée dans l’un ou l’autre espace clos.

Dès lors pour ce genre de travaux la Marine Américaine a commencé à remplacer le découpage oxyhydrique par le découpage à l’oxy-arc dès 1942.

Les scaphandriers des travaux publics ont eu continué à utiliser le chalumeau sous-marin jusqu’au milieu des années cinquante puis comme un peu partout dans le monde ceux-ci ont progressivement été remplacé par le découpage à l’arc.

Suite au déclin de ce type de découpage, la majorité des fabricants américains ont cessé leur production au cours des années 80.

A suivre : Les chalumeaux découpeurs anglais et autres.

Références:

(53) History of Industrial Gases par Ebbe Almqvist page 360

(54) Gas torch and thermit welding by E.Vial Mc Graw-Hill Book Company 1921 page 75

(55) Gas torch and thermit welding by E.Vial Mc Graw-Hill Book Company 1921 page 94

(56) Gas torch and thermit welding by E.Vial Mc Graw-Hill Book Company 1921 page 94

(57) http://www.pieds-lourds.com/Pages/pages.htm

(58) https://en.wikipedia.org/wiki/SS_Saint_Paul_(1895)

(59) http://www.maritimequest.com/daily_event_archive/2008/04_apr/photos/25_ss_st_paul.jpg

(60) Popular Mechanics Magazine sept. 1925 page 438

(61) http://historylink101.com/bw/Early_Scuba/slides/IMG_5585_s2a.jpg

(62) Popular Science dec. 1925 page 9 (63) Popular Science dec. 1925 page 11

(64) NAVY DEPARTMENT REPORT ON SALVAGE OPERATIONS SUBMARINE S-51 BY EDWARD ELLSBERG LIEUTENANT COMMANDER, CONSTRUCTION CORPS UNITED STATES NAVY SALVAGE OFFICER UNITED STATES GOVERNMENT PRINTING OFFICE WASHINGTON 1927 page 10

(65) Men under the sea by Rear Admiral Edward Ellsberg

(66) Popular Science June. 1926 page 18

(67) Popular Science June. 1926 page 18

(68) E.Ellsberg, of Westfield, New Jersey. Underwater Torch and method therefor. Application filed Dec. 20,1927. Serial n° 241.387

(69) http://www.ebay.ie/itm/HARD-HAT-DIVER-1929-DEEP-DIVING-BOOK-SALVAGE-RARE-/251782484564#viTabs_0

(70) NAVY DEPARTMENT REPORT ON SALVAGE OPERATIONS SUBMARINE S-51 BY EDWARD ELLSBERG LIEUTENANT COMMANDER, CONSTRUCTION CORPS UNITED STATES NAVY SALVAGE OFFICER UNITED STATES GOVERNMENT PRINTING OFFICE WASHINGTON 1927 page 15

(71) NAVY DEPARTMENT REPORT ON SALVAGE OPERATIONS SUBMARINE S-51 BY EDWARD ELLSBERG LIEUTENANT COMMANDER, CONSTRUCTION CORPS UNITED STATES NAVY SALVAGE OFFICER UNITED STATES GOVERNMENT PRINTING OFFICE WASHINGTON 1927 page 36

(72) NAVY DEPARTMENT REPORT ON SALVAGE OPERATIONS SUBMARINE S-51 BY EDWARD ELLSBERG LIEUTENANT COMMANDER, CONSTRUCTION CORPS UNITED STATES NAVY SALVAGE OFFICER UNITED STATES GOVERNMENT PRINTING OFFICE WASHINGTON 1927 page 50

(73) https://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/thumb/6/64/S-51_Salvage.jpg/300px-S-51_Salvage.jpg

(74) 20000Jobs Under the Sea A History of Diving and Underwater Engineering by T.R.Parker Sub-Sea Archives 1997 page 136

(75) http://seajunk.com/wp-content/uploads/2014/04/torch_1.jpg

(76) Engineering News Record, March 11, page 373-375

(77) The Professional Diver’s Handbook by John Bevan Submex 2005 page 118

(78) Underwater Work by Cayford Cornell Maritime Press 1966 page 112

(79) http://i.ebayimg.com/images/g/X54AAOSwVL1WBDMP/s-l300.jpg

(80) Ebay

(81) Ebay

(82) EBay

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